L’avènement et la démocratisation de l’intelligence artificielle (I.A.) au cours des dernières années ont suscité de nombreux débats au sein de la communauté universitaire québécoise. Ce raisonnement artificiel, principalement alimenté grâce au contenu créé par les internautes, pourrait changer le processus d’apprentissage. Sans surprise, l’enjeu est de taille. Mais qu’en est-il de l’expérience des étudiant·e·s de l’UdeM ? Quartier Libre est allé à leur rencontre afin de savoir comment et pourquoi ils ou elles utilisent l’I.A. à l’école, au travail ou dans leur vie personnelle.
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Étudiant au DESS en journalisme
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Étudiante de deuxième année au baccalauréat en communication et politique
« Dans le cadre scolaire, j’utilise l’I.A. avec prudence. Je m’en sers comme un outil pour m’aider à structurer mes idées, mais jamais pour rédiger à ma place, par crainte qu’elle m’induise de nouveaux biais. Mon travail est très lié à l’I.A., car je pratique la rédactique 1, ou ingénierie de requêtes. Elle m’aide à concevoir des projets ou des structures, mais sans jamais remplacer mes propres réflexions. Il m’arrive même de l’utiliser pour m’aider à formuler des requêtes pour une autre I.A. Dans ma vie personnelle, je l’ai déjà utilisée pour me préparer pour des entrevues ou pour faire de la recherche documentaire lorsque je ne suis pas à l’aise avec un sujet. »
« J’aime bien l’utiliser en mode soutien à mon cerveau ! C’est souvent pour m’aider en me donnant des idées, pour engager une réflexion, par exemple. Quand j’ai des travaux à faire, des sujets de recherche à trouver, l’I.A. m’accompagne au fil de ma réflexion pour m’aider à déterminer sur quoi travailler. Elle me permet d’avoir accès à des trucs auxquels je n’aurais pas nécessairement pensé. Autrement, je l’utilise souvent pour trouver des synonymes. Maintenant, j’ai le réflexe d’aller sur ChatGPT plutôt que sur Google pour poser mes questions. Je sais que mon interrogation sera mieux comprise et que j’aurai une réponse plus précise. »
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Étudiante au DESS en journalisme
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Étudiant au DESS en création et technologie
« Dans ma vie privée, je ne l’utilise absolument jamais. À l’école, c’est extrêmement rare que je m’en serve directement, en allant sur ChatGPT, par exemple. Cependant, ça peut arriver que je l’utilise de façon indirecte quand, par exemple, j’utilise DeepL Translate. Étant donné que je n’ai pas grandi avec l’I.A., je n’ai tout simplement pas pris l’habitude de l’utiliser. J’ai déjà des méthodes bien en place, comme les recherches Google, qui répondent à mes besoins. Je trouve l’utilisation de l’I.A. un peu inquiétante, notamment dans le domaine universitaire et le monde de la recherche. Je n’ai donc pas particulièrement envie de participer à son expansion. »
« Dans le cadre universitaire, j’utilise énormément l’I.A., notamment en programmation [informatique]. J’ai été chargé de cours en production Web et en introduction à l’audiovisuel, et dans ce contexte, je trouve que c’est un excellent outil pédagogique. Elle permet d’expliquer beaucoup de choses, comme des concepts complexes, et de repérer rapidement des erreurs. En dehors de la programmation, l’I.A. m’accompagne dans mes recherches et m’aide à structurer mes réflexions, un peu comme des esquisses en création visuelle. Elle aide à mon inspiration et révèle des idées auxquelles je n’aurais pas nécessairement pensé. Dans ma vie personnelle, elle simplifie des tâches répétitives, notamment administratives. Par exemple, cet été, elle m’a fait gagner un temps fou en facilitant la rédaction de devis. »
1. Selon l’Office québécois de la langue française (OQLF), la rédactique (prompt engineering) est l’ensemble des techniques de rédaction orientées vers la formulation précise de requêtes envoyées à un système d’intelligence artificielle, en particulier à un grand modèle de langage, en vue d’en améliorer le fonctionnement ou d’en exploiter efficacement les capacités pour obtenir des résultats plus pertinents.