Volume 20

Mouvement étudiant québécois: un modèle pour le Canada anglais?

Le «printemps érable » a fait des envieux parmi les militants étudiants du Canada, moins organisés que leurs confrères québécois .L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) a donc lancé une tournée pancanadienne pour partager les stratégies qui ont assuré son succès et peut-être faire des émules. La mobilisation passera-t-elle à l’Ouest ?

Ethan Cox, un journaliste militant qui a couvert le «printemps érable» pour le site d’actualité rabble.ca, a coanimé les conférences de la tournée de l’ASSÉ. Il considère que cette série de conférences, intitulée «Leçons de la grève», a réussi à jeter les bases d’une contestation plus large. «Nous avons rencontré plus de 1000 militants de partout au Canada, et nous avons établi des relations qui seront essentielles pour bâtir un mouvement contre l’austérité», souligne-t-il. Du 29 septembre au 5 octobre, cette tournée a mené l’ASSÉ de Toronto à Victoria en passant par London, Winnipeg, Regina, Saskatoon et Vancouver.

Devant un public qui variait de 50 à 300 personnes, M. Cox et des ex-membres du comité exécutif de l’ASSÉ, dont l’ancien porte-parole de la Coalition large de l’ASSÉ (CLASSE), Gabriel Nadeau-Dubois, ont raconté comment la grève a porté ses fruits .

Selon M. Cox, le débat a porté sur «la manière dont le mouvement a été construit au Québec, la philosophie de la gratuité scolaire, l’importance de la démocratie directe et l’effort nécessaire pour bâtir un mouvement de masse». Les organisateurs voulaient également corriger l’image qu’ils jugent fallacieuse donnée par les médias anglophones lors de la grève.

Une tournée pour mobiliser

Le président du Syndicat des étudiants de l’Université du Manitoba, Bilan Arte, a assisté à la Conférence de Winnipeg. Selon lui, les étudiants présents «semblaient particulièrement intéressés par la structure organisationnelle et les tactiques de la CLASSE». Un mouvement étudiant existe à Winnipeg, mais «nous avons été moins efficaces que les groupes québécois pour pousser nos membres à s’impliquer directement », admet-il. Il pense que les principes démocratiques prônés par l’ASSÉ peuvent aider à renforcer le mouvement. « La participation directe des membres renforce leur assimilation avec la campagne ou la lutte. Cela assure leur engagement et leur capacité à prendre en charge les décisions collectives », précise-t-il.

Des groupes étudiants militent contre la hausse des frais de scolarité et les réductions budgétaires à travers le Canada anglophone. Mais le professeur émérite de sociologie à l’Université Queen’s et spécialiste des protestations étudiantes et ouvrières, Vincent Mosco, estime que « sur dix étudiants, sept ou huit partagent ces préoccupations, mais une seule personne est vraiment impliquée».

La campagne de l’ASSÉ pourrait susciter une meilleure mobilisation, spécule M. Mosco, puisque la victoire de la grève étudiante au Québec « a démontré aux étudiants à travers le Canada que les mouvements de protestation peuvent avoir un impact». Il pense que les tactiques de l’ASSÉ pourraient trouver un écho en Ontario, où la mobilisation est relativement développée, si les réductions récentes dans l’éducation supérieure se poursuivent. Dans les provinces des Prairies, par contre, une meilleure situation économique empêche la contestation de se concrétiser, selon M. Mosco.

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