Société

Image : Raysonho sur Wikimedia Commons CC.

L’Université Ryerson devient l’Université métropolitaine de Toronto

L’Université Ryerson a officialisé son changement de nom le mardi 26 avril dernier pour devenir l’Université métropolitaine de Toronto (UMT). L’établissement désire ainsi se distancer du leg d’Egerton Ryerson, l’un des fondateurs du système de pensionnats pour Autochtones, en l’honneur de qui il avait été nommé.

Le conseil des gouverneurs de l’Université a entériné cette modification dans un effort de réconciliation avec les peuples autochtones et pour honorer la diversité culturelle du campus torontois. Cette nouvelle appellation a été choisie au terme d’une longue concertation au sein de la communauté universitaire entamée en octobre 2021.

Le président et vice-chancelier de l’UMT, Mohammed Lachemi, souligne que l’établissement est la première université canadienne à effectuer un tel changement de nom. « Ce travail inclut la consultation de plus de 30 000 personnes et de plus de 2 600 suggestions de noms », précise-t-il dans un message publié sur le site Internet de l’Université.

Ce changement de nom faisait partie des 22 recommandations de la commission Standing Strong (Mash Koh Wee Kah Pooh Win). Cette dernière avait été mise en place en novembre 2020 pour se pencher sur le leg d’Egerton Ryerson et sur la façon dont l’Université devait commémorer cet héritage. Le rapport final soutenait également que la statue d’Egerton Ryerson située sur le campus ne soit pas réinstallée. Celle-ci avait été déboulonnée par des manifestant·e·s dans la foulée des découvertes de sépultures d’enfants anonymes aux alentours d’anciens pensionnats autochtones, dont celui de Kamloops, en Colombie-Britannique.

Un leg controversé

Le politicien Egerton Ryerson (1803-1882) a consacré la majeure partie de sa carrière au développement du système d’éducation ontarien. En tant que surintendant de l’éducation pour le Canada-Ouest, l’équivalent de l’Ontario actuel sous le régime britannique de 1841 à 1867, il est favorable à l’établissement d’un système d’enseignement public gratuit et obligatoire. Ses idées sont notamment reprises dans les Common School Acts de 1846 et de 1850 ainsi que dans le School Act de 1871, les premières législations menant à la naissance des commissions scolaires ontariennes et à l’instauration de l’instruction gratuite et obligatoire jusqu’à 12 ans.

Partisan d’une éducation centrée sur la morale et la religion catholique, Egerton Ryerson soutient que les élèves autochtones et non autochtones doivent évoluer dans deux systèmes scolaires distincts. Cette ségrégation favoriserait, selon lui, une meilleure conversion des enfants autochtones au christianisme. Mandaté en 1847 par la direction des Affaires indiennes, Egerton Ryerson signe le rapport Report on Industrial Schools, dans lequel il recommande que les élèves autochtones soient initiés, entre autres, aux travaux manuels afin de devenir agriculteur·trice·s. Il soutient également que ces écoles devraient former un système de pensionnats religieux supervisé par le gouvernement.

Bien qu’un tel système n’ait vu le jour qu’en 1883, après la mort de Ryerson, ce dernier est aujourd’hui considéré comme l’un des fondateurs des pensionnats autochtones.

Pour en savoir plus sur l’héritage d’Egerton Ryerson, consulter sa notice biographique sur l’Encyclopédie canadienne et le volume 1 du rapport de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada intitulé Pensionnats du Canada : L’histoire, partie 1 des origines à 1939.

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