Campus

Des milliers d’étudiants ont manifesté le 27 septembre dernier pour dénoncer l’inaction des dirigeants politiques en matière de lutte contre les changements climatiques.

Manifester sans risque

«Il y a beaucoup de gens très impliqués parmi les étudiants, explique la secrétaire en communication de l’Association étudiante d’anthropologie de l’UdeM (AÉAUM) et coorganisatrice de l’atelier, Éléonore Guy. C’est notre rôle, en tant qu’association étudiante, de les épauler et les outiller pour qu’ils puissent manifester. »

C’est important de connaître ses droits face aux policiers […] si on choisit de s’impliquer dans des actions pouvant mener à des arrestations. » Solène Membre du regroupement Extinction Rebellion UdeM

Organisé en collaboration avec les associations étudiantes d’anthropologie et de service social de l’UdeM, l’atelier s’est inscrit dans le cadre de l’initiative Pour réveiller les mobs, qui a eu lieu du 27 janvier au 7 février derniers dans les différents cégeps et universités de Montréal (voir encadré). « C’est vraiment pertinent de permettre aux étudiants de se renseigner sur la façon de manifester en sécurité en tant qu’association étudiante, de donner une plateforme où les activistes peuvent partager leur savoir sur la sécurité en manifestation », ajoute Éléonore.

Connaître les risques

L’un des membres du comité organisateur de Pour réveiller les mobs, Samuel*, précise que cette tournée des établissements s’articule autour de trois axes principaux : pratique, historique et enjeux actuels. « L’atelier sur la santé et la sécurité en manifestation est né de considérations plus pratiques, comme sur la façon de faire pour ne pas s’épuiser ou pour éviter les violences physiques et psychologiques », précise-t-il.

Cette séance informe notamment les étudiants des différents risques qui peuvent surgir lors d’un rassemblement. « Plus il y a de manifestants qui savent comment réagir aux situations risquées, par exemple en maîtrisant des bases de premiers soins, plus ils seront en sécurité », affirme Samuel.

Trois membres du regroupement d’Extinction Rebellion de l’UdeM, Solène*, Laurence* et Geneviève*, insistent également sur l’importance de se renseigner avant de participer à un évènement de désobéissance civile. « Pour s’assurer de rester en sécurité, il faut connaître les organismes qui coordonnent et participent à l’évènement », détaille Solène.

Laurence estime qu’il est important de s’imposer des limites avant de se rendre sur le lieu d’un regroupement. « Sinon, la pression du groupe peut nous pousser à faire des actions avec lesquelles on ne serait pas à l’aise en temps normal, explique-t-elle. Il faut se rappeler que personne ne va nous juger, tout le monde a ses propres limites. Par exemple, un étudiant étranger ne peut pas se permettre de se faire arrêter. »

La santé mentale

L’atelier porte aussi sur les préjudices que les manifestations peuvent causer sur la santé mentale. « J’ai vu beaucoup de gens traumatisés par des charges antiémeutes, on peut vraiment subir de la violence psychologique », déclare Samuel.

Pour Geneviève, la meilleure façon de lutter contre les abus psychologiques est de faire partie d’une communauté. « Pour moi, faire partie d’une organisation qui tient à ses membres est très encourageant, mentionne-t-elle. Sans ça, il n’y a pas de lutte. » D’après l’étudiante, manifester avec une organisation est plus sécuritaire et rassurant. C’est également le cas de Solène, pour qui participer en groupe aux évènements permet de retrouver des personnes qui partagent les mêmes anxiétés.

Connaître ses droits

D’après Éléonore, connaître ses droits et savoir dans quel mouvement les jeunes s’impliquent est primordial. Les interrogatoires lors des arrestations policières peuvent également constituer une source de détresse. « C’est important de connaître ses droits face aux policiers, insiste-t-elle. Si on se fait arrêter, ils vont nous mitrailler de questions pour nous faire craquer. Il faut y être prêt, si on choisit de s’impliquer dans des actions pouvant mener à des arrestations. »

* Ces personnes n’ont pas souhaité divulguer leur nom de famille pour assurer leur sécurité.

7

Partager cet article