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(Photo: Pixabay.com

L’urgence de repenser les sciences humaines

Au Québec, cette tendance est particulièrement manifeste aux études collégiales, les inscriptions au DEC en Sciences humaines étant à la baisse depuis 2012. En 2017, elles ont chuté de 3,6 %. Dans les Maritimes, depuis 10 ans, on assiste à une diminution de 45 % du nombre d’étudiants inscrits dans ces programmes. Aux États-Unis, cette baisse était de 8,7 % de 2012 à 2014, tombant au plus petit nombre des diplômes attribués depuis 2003. La situation est telle que le président des États-Unis, Donald Trump, proposait en mars 2017 d’éliminer les dotations en arts et en sciences humaines à l’ensemble du pays. 

Une vision utilitaire de l’éducation 

De nombreuses raisons peuvent expliquer un tel déclin des sciences humaines. Une première serait le climat économique instable depuis plusieurs années, expliquant, au passage, pourquoi un plus grand nombre d’étudiants se tournent désormais vers les programmes d’entreprise. Aux États-Unis, par exemple, un étudiant sur cinq est inscrit dans un programme relié aux affaires économiques. À ce climat se rajoute d’importantes coupes budgétaires en éducation qui touchent, pour la plupart, des domaines reliés directement aux recherches fondamentales et donc, aux sciences humaines. 

Une raison plus insidieuse concernerait la valeur même des programmes en sciences humaines, victimes de nombreux préjugés au fil des années, opposant sciences « molles » et sciences « dures » sur une échelle reliée à l’utilité. Le mythe est tel qu’en deux ans, 26 universités japonaises ont fermé leurs facultés de sciences humaines et sociales pour répondre à une requête du ministre de l’Éducation demandant aux institutions « d’abolir ou de convertir ces départements pour favoriser des disciplines qui servent mieux les besoins de la société ».  

Vers une revalorisation des sciences humaines 

Au Québec, cette vision utilitaire de l’éducation s’exprime à travers l’idée que certains programmes ouvrent davantage de portes que d’autres. Par exemple, les programmes universitaires en sciences humaines ne demandent pour ainsi dire aucun prérequis au collégial. Une première étape pour contrer cette baisse au Québec serait que le DEC en Sciences humaines soit obligatoire pour étudier en sciences sociales à l’université.  

Une autre solution consisterait à miser sur les atouts et outils propres à la formation en sciences humaines et à démontrer en quoi ceux-ci peuvent être applicables concrètement sur le marché de l’emploi. Une récente étude aux États-Unis démontrait que les diplômés dans les domaines de la santé, de l’entreprise et de l’enseignement avaient de fortes lacunes en ce qui concerne la pensée critique, les raisonnements complexes et les méthodes d’écriture en comparaison aux diplômés en sciences humaines. Ces qualités, selon la directrice générale de la Aspen Instutite’s Business and Society Program, seraient pourtant de plus en plus en demande chez les employeurs dans les domaines liés aux affaires, les encourageant donc à se tourner vers des diplômés en sciences humaines. Imposer des cours obligatoires reliés à ce domaine dans tous les programmes d’études permettrait de mettre en valeur la raison d’être de ces disciplines.

Devant ce portrait, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) a entamé en 2017 la révision du programme en Sciences humaines au collégial. Espérons que ces réformes permettront de démontrer l’utilité de ces formations et ainsi, redonner aux sciences humaines leurs lettres de noblesse.

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