Le nouveau premier ministre du Canada, Mark Carney, a signé un décret mettant fin à la taxe carbone quelques heures après son assermentation, le 14 mars dernier, qui entrera en vigueur dès le 1er avril prochain. La fin de la taxe carbone s’applique aux contribuables, mais pas aux entreprises, qui, elles, devront continuer à la payer.
« La taxe carbone pour les consommateurs ne fonctionne pas, a écrit M. Carney vendredi dernier sur son compte social X (anciennement Twitter) après avoir signé le décret. Elle divise trop à un moment où le Canada a besoin d’être uni. »
Une source de division pour les Canadien·ne·s
La taxe carbone, qui a vu le jour en 2019 sous le gouvernement de Justin Trudeau, visait à lutter contre les changements climatiques. Elle avait pour but de décourager les contribuables de s’adonner à des pratiques polluantes et s’appliquait notamment à l’essence.
La taxe carbone ne s’appliquait toutefois pas au Québec, qui dispose de son propre système de tarification du carbone, mais elle était en vigueur dans plusieurs provinces, parmi lesquelles l’Ontario, la Colombie-Britannique et la Saskatchewan.
Dans un contexte économique inflationniste, plusieurs personnes ont remis en question la pertinence de la taxe carbone. En novembre 2023, le sondage mené par l’Institut Angus Reid avait indiqué une baisse de l’appui de la population canadienne vis-à-vis de la mesure. Près de la moitié des Canadien·ne·s (42 %) voulaient alors l’abolir en raison de la hausse du coût de la vie. Au même moment, les analystes de l’Institut avaient constaté un changement dans les priorités de la population : l’environnement n’en était plus une.
Pour le professeur d’économie à l’Université Laval Stephen Gordon, la taxe fédérale sur le carbone, bien que peu populaire auprès des Canadien·ne·s, était néanmoins la solution pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière moins coûteuse et plus efficace.
« C’était prévisible, mais c’est toujours déplorable », a déclaré M. Gordon au micro de Radio-Canada le 15 mars dernier en réponse à la décision du premier ministre. Pour lui et pour 164 économistes, professeur·e·s et directeur·rice·s de département dans les principales universités du pays, qui avaient cosigné une lettre ouverte en mars 2024 en faveur de la taxe carbone, cette décision est un pas en arrière en matière d’environnement.
Les solutions de M. Carney
Depuis le début de sa campagne à la chefferie du parti libéral, M. Carney promet de remplacer la taxe carbone par des mesures incitatives afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le premier ministre affirme vouloir favoriser les programmes incitatifs tels que la subvention à l’achat de véhicules électriques, une solution à la lutte contre les changements climatiques qu’il juge être plus efficace et favorable pour les consommateur·rice·s.
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