Le conseiller de ville du district de Snowdon à l’origine du Plan Santé adopté en décembre 2015*, Marvin Rotrand, assure que les nouveaux commerçants proposeront des produits abordables pour un budget étudiant. « Des marchands de fruits et légumes locaux seront encouragés à s’installer, en plus de potagers communautaires et de marchés locaux, tout en proposant des prix compétitifs », annonce-t-il. Les dépanneurs seront également incités à vendre des fruits et légumes frais, ce qui leur permettra de doubler la superficie de leurs locaux.
Les restaurants classiques pourront continuer à s’installer, à condition d’offrir un service aux tables et d’utiliser une vaisselle réutilisable, selon le conseiller politique de l’arrondissement, Étienne Brunet. Il précise cependant que les bas prix ne seront pas une condition à l’installation des nouveaux commerces. « Les élus n’auront pas le pouvoir d’agir sur les prix », affirme-t-il.
Peu de possibilités économiques
Un rapport d’enquête** remis à l’Hôtel de Ville indique pourtant que les chaînes de restauration rapide sont une option très populaire dans le quartier, le prix des aliments frais pouvant rendre les étudiants réticents. « Les fast-foods ont un aspect pratique et économique », lance l’étudiant au baccalauréat en design d’intérieur Théo Martin. Pour lui, manger sainement coûte plus cher et prend plus de temps.
La clientèle étudiante aura toujours accès aux restaurants rapides déjà présents puisqu’ils ne seront pas forcés de fermer leurs portes. « Il ne s’agit pas d’une abolition, mais d’une limitation », indique la médecin-résidente en santé publique et médecine préventive de l’UdeM, Marie-Ève Beauregard. Pour elle et les autres signataires de la lettre ouverte, il s’agit davantage de favoriser une alimentation plus saine. Étienne Brunet ajoute que l’objectif est également de limiter la tentation.
Sensibiliser les étudiants
« Les jeunes étudiants sont les premiers à demander activement aux élus d’agir sur le plan alimentaire, notamment par le biais de consultations publiques », affirme M. Brunet.
C’est le cas de l’étudiante au baccalauréat en enseignement primaire Sarah Deguire qui a déjà adopté des habitudes alimentaires plus saines et avantageuses, selon elle. « Je préfère préparer mes repas moi-même, c’est finalement plus économique, explique-t-elle. Je fréquente rarement les chaînes de restauration rapide. » De son point de vue, santé et économies sont conciliables.
Selon Marie-Ève Beauregard, l’UdeM peut devenir un acteur à part entière en restant à l’écoute des étudiants, afin de les aider à gérer leur budget et à préparer eux-mêmes leur repas tout en profitant de bons produits à proximité. « Il faut apprendre à reconnaître les bons gestes qui permettent d’économiser, indique le médecin. Connaître les fruits et légumes de saison, savoir à quel moment acheter tel ou tel produit est important. » C’est une éducation à long terme et des résultats visibles dans quelques mois, voire quelques années, qu’espèrent les élus et les professionnels de santé.
De son côté, l’association Restaurants Canada a lancé des poursuites contre la Ville de Montréal pour contester ce réglement qu’elle juge illégal.
* Les mesures proposées dans ce plan en neuf points visent notamment l’adoption d’un mode de vie physiquement actif (aménagement pour les vélos), une saine alimentation (limitation des fast-foods) et le droit à un environnement de qualité (réduire les déplacements de voiture).
** Rapport d’investigation de l’information nutritive disponible dans les franchises de restauration rapide, présenté à Mme Virginie Harvey, Hôtel de Ville de Montréal, par Pierre-Ariel Gahungu (18 juillet 2014).