N’écoutez pas nos pontifes sur le 7ème art

icone Culture
Par Anh Khoi Do
mercredi 12 janvier 2011
N'écoutez pas nos pontifes sur le 7ème art
Piché, entre ciel et terre, l'un des films millionaires de 2010
Piché, entre ciel et terre, l'un des films millionaires de 2010

«Le cinéma québécois est en bonne santé ». «Nos films s’illustrent autant en salles que dans les festivals internationaux ». Visiblement, nos experts en cinéma ressassent toujours les mêmes blablas dithyrambiques au sujet de notre septième art. Suis-je le seul qui roule les yeux devant leur excès d’optimisme ?

N’en déplaise aux bonimenteurs, ce que vit notre cinéma est loin d’être rose !

Avant même que l’Observatoire de la culture et des communications du Québec (OCCQ) publie son étude sur 2010, qui arrivera l’automne prochain, des observateurs croient que les parts de marché de nos films risquent d’être à 9 %, soit 9,3 % de moins qu’en 2005. Pire, aucun expert n’a souligné ce problème évident : la dépendance du cinéma québécois envers ses films commerciaux.

Outre les supposément exigeants (mais excellents !) Incendies et Les 7 jours du Talion, les autres films millionnaires de 2010 sont destinés au grand public : Lance et compte, Le journal d’Aurélie Laflamme, Filière 13 et Piché : Entre ciel et terre.

Piché : entre ciel et terre, l'un des films millionnaires de 2010

Vous me direz que les blockbusters sont potentiellement plus rentables que le dernier film des réalisateurs Denis Côté, Xavier Dolan, Sophie Deraspe, Julie Hivon ou Catherine Martin. Comment le savez-vous ? Ces films ont des sorties limitées d’abord à Montréal, la région qui a consommé le moins les films québécois au cinéma l’an dernier, comme en témoignent leurs parts de marché local de 7 %, selon l’OCCQ. Si ces films marginaux sortent dans d’autres villes du Québec, le concept de miracle vient en tête.

Tant qu’à y penser, puisque la dernière étude de l’OCCQ montre que le reste du Québec est plus friand de cinéma québécois que les Montréalais, pourquoi tous nos films – quel que soit leur genre – ne bénéficient-ils pas d’une sortie générale ? Après tout, les responsables de programmation des cinémas en dehors de Montréal ne perdent rien à garder un film sur leurs é c r ans ne s e r a i t – c e qu’une semaine, même s’il n’atteint qu’un public restreint.

De plus, des films censés plaire à tous comme Pour toujours les Canadiens, Le poil de la bête ou même Grande ourse : La clé des possibles ont été des échecs que je n’ai pas besoin d’illustrer en chiffres par crainte de vous scandaliser. Même si ces films ont été projetés dans presque toutes les salles du Québec, ils ont mal paru au box-office.

 

Savez-vous que?

Dans son billet du 30 décembre 2010, le critique de films de La Presse, Marc-André Lussier, posait cette question sans réponse sur son blogue : «Combien de films produisent en moyenne des pays ne comptant que sept millions d’habitants de par le vaste monde ? Certainement pas autant [que le Québec]. » Et Hong Kong ? Alors que notre province a produit 33 films sortis en salle en 2009 selon l’OCCQ, l’ancienne colonie britannique, avec une population égale à celle du Québec, en a produit 16 de plus.

Nos experts prouvent que répéter des billevesées permet de les transformer en un axiome qui ne reflète pas précisément la réalité.