Culture

Mieux comprendre Nietzsche

L’ouvrage Six préfaces, assez court, rassemble, comme son nom l’indique, six préfaces, écrites en seulement quelques mois par le philosophe Nietzsche. « Il fait ça en 1886, au sommet de sa carrière, informe Mme Béland. Il veut donner une visibilité à son œuvre. » Cette année-là, actif depuis une quinzaine d’années avec treize livres publiés, le philosophe se rend alors compte qu’il n’a pas de lecteurs. « Il décide d’écrire ces préfaces pour présenter au public ses livres qu’il considère comme les plus importants », précise-t-elle.

Celle qui est également professeure associée au Département de littératures et de langues du monde de l’UdeM explique avoir récupéré des traductions libres de droit pour des questions de simplification éditoriale et de budget restreint. « Comme les traductions dataient, dans certains cas, de plus de 100 ans, plusieurs étaient un peu “vieillottes” dans certaines terminologies », indique-t-elle.

Le livre existe déjà en italien et en allemand, mais est édité pour la première fois en langue française. « Je trouvais ça essentiel que ce soit présenté en français, parce que Nietzsche a vraiment pensé ces textes presque comme une œuvre, assure Mme Béland. C’est paradoxal, puisqu’on pourrait penser que ce sont des préfaces dont le but est de présenter le livre, mais en réalité, elles font beaucoup plus. Elles présentent l’auteur, son projet philosophique global, son expérience vécue de la philosophie. » D’après la professeure, Nietzsche lui-même a écrit, dans une lettre, qu’il estimait que ces préfaces constituaient sa meilleure prose.

Mme Béland se spécialise dans l’étude du célèbre philosophe allemand et elle estime qu’il se démarque par de nombreux aspects. « La langue philosophique est complètement différente, Nietzsche essaye de développer un nouveau langage, puisque l’objectif même de sa philosophie est différent », détaille-t-elle. L’utilisation courante de la métaphore fait également partie des aspects marquants de sa méthode. « Elle permet une multiplicité d’associations d’idées et une expérience incarnée des idées présentées, puisque la métaphore appelle l’imagination », poursuit la professeure. Elle prend pour exemple le thème assez commun, en philosophie, du caractère énigmatique du monde et pour lequel Nietzsche va plutôt employer des expressions métaphoriques comme le labyrinthe.   

Peu reconnu de son vivant, puis glorifié à titre posthume, le philosophe n’a pas eu de reconnaissance à son époque, car il n’avait pas suivi un cursus philosophique classique, mais avait plutôt un parcours d’autodidacte, selon Mme Béland.

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