Le parcours du diplômé en arts visuels à l’UQAM Manuel Mathieu est divisé entre Haïti, sa terre natale, et Montréal, sa terre d’adoption. Il présente sa première exposition professionnelle au centre Montréal, arts interculturels (MAI) depuis le 29 mars. Rencontre avec un artiste multidisciplinaire en quête de nouveauté depuis son adolescence.
La nouvelle exposition du peintre, vidéaste et photographe Manuel Mathieu est faite sur mesure pour les murs du MAI. Elle s’intitule Prémices / Open-Ended et est composée de grands tableaux de sept sur neuf pieds qui permettent au spectateur d’entrer et de sortir des toiles. L’installation montre une série de visages et paysages déconstruits et colorés traversés par des lignes droites et nettes.
Le titre de l’exposition révèle «le commencement de quelque chose de nouveau», raconte Manuel Mathieu, rencontré au Presse Café coin Saint- Hubert et Sainte-Catherine, à Montréal. «C’est le début d’une exploration. La possibilité de montrer mon travail de manière professionnelle dans la communauté artistique québécoise. »
Né en 1986 à Port-au-Prince, Manuel Mathieu est introduit à l’art vers 17 ans par le cousin de son père, Mario, qui était lui-même peintre. Il lui conseillait de voyager, d’aller voir l’inconnu afin de développer sa vision artistique. « Mario m’a ouvert les yeux, raconte-t-il. Il m’a permis de côtoyer une liberté qui se réalisait en images.»
Il transforme, chez ses parents, sa propre chambre en oeuvre d’art qu’il nomme Sistine Chapel. Il demande alors à ses connaissances d’en signer les murs avec toute la liberté du monde. « J’aimais le fait que la chambre prenne une forme qui m’échappe», explique-t-il. C’est donc l’idée de créer une oeuvre d’art vivante qui deviendrait ce qu’elle deviendrait sans y exercer un contrôle.
En terre québécoise
Il déménage en 2006 à Montréal, où il obtient un certificat en marketing à HEC Montréal. Choix surprenant, mais pas illogique, selon l’artiste qui aime la découverte de l’inconnu. Il s’inscrit au baccalauréat en arts visuels et médiatiques à l’UQAM. Il rencontrera en 2010 son ami et mentor, Emmanuel Galland – commissaire de l’actuelle exposition. Il lui fera découvrir le monde plus professionnel de l’art, le métier derrière la passion. Manuel Mathieu produit en parallèle l’oeuvre d’art Act of God, tableau minimaliste sur le séisme qui a frappé Haïti en 2010, et Happy People, série de tableaux colorés et vivants où étaient représentés des personnages difformes aux sourires éclatés.
Pour son exposition en cours, le thème de la transformation est omniprésent. « L’exposition suggère une atmosphère d’après catastrophe et de réinvention où des personnages en mutation évoluent dans un passage guidé vers le renouveau», peut-on lire dans le communiqué de presse de l’événement.
«Je n’ai pas encore compris l’ampleur de tout ce que je veux dire et faire, poursuit-il. C’est ce que je suis en train de découvrir en m’ouvrant à certaines réflexions, à certaines possibilités et à certaines collaborations qui me permettent de m’épanouir en tant qu’artiste et en tant que personne.»
Sorti de l’université, Manuel Mathieu ne fait que commencer son voyage. Le jeune artiste veut expérimenter la sculpture, sortir un catalogue cet été avec le soutien du MAI et planifier une exposition à Paris pour décembre prochain.
Montréal, arts interculturels (MAI) du 29 mars au 5 mai 2012 3680, rue Jeanne-Mance, bureau 103
Photos : Manuel Mathieu (crédit : Pascal Dumont)