Make Kanye Great Again

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Par Thomas Martin
jeudi 4 octobre 2018
Make Kanye Great Again
Le collectif rap Alaclair Ensemble a donné le coup d'envoi des Francofolies de Montréal cette année. (Crédit photo : Exile on Ontario St)
Le collectif rap Alaclair Ensemble a donné le coup d'envoi des Francofolies de Montréal cette année. (Crédit photo : Exile on Ontario St)

Le rap est partout. Et nulle part à la fois. En fait, ça dépend de quel côté on se place.

Il est intéressant de voir le contraste existant entre la présence de ce genre musical sur les réseaux sociaux et sa visibilité dans les médias traditionnels (voir page 15). Les rappeurs comme Drake ou Nicki Minaj comptent plus de 50 millions d’abonnés sur Instagram. Kanye West fait la pluie et le beau temps sur Twitter (et la météo est plutôt sombre actuellement).

Le traitement des médias généralistes ressemble plus à celui d’un grand frère qui regarde le petit dernier grandir, avec un air amusé et de loin, sans se rendre vraiment compte qu’il est déjà un homme.

Le tableau n’est pas si noir que ça si on regarde les derniers mois au Québec. Les Francofolies de Montréal ont donné une place importante aux artistes venant de la scène rap avec des concerts sur la scène Bell, réservée aux grands évènements, du collectif Alaclair Ensemble ou la réunion d’artistes influents autour du projet Rapkeb Allstarz. Ils étaient plus d’une dizaine sur les scènes gratuites cette année.

Loud, la nouveau pépite montréalaise a même vu son titre Toutes les femmes savent danser passer sur les ondes de CKOI. Il a d’ailleurs confessé sur le plateau de Tout le monde en parle avoir écrit la chanson dans l’espoir de la rendre «passable» en radio.

Ne serait-ce pas brimer la créativité sur l’autel de la normalisation?

Loud ne semblait pas trop frustré par cette démarche artistique qu’il assume complètement. Parce qu’au fond, il le sait lui aussi et il le dit. La radio a de la concurrence et le streaming gagne en importance. Il a même déjà remplacé la radio dans le cœur des jeunes*.

Nouveaux paradigmes

Les mentalités évoluent et les habitudes changent. C’est notamment le cas des habitudes de consommation.

L’UdeM l’a compris. Le compost a fait son apparition et les pailles ont été bannies du campus (p.10). Des gestes simples et peu contraignants. De là à y voir une révolution dans le traitement des déchets et une réduction drastique de l’empreinte écologique du campus, c’est encore un peu tôt…

Certaines tendances que l’on pensait passagères semblent s’ancrer dans les mentalités. Des sportifs prennent goût aux régimes alimentaires spéciaux (p.14) sans que cela n’altère leurs performances.

Des influences asiatiques arrivent et nous poussent à revoir notre façon de présenter l’information (p.16) et de nous soigner au contact des arbres (p.14).

Une question de point de vue

Attention néanmoins à ne pas trop en faire. Vous pourriez offenser certaines personnes. Je n’ai rien contre le concept d’appropriation culturelle. Certaines personnes essaient simplement de combattre la culture impérialiste qui cherche à s’accaparer les codes qu’elle ne maîtrise pas.

Il faut faire attention à ne pas tomber dans l’excès inverse et parfois pardonner la maladresse de certains gestes sans y voir une quelconque manigance.

Savoir faire la part des choses est important. Dans la vraie vie comme sur les réseaux.

* Le journal de Montréal, «La radio toujours numéro 1 au Canada devant la musique en continu», 11 mai 2017