Seule en scène, Geneviève St Louis, incarne Mérédith, célibataire endurcie. Dans la mise en scène de Jean-François Lapierre, le texte enjoué de Marie-Christine Lavallée exprime avec rythme et clins d’œil comiques les travers et les vices de cette jeune femme prisonnière des faux-semblants. La vie rangée de Mérédith se voit bouleversée un matin, alors qu’elle croit entendre sa toilette lui déclarer son amour. Durant toute la durée de la représentation, l’excellente interprétation de la comédienne amène le spectateur à s’attendrir, rire et finalement, s’identifier au personnage.
Loin de la suite de monologues annoncée, le spectacle raconte quelques jours de la vie de Mérédith. Ces moments l’amènent à aller au plus profond de sa solitude et à l’affronter. Le texte, jalonné de nombreuses références, dépeint avec brio les élucubrations intérieures de cette vielle fille qui rêve encore du prince charmant. Que Mérédith se trouve devant son miroir ou sur sa toilette, elle s’adresse au spectateur pour lui confier ses pensées. Même devant son patron ou ses collègues de travail, elle garde ses réflexions les plus intimes en aparté cocasses pour le public. En effet, à qui d’autre pourrait-elle confier son amour naissant pour sa toilette ?
Loin d’être décousue, cette comédie satirique garde sa pertinence en posant de nombreuses questions. Entre deux éclats de rire, le spectateur peut entrevoir le drame familier de la solitude. Mérédith ne peut reconnaitre en aucun homme un potentiel amoureux tant elle est habité par le mythe du prince charmant. Très exigeante envers elle-même, elle est prise par le jeu des apparences, ne parvenant pas à être elle-même lorsqu’elle le souhaiterait. Les moments savoureux du spectacle viennent de ce décalage entre ce qu’elle aimerait projeter, soit l’image d’une femme accomplie, cultivée et sociale, et ce qu’elle est, une femme maladroite dans ses propos et finalement peu sûre d’elle.
Mérédith est l’histoire d’un spectacle réussi, grâce à la rencontre entre une auteure inspirée et interprétation inspirante! La troupe du théâtre Tartare a réussi son pari de rendre avec humour le drame du célibat.
Par Sarah Maquet et Anne-Sophie Carpentier, photo Rose Normandin.
Mérédith est présenté à la Balustrade du Monument-National jusqu’au 16 avril.