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Mon UdeM : encore des croûtes à manger?

Mon UdeM a été créé pour remplacer l’ancienne plateforme Mon portail, qui existait uniquement sous forme de site Internet avant l’automne 2020. La porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara, précise que l’objectif «était de rendre plus accessible au même endroit les différentes plateformes et différents systèmes qu’un étudiant a à utiliser durant ses études», le but étant d’«unifier et de rendre le portail plus convivial».

Ainsi, lorsqu’une personne ouvre la page Web Mon UdeM dans un navigateur, elle doit d’abord inscrire son code d’accès et son mot de passe. Elle accède ensuite au nouveau portail en ligne, lequel présente différents fils d’informations et répertorie les divers systèmes étudiants que sont StudiUM, la suite Outlook, le Centre étudiant et le Portfolio.

Mon UdeM a également été décliné en application mobile et les deux versions du portail ont été mises en ligne juste avant le début de la session d’automne 2020. L’idée de l’application mobile a été proposée par des groupes témoins composés d’une cinquantaine d’étudiant·e·s, qui ont été consultés lors des étapes de conception.

Le passage de la carte étudiante au numérique est aussi une nouveauté. Terminé, la carte en plastique. Si cette initiative avait pu être considérée comme verte au départ, «c’est vraiment la pandémie qui a changé la donne», précise Mme O’Meara. Alors que le lancement du portail était prévu à l’automne 2020, l’option de la carte virtuelle est apparue comme une nécessité, pour s’adapter au fait que les campus n’étaient pas accessibles pendant les confinements.

Accessibilité limitée?

Plusieurs problèmes avec l’application ont été évoqués par les étudiant·e·s, dont le fait qu’elle «ne s’ouvre pas». (Photomontage: Emmalie Ruest)

Pour financer ce projet Web et mobile, l’Université avait les ressources internes pour mener à terme ses différentes étapes. Le développement de Mon UdeM a ainsi été inclus dans les budgets annuels de l’Université de 2018 à 2020, et le projet a été piloté par le directeur des solutions d’affaires institutionnelles aux Technologies de l’information (TI), Martin Boucher.

Interrogée sur le montant précis alloué au développement de l’application, Mme O’Meara évoque des motifs de confidentialité pour éviter de dévoiler cette information, et ce même si l’UdeM n’a pas lancé d’appel d’offres pour le développement de cette application.

La porte-parole de l’UdeM reconnaît que l’application mobile Mon UdeM n’est pas parfaite. Elle explique que l’équipe responsable de son développement a dû notamment faire le choix difficile de ne pas la rendre accessible à tous les modèles de téléphones, «parce que soutenir et supporter tous ces appareils, ça a un coût».

LA CARTE VIRTUELLE AU CÉGEP ET À L’UNIVERSITÉ

L’UdeM n’est pas la seule université à offrir la carte étudiante sur le téléphone. Sur leurs sites Internet respectifs, l’Université Laval et l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) proposent la carte virtuelle, avec, en option, l’accès à la carte physique. À noter que l’UQTR exige des frais entre 6$ et 14,30$ aux étudiant·e·s qui font la demande d’une carte physique. Selon les témoignages d’étudiant·e·s de l’Université Concordia, de l’Université McGill, de HEC Montréal, de l’Université du Québec à Montréal et d’après les informations trouvées sur les sites Internet d’autres établissements, la majorité des universités québécoises n’offrent que la carte physique, avec parfois l’option d’en faire la demande en ligne. Au cégep, la carte virtuelle est proposée depuis 2016 pour les établissements qui utilisent le portail Omnivox, lequel est la première plateforme en éducation au Québec à l’offrir.

L’application mobile a ainsi été développée pour les appareils Android 5.0 et plus ainsi que pour des téléphones de marque Apple équipés d’iOS 11.0 et plus.

«Pour obtenir sa carte étudiante, il était précisé partout que je devais télécharger Mon UdeM, témoigne l’étudiante en deuxième année au baccalauréat en droit Marwa Sebbar. Il n’y avait pas l’option « demander ma carte physique », ce que j’ai trouvé un peu étrange.» Elle précise qu’elle n’avait, au départ, pas de téléphone compatible avec l’application.

L’étudiante explique ne pas avoir fait plus de démarches pour savoir si une autre option était proposée, parce qu’elle s’est finalement acheté un téléphone plus récent qui lui a donné accès à l’application. Elle s’est néanmoins inquiétée pour les étudiant·e·s n’ayant «pas les moyens d’avoir ces appareils aussi avancés».

Le numérique priorisé

Sur le site Internet des Services à la vie étudiante (SVE), dans la section portant sur la carte étudiante, aucune information n’indique clairement si obtenir une carte physique est possible. Quartier Libre constate que même le tableau intitulé «Remplacer la carte» ne mentionne que la carte virtuelle ou la carte à puce. Cette dernière est réservée aux personnes devant accéder à certains locaux du pavillon de la Faculté de l’aménagement, du campus MIL ou de la Faculté de médecine vétérinaire. 

Le tableau intitulé «Remplacer la carte» sur le SVE ne mentionne que la carte virtuelle ou la carte à puce.

 

Selon les informations présentes sur le site Internet, les étudiant·e·s qui n’ont pas accès à l’application sont invité·e·s à contacter le Bureau du registraire.

En revanche, Mme O’Meara spécifie que lors d’une procédure de demande de carte étudiante, «préciser dans la demande en ligne si on désire aussi recevoir la carte physique» est possible, et que, par la suite, la carte est envoyée par voie postale. «Depuis le début du trimestre, plus de 12 000 cartes physiques ont été envoyées par la poste», ajoute la porte-parole de l’UdeM.

L’étudiante en deuxième année à la maîtrise en sciences de l’éducation Elisa Mary confie avoir reçu la carte physique en cours de trimestre, sans se souvenir exactement des étapes pour se la procurer. «Je n’ai plus l’application sur mon téléphone, révèle-t-elle. Je l’ai utilisée peut-être deux semaines, un mois tout au plus, parce qu’on nous a conseillé de le faire.»

L’étudiante en première année au baccalauréat en psychologie Marie-Charlotte Beaulieu explique pour sa part utiliser uniquement l’application mobile Mon UdeM pour la carte étudiante, mais déclare posséder également une capture d’écran pour les journées où elle ne fonctionne pas bien

L’alternative

Antoine Frass est directeur des comptes et du développement chez Skytech Communications, une entreprise spécialisée en solutions numériques dans le milieu de l’éducation. Celle-ci est notamment derrière le portail Omnivox, service en ligne utilisé par plusieurs établissements d’enseignement supérieur. Ce portail permet aux étudiant·e·s d’accéder, entre autres, à leur horaire, à leur choix de cours, à leurs notes et à leur courriel institutionnel. Selon les données d’utilisation partagées par M. Frass, l’application mobile d’Omnivox serait cinq fois plus utilisée par les étudiant·e·s que le site Web.

Un grand nombre d’établissements québécois offrent la majorité de leurs services en ligne aux étudiant·e·s via ce portail. L’UdeM le propose aux étudiant·e·s, mais uniquement pour l’évaluation de l’enseignement. M. Frass explique que grâce à Omnivox, les utilisateurs·rice·s peuvent également commander la carte étudiante physique de leur établissement d’enseignement. Cette option n’existe pas sur le portail Mon UdeM.

Mauvaises notes

L’étudiante en deuxième année au baccalauréat en droit Marwa Sebbar (Crédit photos: Emmalie Ruest)

En date du 18 novembre 2022, Quartier Libre pouvait constater que Mon UdeM ne croulait pas sous les bonnes notes : 1,7/5 sur l’Apple store et 1,6/5 sur Google Play.

Les utilisateurs·rice·s mentionnent dans leurs avis que l’application arrête souvent de fonctionner, qu’elle «n’affiche pas la carte étudiante» ou qu’elle «ne s’ouvre pas». Certain·e·s sont également très critiques de ses fonctionnalités, jugeant l’application «inutile».

M. Frass précise que même si ces évaluations sont pratiques dans la collecte de données des développeurs, considérer que «les gens ont beaucoup plus d’attentes qu’avant» est important. «Il s’agit d’un défi pour des créateurs d’applications mobiles qui n’ont pas les mêmes ressources humaines et financières que les géants du Web», ajoute-t-il.

 

L’étudiante en première année au baccalauréat en psychologie Marie-Charlotte Beaulieu

Autres critiques

«Il y a beaucoup de bogues qui font qu’il y a des différences entre l’horaire sur l’application et l’horaire de StudiUM», déplore Marie-Charlotte Beaulieu au sujet du calendrier.

Marwa Sebbar, de son côté, décrit un horaire qui n’apparaît parfois pas du tout ou qui met du temps à apparaître. «Ce n’est pas une application, ce sont des liens qui te redirigent vers d’autres pages, regrette pour sa part Elisa Mary. Si l’application me donnait au moins accès à mes courriels, je l’aurais sûrement sur mon cellulaire.»

Mme O’Meara admet que les commentaires de ce style sont récurrents et confirme qu’ils seront «pris en considération quand viendra le temps de faire la phase deux du projet». Elle reconnaît aussi la frustration de certain·e·s utilisateurs·rice·s face aux problèmes non résolus de l’application.

L’étudiante en deuxième année à la maîtrise en sciences de l’éducation Elisa Mary

Également interrogée sur les changements à venir au niveau de celle-ci, la porte-parole de l’Université affirme que toute communication sur le sujet est prématurée.

Vers un système d’alerte?

Quartier Libre a par ailleurs voulu savoir si les TI avaient pour mandat d’intégrer un système d’alerte, comme celui sur l’application mobile Omnivox déclenché lors du confinement du cégep Saint-Jean-sur-Richelieu du 11 novembre dernier, à la suite d’une menace d’un tireur actif1. Un jeune homme et une mineure avaient été arrêtés après avoir provoqué la panique sur le campus du cégep, forçant les étudiant·e·s et le personnel à se barricader pendant plus de trois heures. «Le système d’urgence […] doit être intégré d’une autre façon pour permettre à toute la communauté de le recevoir, pas seulement à ceux qui ont téléchargé l’application», précise Mme O’Meara.

La porte-parole de l’UdeM n’a pas pu préciser quand aura lieu la prochaine mise à jour de Mon UdeM. «La fréquence doit suivre l’évolution des fabricants de téléphones, ce qui équivaut à minimalement une fois par année », estime M. Frass. En date du 22 novembre, l’application mobile indiquait que sa dernière mise à jour avait été effectuée le 11 décembre 2021.

M. Frass souligne aussi que la quantité de mises à jour ne garantit pas la performance d’une application. «Dépendamment des technologies utilisées par l’application mobile, il est également possible pour un fournisseur d’effectuer des correctifs et des mises à jour de l’application sans que cette donnée apparaisse dans les magasins d’applications», ajoute-t-il.

Appel à l’action

Bien consciente des différents problèmes liés à l’application mobile Mon UdeM, Mme O’Meara insiste sur le fait que les TI invitent le personnel et la communauté étudiante à faire état des bogues rencontrés à l’aide des outils mis à leur disposition. Elle annonce que laisser des commentaires et suggestions qui serviront à l’amélioration de l’application est possible.

CONTACTS ET INFORMATIONS UTILES

Un formulaire d’aide des TI est accessible en cherchant «ti», dans la barre de recherche du site Web de l’Université.

Pour plus d’informations, une foire aux questions incluant des forums de discussions est aussi accessible en cherchant «wiki».

Soutien technique téléphonique : 514 343-7288

Bureau du registraire (aussi accessible en ligne) : 514 343-7212

Adresse courriel pour les commentaires et suggestions : demande-monudem@listes.umontreal.ca

Des explications concernant le système d’urgence de l’UdeM sont offertes sur le site Web de l’Université, en cherchant «Urgence».

Numéro d’urgence : 514 343-7771

1- «Deux cégeps en confinement : Les enseignants n’étaient pas assez préparés, jugent les syndicats», La Presse, 3 novembre 2022.

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