Volume 22

Selon l’animateur de l’atelier Lecture rapide et efficace, Nicholas Cotton Lizotte, les gens lisent souvent dans des endroits inopportuns tels que le métro.
Crédit photo : Isabelle Bergeron

Lire plus vite que son ombre

«L a vitesse de lecture d’une personne non entraînée est d’environ 200 à 250 mots à la minute, alors que la moyenne d’un individu ayant suivi quelques cours de mon atelier augmente à 400 à la minute», explique le candidat au doctorat en littérature de langue française, Nicholas Cotton Lizotte, qui donne l’atelier Lecture rapide et efficace au Service des activités culturelles (SAC) de l’UdeM.

«En arrivant à la maîtrise et en voyant la grande quantité de lectures, j’ai cherché à trouver une solution, raconte l’étudiante à la maîtrise en administration des services de santéIsabelle Bisaillon. Je n’avais alors aucune notion de lecture rapide.» C’est pour gagner en efficacité qu’elle a décidé de s’inscrire à l’atelier offert par le SAC.

Plusieurs techniques de lecture rapide existent, dont celle de l’entrepreneur américain Tim Ferriss qui est bien connue. Cette méthode permettrait par exemple de doubler la vitesse de lecture en seulement dix minutes. Il propose trois étapes: durant deux minutes, il faut s’entraîner à lire en suivant chaque ligne du doigt pour permettre à l’œil de ne jamais s’arrêter ou d’être distrait. Puis, il faut lire pendant trois minutes chaque ligne en commençant par le troisième mot à partir du début et en finissant par le troisième mot avant la fin pour concentrer le regard sur le centre de la ligne de lecture. Ensuite, pendant deux minutes, il faut lire les phrases en laissant son regard fixe sur une ligne. Finalement, les trois dernières minutes sont là pour mettre toutes les techniques précédentes en pratique.

Loin de la vision de Tim Ferriss, l’atelier de M. Cotton Lizotte propose plutôt d’accorder une importance accrue aux conditions dans lesquelles on lit.«Les moments où les gens lisent sont souvent inopportuns, ils lisent dans le métro, entre deux cours, le cerveau n’a pas le temps de créer sa bulle et de s’isoler», observe-t-il.

Après ses premières séances avec M. Cotton Lizotte, Isabelle a mis en pratique ses conseils et a constaté une progression rapide simplement en évitant les distractions et en adoptant une meilleure position de lecture. «Le fait d’avoir mon doigt qui pointe les mots m’aide aussi à progresser dans ma lecture», indique Isabelle.

Cette habitude, que la plupart des gens abandonnent après l’école primaire, peut aider le cerveau à moins se fatiguer dans un effort de fixation.«Cette méthode est utile, mais uniquement pour débuter, précise l’orthopé­dagogue au Centre étudiant de soutien à la réussite (CÉSAR), Denis Côté. C’est un méca­nisme qui pourrait commencer à ralentir le lecteur avec le temps et qui constituerait alors une distraction supplémentaire.»

Efficacité ou rapidité?

M. Cotton Lizotte explique qu’il a ajouté le mot «efficace» à l’intitulé de son atelier, car, au-delà de la rapidité, il faut aussi retenir et comprendre l’information qui est lue. Selon lui, cela se fait d’abord en changeant ses habitudes. «Il faut prendre le temps de se renseigner sur l’auteur, de lire des résumés si le livre est compliqué, et même de jeter un coup d’œil à la table des matières avant de se lancer dans l’inconnu», soutient-il. Le fait de se préparer avant d’entamer une lecture permettra alors de comprendre plus rapidement le sens du texte.

«Il faut connaître les objectifs que l’on cherche à atteindre en lisant l’ouvrage, ajoute Denis Côté. Par exemple, on pourrait parler de lecture attentive lorsque l’ouvrage requiert de l’isolement dans une bulle de lecture, ou de lecture sélective lorsqu’on cherche de l’information en particulier.» L’orthopédagogue estime donc que les étudiants doivent adapter leur mode de lecture en fonction de l’ouvrage qu’ils ont devant eux.

«On a trop souvent la culpabilité du lecteur de se forcer à tout lire», juge Isabelle. Dans le cadre du cours de M. Cotton Lizotte, elle a toutefois découvert que ce ne sont pas tous les ouvrages qui demandent d’être lus d’un couvert à l’autre.

«Des ouvrages à portée scientifique peuvent être maîtrisés en ayant lu uniquement l’introduction, la conclusion, des résumés, et l’intro de certains chapitres, explique M. Cotton Lizotte. À côté de cela, un livre de fiction pourrait demander plus de lecture pour s’immerger dans l’ambiance.» La lecture rapide reste un exercice qui demande de la pratique et suppose de comprendre au préalable les concepts sur lesquels on lit.

S’améliorer à l’écran?

Spreeder est un logiciel en ligne qui permet d’améliorer la vitesse de lecture grâce à un défilement de mots à une vitesse donnée. L’utilisation de logiciels ne fait pas encore l’unanimité dans le développement de la lecture rapide, mais l’orthopédagogue Denis Côté estime que Spreeder constitue une bonne méthode d’entraînement pour améliorer sa vitesse de lecture. «Je conseille de régler l’application à 300 mots par minute, cela est surtout utile pour donner un rythme de lecture», précise M. Côté. Son utilisation ne fera toutefois pas de vous un lecteur assidu.

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