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Multiplateforme, tout horizon

50e ANNIVERSAIRE DU CERTIFICAT EN JOURNALISME À LA FEP

À l’aube de son 50e anniversaire, le certificat en journalisme de la Faculté de l’éducation permanente (FEP) a vu arriver une nouvelle mouture. À cette occasion, Quartier Libre fait la rencontre des finissant·e·s de la formation, qui exercent ce métier malgré vents et marées.

« Avec Internet, je ne suis plus en compétition contre La Presse ou Radio-Canada, je suis en compétition avec des vidéos de chats », exprime celui qui couvre les affaires judiciaires depuis maintenant 12 ans pour le Journal de Montréal. La diffusion de l’information a grandement changé depuis le début de sa carrière, après l’obtention de son diplôme en 2010. Exposé à un volume constant de contenu sur le Web, le lectorat accorde moins d’attention aux contenus médiatiques. « Le temps de lecture a chuté drastiquement, constate M. Nguyen. Il y a dix ans, il était en moyenne de neuf à dix minutes. Maintenant, c’est d’une à deux minutes. »

L’écriture doit donc captiver au plus vite les lecteur·rice·s et présenter l’humain au cœur de la nouvelle, un acquis du certificat que le journaliste nomme parmi les plus marquants. « Pour avoir une carrière, c’est important de rester humble », cite-t-il aussi, confirmant que le métier est un de techniques, mais aussi d’entregent.

« L’information est un bien essentiel, mais c’est le seul bien essentiel que personne n’est obligé de consommer », décrit M. Nguyen quant à l’éternel défi de la presse. L’heure est au journalisme multiplateforme, où un même reportage se décline sous forme écrite, radiophonique et télévisuelle, le tout sur les plateformes numériques, et parfois réalisé par une seule et même personne. M. Nguyen a choisi de mettre tous ses œufs dans le panier de l’écriture, ce qu’il ne recommande pas à la relève.

Si les médias traversent une mauvaise période en ce moment, il se tourne vers l’histoire du journalisme, telle qu’enseignée au certificat, pour se montrer optimiste. « Tous les journalismes sont encore là, alors qu’on disait que la télé allait tuer la radio et l’écrit, et que le Web allait tuer la télé », illustre-t-il.

Le blocus des nouvelles de médias canadiens sur les plateformes de Meta n’annonce pas tant le retour du papier que l’importance de revenir à la source, toutes plateformes confondues : allumer sa radio ou sa télé, aller à même les sites Internet et sur les applications des journaux.

Pour M. Nguyen, l’une des forces du certificat de la FEP réside aussi dans les profils des étudiant·e·s qu’il rassemble. « Tout le monde avait un background de vie, souligne-t-il. C’est une force, car les gens qui sortent du certificat sont plus matures. »

Cheminement

Michaël Nguyen a reçu la bourse Arthur-Prévost en 2012, pour récompenser le début de sa carrière.

Nguyen a choisi le métier pour poursuivre un rêve d’adolescence, après sa rencontre à l’âge de 14 ans avec le père d’une amie. « Elle se plaignait qu’il avait une telle obsession pour son métier que finalement, il avait divorcé », se souvient-il.

Il s’est longtemps cherché, après avoir titubé en gestion à l’Université McGill, pour ensuite effectuer une mineure en philosophie puis une autre en littérature française à l’UdeM. Cinq ans après le début de son parcours universitaire, alors âgé de 24 ans, il s’inscrit au certificat en journalisme de la FEP et renoue avec son rêve d’adolescent.

Son parcours l’a finalement servi de manière inattendue sur le terrain. Le journaliste judiciaire crédite sa formation en philosophie, qui lui permet de saisir le raisonnement des juges ainsi que celle en littérature, pour comprendre le style judiciaire des documents.

Annoncer à ses proches qu’il se lançait en journalisme, un métier peu réputé pour sa stabilité financière, a été un défi. « Je viens d’une famille vietnamienne de classe ouvrière, explique-t-il. Dire à mes parents que je rentrais en journalisme, quand mon frère et ma sœur sont médecins, eh bien ça prenait du caractère ! » Les réalités de classes sociales sont une « barrière solide » d’accès au journalisme, avance M. Nguyen.

Pour attirer des profils de plusieurs milieux économiques et culturels, « il faut montrer, dès l’école secondaire, que c’est viable de faire du journalisme », soutient-il. « Comment prétendre être la voix de la société, quand la salle de presse ne reflète pas sa composition ? », poursuit-il.

C’est un défi d’image, mais aussi une opportunité de faire émerger des sujets inédits de reportage. Toutefois, tout un chacun a sa place pour pouvoir comprendre et raconter des situations qu’il ne vit pas, précise M. Nguyen. « La base du journalisme, c’est être capable de parler de ce qu’on ne connaît pas », insiste le président de la FPJQ.

À noter : Quartier Libre a reçu une contribution financière de la Faculté de l’éducation permanente pour produire cet article.

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