À Québec, Montréal, Sherbrooke, Rimouski, Gatineau et Chicoutimi, de nombreuses associations étudiantes universitaires et collégiales ont manifesté, pancartes à la main, dans le cadre de la campagne «Au front pour la rémunération». Des représentant·e·s de la Coalition de résistance pour l’unité étudiante syndicale (CRUES), qui, de leur côté, demandent la salarisation des stagiaires, étaient également sur place.
«Au front pour la rémunération» visait à convaincre le gouvernement du Québec d’investir 388 millions de dollars lors de la mise à jour économique, qui a eu lieu le 7 novembre dernier. Celle-ci met de l’avant des mesures visant principalement l’aide alimentaire, la transition climatique, le logement, l’itinérance et l’indexation des aides fiscales. La rémunération de tous·tes les stagiaires ne semble donc pas mise au premier plan des objectifs économiques du gouvernement du Québec pour l’instant.
Dans une déclaration écrite, le cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, s’engage toutefois à rémunérer certains stages dans le secteur public, comme le rapporte un article publié par Ici Québec le 10 novembre dernier.
Pourquoi 388 millions de dollars?C’est la somme nécessaire pour que tous·tes les stagiaires du secteur public soient rémunérés au salaire minimum, selon les calculs de deux chercheuses affiliées à l’IRIS, Milène Lokrou et Julia Posca. Quartier Libre s’est attardé plus amplement sur le sujet dans un article publié le 1er novembre dernier. |
Jour de grève
Plusieurs universités s’impliquent aux côtés des associations et se battent pour la même cause. «Le travail gratuit, ça suffit» faisait partie des slogans les plus scandés à la manifestation de Québec, selon l’étudiante de deuxième année au baccalauréat en psychoéducation et présidente de l’Association générale des étudiants de psychoéducation à l’Université de Montréal (AGÉPEUM), Marguerite Sabourin, qui était présente à la marche dans les rues de Québec. Elle décrit l’évènement comme «une belle manifestation» propice aux discussions et aux partages d’expériences similaires entre étudiant·e·s. Également présente à Québec lors de la manifestation, la déléguée aux affaires externes de l’AGÉPEUM, Josianne Denis, a réitéré l’objectif de cette marche, qu’elle qualifie de «pacifique» : donner de la visibilité à cette problématique auprès du gouvernement.
Soutenues par l’Union étudiante du Québec (UÉQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FÉCQ), les nombreuses associations étudiantes ont notamment signé une lettre ouverte pour la rémunération des stages au Québec et manifesté devant les bureaux du ministère de l’Enseignement supérieur depuis le début de la campagne nationale.
La non-rémunération touche particulièrement les stagiaires inscrits dans des programmes d’études en travail social, psychoéducation, soins infirmiers ou encore enseignement, domaines à prédominance féminine, et pour lesquels les stages se font généralement dans le secteur public.
La lutte udemienne
Du côté de l’UdeM, les associations étudiantes en travail social, enseignement secondaire, orthophonie et audiologie, biologie, psychoéducation ainsi qu’en psychologie et neurosciences cognitives ont confirmé leur participation à la grève sur leurs pages Instagram.
Pour l’étudiante de troisième année au baccalauréat en psychoéducation à l’UdeM et membre fondatrice du Comité pour la rémunération des stages en psychoéducation de l’UdeM, Marie-Estelle Quenneville, la non-rémunération des stages contribue à la pénurie de personnel qui touche les milieux de la santé, de l’éducation, du communautaire et des services sociaux.
Elle explique que plusieurs stagiaires dans son programme doivent, en plus de leurs 18 h de stage par semaine et de leurs heures de cours, travailler à temps partiel pour couvrir leurs dépenses, une problématique d’autant plus présente «dans une société en pleine crise du logement et avec un taux d’inflation grandissant», souligne-t-elle.
«Ce parcours en décourage plusieurs, qui choisiront de se diriger vers le domaine privé à leur sortie des bancs d’école, ou simplement de mettre fin à leurs études après le baccalauréat, déplore l’étudiante. Ce cercle vicieux contribue donc à la crise de la santé mentale actuelle et à la pénurie de personnel qui touche les milieux de la santé, de l’éducation, du communautaire et des services sociaux.»