Mat Vezio et ses fleurs cueillies

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Par Rose Carine Henriquez
jeudi 23 mars 2017
Mat Vezio et ses fleurs cueillies
Pochette d'album. Oeuvre de Simon Bilodeau. Conception graphique Sarah Marcotte-boislard.
Pochette d'album. Oeuvre de Simon Bilodeau. Conception graphique Sarah Marcotte-boislard.
Le 17 mars dernier, l’auteur-compositeur-interprète Mat Vezio lançait son premier long jeu. C’est comme sauter d’un pont sans élastique. Le jeune artiste pénètre dans un nouveau territoire avec « Avant la mort des fleurs cueillies » qui annonce bien sa couleur.

Pour ceux qui ont assisté au concert d’Antoine Corriveau le 11 février dernier au Centre Phi, le visage et le son de Mat Vezio ne leur seront pas étrangers. Toutefois, il est difficile de se faire une idée avec seulement quelques chansons, des choristes en kimono – malgré leurs voix incroyables – et un chanteur qui pratique l’autodérision. Avant la mort des fleurs cueillies, titre d’un livre que Vezio aurait écrit un jour, dit-il en entrevue, renvoie au délai accordé à la fleur coupée selon lui. Un entre-deux où tout peut arriver.

Cet album sonne justement un peu comme un entre-deux, vacillant entre quelque chose qui tend vers le sublime et une sensation de retenue. Il faut accorder à Vezio le fait que cette première aventure solo traverse une variété de couches sonores et que l’artiste sait manier le verbe. La fausse douceur caustique de « La mort est une comédienne qui vous ignore » l’illustre à merveille avec un arrangement de cordes de Marianne Houle, la violoncelliste d’Antoine Corriveau, qui signe d’ailleurs la réalisation de l’album.

Des chansons qui marquent, il y en a. Des compositions poétiques aux mélodies qui accrochent. On pense à « Fukushima », « Les files d’attente », « Ce jour-là » et « Les appeaux », accompagné de la talentueuse Laura Savage. Elles restent dans la tête longtemps après l’écoute. Pourtant, il y en a d’autres qui semblent avoir du mal à venir chercher la fibre émotive en nous, malgré des paroles à la prose toujours maîtrisée et imagée.

Les douze titres présentent tout de même une belle unité et une sombre élégance qui font vite oublier l’inégalité et voir des artistes prenant encore le risque de faire de longues créations. Combien d’heures passe-t-on pour écouter un nouvel album ? Très peu.