Moins d’horticulteurs pour le jardin botanique ?

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Par Camille Feireisen
lundi 15 juin 2015
Moins d'horticulteurs pour le jardin botanique ?
Des cours ont été spécifiquement créés pour répondre aux besoins du Jardin botanique, notamment pour ses collections de bonzaïs. Crédit photo: Flickr/Asif A. Ali https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/legalcode
Des cours ont été spécifiquement créés pour répondre aux besoins du Jardin botanique, notamment pour ses collections de bonzaïs. Crédit photo: Flickr/Asif A. Ali https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/legalcode
Le ministère de l’Éducation supprimera, à la rentrée 2016, un programme d’études pour les apprentis horticulteurs, a appris Le Devoir. Les enseignants et étudiants de l’École des métiers de l’horticulture de Montréal s’inquiètent de cette décision et de ses répercussions parmi les professionnels du jardin botanique de Montréal.

« Peut-être qu’ils ne se rendent pas compte de son importance [du programme], explique l’enseignant Patrice Bouchard en entretien avec Le DevoirMais juste pour vous dire, à l’heure actuelle, la majorité des horticulteurs du jardin botanique ont suivi l’ASP [attestation de spécialisation professionnelle]. Nous sommes leur pépinière ! ». Le ministère de l’Éducation a décidé de suspendre le programme d’études Spécialités en horticulture dès la rentrée scolaire 2016.

 Créé dans les années 1980, ce programme permet aux étudiants de poursuivre leur formation en milieu urbain. L’École est la seule à offrir cette possibilité au Québec, en partenariat avec le jardin botanique de Montréal. Des cours ont même été créés pour répondre aux besoins précis de ce dernier, notamment pour ses collections de bonsaïs. Le programme, de 400 heures, permet également aux étudiants d’obtenir un diplôme de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) et de l’institution horticole.  

En novembre dernier, le directeur de la formation professionnelle du ministère de l’Éducation, Jean-Sébastien Drapeau, envoyait une lettre à l’ancien directeur général de la CSDM, Gilles Petitclerc, pour l’informer de cette décision. Selon la missive, « cette recommandation s’appuie sur le fait que ce programme d’études ne répond pas aux exigences de la réforme de la formation professionnelle, qu’il ne découle pas d’une étude formelle de besoins de main-d’œuvre et qu’il n’est pas élaboré par compétences ». Autre justification apportée par le ministère, « les objectifs atteints dans les modules [de l’ASP] sont couverts par le programme d’études préalable Horticulture et jardinerie (DEP 5288) ». Bien qu’il était au courant de cette décision depuis décembre, le conseil d’établissement n’a informé ses étudiants que la semaine dernière, selon Le Devoir.

Selon M. Bouchard, le ministère fait fausse route en annulant un programme qui répond à de réels besoins. « Il [le programme] fonctionne très bien et a un taux de placement de près de 100 %, précise-t-il au Devoir. Nous avons même de la difficulté à combler la demande, les étudiants devant souvent être sur une liste d’attente avant de pouvoir suivre les cours. »

Cette décision donne suite à plusieurs réductions des budgets alloués aux formations professionnelles et universitaires, appuyées par le ministre de l’Éducation François Blais. Dans sa lettre, M. Drapeau rappelle d’ores et déjà à la CSDM qu’en « conformité avec les règles budgétaires », l’établissement devra remettre son surplus d’équipements au ministère dès l’abolition du programme.