Martin Léon, all in

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Par Didier Charette
mardi 29 novembre 2011
Martin Léon, all in
Martin Léon s'apprête à fonder un parti politique. (Crédit photo : Didier Charette)
Martin Léon s'apprête à fonder un parti politique. (Crédit photo : Didier Charette)

Auteur-compositeur-interprète connu pour sa poésie riche et ses arrangements éclatés, Martin Léon a publié sur sa page Facebook le 12 novembre dernier, une lettre de soutien aux étudiants québécois pour les encourager à manifester contre la hausse des frais de scolarité. Ne reculant devant rien, l’artiste serait même sur le point de lancer officiellement un parti politique : l’Alliance et solidarité entre générations (l’ASEG). Rencontre avec un poète sorti de son atelier pour éveiller les consciences.

Martin Léon s'apprête à fonder un parti politique. (Crédit photo : Didier Charette)

Dans un salon de thé du Plateau-Mont- Royal, Martin Léon parle de grands projets. Pas encore assis, il est déjà dans le vif du sujet : «Ça faisait longtemps que la situation des étudiants me prenait le coeur, mais je n’avais pas une idée fixe de ce que je voulais dire», lance-t-il. Dégoûté par le regard et le ton condescendants de son premier ministre à la télévision, il a senti le besoin d’écrire une lettre aux étudiants. «Jean Charest s’adresse aux jeunes avec fermeté… et fermeture», rappelle-t-il.

Prêt à tout, le bachelier en musique a commencé les démarches pour fonder un nouveau parti politique. À 45 ans, Martin Léon se dit bien placé au milieu des générations pour les unir, avec une main à gauche tendue pour les jeunes et une main à droite pour les plus vieux. Loin de vouloir devenir premier ministre, l’homme se considère plus comme un lanceur de nouvelles idées.

Le nom du parti, l’ASEG, renvoie à une idée d’équité entre les générations. «Ce n’est pas normal que la majorité de ceux qui dirigent présentement la société ait eu l’éducation gratuite et veuille maintenant augmenter les frais de scolarité, expose-t-il. Ils se tirent dans le pied. Pour faire un peuple fort, les frais ne devraient plus jamais être augmentés pour au moins deux décennies. On devrait même les réduire progressivement pour faire de ce territoire un exemple mondial.»

Idées concrètes

Avec son parti, celui qui a participé à l’hommage à Gaston Miron, 12 hommes rapaillés, veut mettre fin à la vieille idée selon laquelle le plus important est de régler la dette publique.

«Il faut aller chercher l’argent là où il est, affirme-t-il. Il faudrait, entre autres, instaurer une taxe pollueur-payeur. Quelqu’un qui, par exemple, a deux 4×4 et fait deux voyages en avion par année a une empreinte écologique très élevée et devrait donc payer plus que celui qui est à vélo.» Il nuance ses propos en affirmant que les jeunes ont également du travail à faire du côté de la consommation abusive.

Selon l’artiste, les mots, la musique, la sensibilité à l’environnement, la culture et la science permettent aux citoyens d’être solidaires. «Si l’on coupe là-dedans, on se trouve à encourager l’individualisme et à séparer les gens», rajoute-t-il.

Tous seuls, ensemble

Après avoir envoyé sa lettre à tous ses contacts, Martin Léon déplore n’avoir reçu que peu de réactions de la part du milieu artistique. Seuls le réalisateur Philippe Falardeau, l’explorateur Jean Lemire et les musiciens Richard Séguin et Daniel Boucher lui auraient manifesté leur appui. «Les autres ne l’ont peut-être pas reçue», affirme-t-il, en rigolant.

Sans équipe stable, Martin vient tout juste de recevoir les documents officiels au sujet de l’assermentation de son parti. Et même s’il ne veut pas nécessairement détenir le pouvoir politique, le chanteur détient le pouvoir des mots. En 2012, il compte partir en tournée partout au Québec avec les chansons de son album Les Atomes, paru il y a un an. La campagne électorale provinciale n’est peut-être pas encore commencée, mais Martin fera voyager ses idées, l’esprit libre.

Extraits de la lettre aux étudiants

Amis (es) étudiants (tes), je vous envoie un petit mot d’encouragement : NE LÂCHEZ PAS, MAINTENEZ VOS IDÉES. La plus grande majorité de ceux et de celles qui veulent encore augmenter les frais de scolarité ont reçu, eux, l’éducation gratuite, et ont payé moins de 80 000 $ les triplex dans lesquels vous vivez, et où l’on vous loue… des appartements à des prix hors de vos moyens. Ceux et celles qui veulent encore augmenter les frais de scolarité connaissent très mal la société dans laquelle nous vivons, et surtout, n’ont aucune idée de ce que vous vivez, vous, au quotidien.

DITES-LE. Vous êtes la future génération d’hommes et de femmes du Québec. C’est vous, et vous seuls, qui savez ce dont vous avez besoin, et dans quel monde vous voulez vivre.

[…]

Je me joins à tous ceux et à toutes celles qui constatent une fois de plus à quel point ce gouvernement brille par son manque d’information concernant les moeurs des jeunes québécois et québécoises. C’est à penser qu’aucune personne de moins de 30 ou de 40 ans n’est consultée avant les prises de décisions de ce gouvernement.

Honte à vous, M. Charest; un jour vous serez gêné de penser que vous avez déjà été premier ministre du Québec.

Dommage, car c’est là enfin que les jeunes trouveront votre réflexion juste et lucide.

Je suis avec vous, mes amis, étudiants. ne reculez pas ; c’est vous qui avez raison.

Unissez-vous.