Muscler sa voix contre Parkinson

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Par Edouard Ampuy
lundi 15 février 2021
Muscler sa voix contre Parkinson
Si les ateliers ont commencé en tant que projet d’étude, les étudiantes ont l’intention de pérenniser l’aventure. Crédit : chris-montgomery-smgTvepind4-unsplash
Si les ateliers ont commencé en tant que projet d’étude, les étudiantes ont l’intention de pérenniser l’aventure. Crédit : chris-montgomery-smgTvepind4-unsplash

Du lundi au vendredi, une dizaine d’étudiantes de l’École d’orthophonie et d’audiologie de l’UdeM animent, par visioconférence, des ateliers de musculation de la voix auprès de personnes atteintes de la maladie de Parkinson. L’occasion de faire la promotion de l’orthophonie tout en créant des interactions sociales.

C’est à la demande de l’organisme Parkinson Québec, en avril 2020, que ces ateliers ont commencé à prendre forme. Les besoins étaient multiples, mais l’organisme souhaitait par-dessus tout trouver un moyen de briser l’isolement chez ses membres. Presque un an plus tard, 70 personnes assistent aux ateliers cinq jours par semaine, de 17 h 30 à 18 h.

La voix des personnes atteintes de la maladie de Parkinson est défaillante, car l’autocontrôle de l’intensité ne fonctionne plus bien, ce qui entraine des difficultés à articuler. Cela peut avoir pour conséquence d’affaiblir les muscles utilisés pour parler. « Pour certains, ce moment est le seul de la journée où ils parlent, explique la professeure adjointe à l’École d’orthophonie et d’audiologie de l’UdeM, Ingrid Verduyckt. On propose un espace pour pratiquer la parole en groupe, avec des activités de chant, de lecture ou de projection de la voix. »

Pendant 30 minutes, Camille d’Anjou, l’étudiante responsable de l’animation, propose des exercices de pratique de la voix aux participants. « Ce qui est reconnu dans la maladie de Parkinson, c’est que la voix s’affaiblit, car le contrôle moteur des articulateurs est moins bon, précise-t-elle. Donc on entraine la voix, car tant qu’on utilise quelque chose, on ne le perd pas. »

Créer un endroit sécuritaire

Pour certains participants, la communication avec leur famille ou leurs proches est devenue difficile. Les étudiantes ont à cœur d’offrir un endroit sécuritaire, ouvert, ou chacun peut s’exercer sans peur du jugement.

« On essaye de créer des espaces différents, qui ont le potentiel d’amener un changement pour ces personnes-là », affirme Mme Verduyckt. Les ateliers sont l’occasion pour les étudiantes de faire la promotion de l’orthophonie auprès des participants et de les orienter vers des ressources professionnelles, si les besoins sont présents. 

Non thérapeutique

La professeure tient à préciser que ces ateliers de musculation de la voix ne sont pas des thérapies, mais des activités communautaires. « Nos activités ont le potentiel d’être thérapeutiques et on a le témoignage de certains participants qui disent que leur voix s’est améliorée, mais on n’a pas encore étudié ça, et ça serait faux de dire que c’est une thérapie », assure Mme Verduyckt.

Les résultats se font néanmoins sentir. À la suite d’un sondage réalisé à la fin de l’été dernier, les participants ont fait part de leur approbation à l’équipe d’animation, la poussant à poursuivre ses activités. « Plusieurs personnes nous ont dit que leurs proches avaient remarqué des améliorations dans leur voix et dans leur communication », se réjouit Camille.

Un modèle d’entrepreneuriat social

Si les ateliers ont commencé en tant que projet d’étude, les étudiantes ont l’intention de pérenniser l’aventure. Elles participent au concours Innovinc de la RBC, en partenariat avec le Centre d’entrepreneuriat Poly-UdeM, dans le but de fonder un organisme à but non lucratif.

« Elles sont à la recherche d’un modèle d’entrepreneuriat social, qui pourrait permettre de continuer à offrir les séances virtuelles de pratique vocale quotidienne »,ajoute Mme Verduyckt.

L’équipe, actuellement composée de sept étudiantes, souhaite s’agrandir et recherche une dizaine d’étudiants supplémentaires. « C’est un projet qu’on projette sur le long terme, souligne l’étudiante Camille Rose. On veut s’élargir à d’autres clientèles, comme les enseignants ou les hôpitaux. »

Dans cette optique, les étudiantes aimeraient proposer ces ateliers à d’autres groupes de la population qui pourraient en bénéficier, comme les jeunes retraités actifs ou les personnes atteintes d’aphasie.