La participation aux élections a baissé de près d’un quart depuis les années 1980 et ce sont surtout les jeunes qui se distinguent par leur absentéisme aux urnes. Seulement 36% des 18 à 24 ans ont voté lors des élections provinciales de 2008. Des associations se mobilisent pour lutter contre cette tendance à travers des initiatives mêlant discussions et humour.
Sensibiliser les jeunes à l’importance de voter : c’est le défi que se sont lancé des organismes communautaires afin que les jeunes se rendent en plus grand nombre aux urnes cette année. Pour les encourager à voter, l’association L’Apathie c’est plate a décidé d’interpeller les jeunes par le biais d’artistes établis. Pierre Lapointe ou encore Alexandre Poulin font la promotion de l’organisme en marge de leurs concerts et expliquent pourquoi voter est essentiel sur le site apathyisboring.com. « C’est une façon de rejoindre les jeunes dans leur milieu et de leur dire qu’ils peuvent avoir une voix », explique Ilona Dougherty, une des fondatrices. Pour amener les jeunes à comprendre l’importance d’exercer leur droit de vote, il est primordial de discuter avec eux. «Les candidats ne vont pas chercher les jeunes et ne leur demandent pas de voter, regrette Mme Dougherty. Or, ce qui fait une différence, c’est le contact direct entre eux et les élus.»
Des associations comme le Bureau de consultation jeunesse organisent donc des débats avec les candidats de certaines circonscriptions, pendant lesquels les jeunes peuvent leur exprimer leurs préoccupations en matière d’éducation, de logement ou encore d’accès au marché du travail.
Rire pour conscientiser
L’humour constitue également une stratégie pour convaincre les jeunes. Ainsi, le Forum jeunesse de l’île de Montréal diffuse sur internet, en collaboration avec le Directeur général des élections du Québec, des minifilms d’animation pleins d’autodérision avec la campagne Moi j’ vote et toi ? «Notre approche vise à dire aux jeunes que la politique n’a pas à être compliquée », explique Marie-Laure Landais, chargée de projet au Forum jeunesse. La participation de comédiens à des festivals ou encore la distribution de fausses contraventions lors d’événements culturels figurent également parmi les moyens humoristiques utilisés par le Forum pour éveiller la conscience politique des jeunes.
Un impact relatif
« C’est important de faire de l’éducation citoyenne, mais il n’y a pas de solution miracle», constate André Blais, professeur titulaire de science politique de l’UdeM et chercheur dans le domaine des élections. Il croit cependant que les campagnes positives pourraient avoir un léger impact sur le taux de participation.«Les approches plus humoristiques sont particulièrement intéressantes pour favoriser le vote des jeunes», affirme-t-il.
Le mouvement de contestation étudiante actuel pourrait-il changer la donne? Mme Dougherty ne veut pas se prononcer sur la portée qu’il aura aux élections. «Même si un jeune va manifester, on ne sait pas s’il va voter », estime-t-elle. « Les étudiants devraient davantage se rendre aux urnes, mais je ne pense pas que ce sera le cas pour les autres jeunes, considère M. Blais. Des tendances structurelles très fortes sont installées depuis longtemps et je ne crois pas à un renversement de la situation. » Malgré des résultats incertains, les organismes continuent de se mobiliser. Le Forum jeunesse de l’île de Montréal commencera sa campagne pour les élections municipales dès cet automne et le Bureau de consultation jeunesse organisera au printemps prochain un grand sommet où les jeunes présenteront des projets d’implication citoyenne.