Crédit photo : Abdulai Sayni sur Unsplash

L’inquiétude des étudiant·e·s en médecine

La suspension des stages des étudiant·e·s au doctorat de premier cycle en médecine, notamment à l’externat, suscite l’inquiétude dans les facultés de médecine. Quartier Libre a recueilli les préoccupations de doctorant·e·s de premier cycle de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et de l’Université McGill.

« On est très conscient de l’enjeu qui se passe en ce moment avec le projet de loi 106 et de la raison pour laquelle la FMSQ [Fédération des médecins spécialistes du Québec] a choisi ce moyen de pression », confie le représentant de la cohorte 2026 de l’Association des étudiants et étudiantes en médecine de l’Université de Montréal (AÉÉMUM), Alexandre Rivard. 

En effet, les médecins spécialistes ont suspendu leurs activités d’enseignement prédoctorales depuis le 15 septembre dernier[1] dans le but de faire pression contre le projet de loi 106[2], déposé en mai par le ministre de la Santé, Christian Dubé. Les omnipraticien·ne·s emboîteront le pas le 4 octobre prochain[3].

Qu’est-ce que je projet de loi 106 ?

Le projet de loi 106 vise notamment à réformer le mode de rémunération des médecins. Selon le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui l’a présenté à l’Assemblée nationale le 8 mai dernier, il vise à « assur[er] la prise en charge de toute personne assurée dans un milieu de pratique de première ligne ainsi qu[‘à] favoris[er] l’atteinte d’objectifs par les médecins »[1]. Plus précisément, la mesure législative prévoit de lier un pourcentage de la rémunération des médecins à des cibles de performance, ce qui a suscité une opposition marquée de la part des syndicats de médecins, notamment la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), qui craignent les dérives d’un tel système.

[1]. Assemblée générale du Québec (2025) : « Journal des débats de l’Assemblée nationale », Assemblée nationale, jeudi 8 mai 2025, vol. 47, no 210. En ligne, consulté le 28 septembre 2025 : ‹https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/assemblee-nationale/43-1/journal-debats/20250508/407475.html›. 

« Il y a beaucoup d’inquiétudes, souligne le président de l’AÉÉMUM, Nicolas Dostie. Les étudiants sont principalement inquiets de l’impact que la grève peut avoir sur leur graduation. Ils veulent graduer, mais ils veulent graduer pour devenir de bons médecins et prodiguer les meilleurs soins possibles à leurs patients. » Selon lui, les externes de l’Université de Montréal craignent de ne pas atteindre les 80 %[4] de la durée des stages qui sont requis pour les valider, ce qui pourrait retarder leur remise de diplôme.

« Avec une absence d’exposition clinique dans les stages et une refonte des cours donnés avant l’externat [NDLR : Les troisième et quatrième années du doctorat] pour compenser l’absence des spécialistes, la diminution de la qualité de l’enseignement est inévitable », ajoute-t-il. 

Résidence potentiellement compromise

« Cela veut dire qu’il y aura des étudiants en médecine qui ne vont pas graduer [au moment prévu] et qui ne vont pas obtenir leur résidence de choix », explique le président de la Medical Students’ Society de l’Université McGill, Ryan Kara. 

En plus de la qualité de l’enseignement, les étudiant·e·s redoutent aussi les effets de cette grève sur le choix de spécialité qu’ils doivent effectuer à la fin de leur doctorat de premier cycle.

Source : site Web de la Faculté de médecine de l’Université Laval

« Les gens sont très inquiets, rapporte Alexandre. Beaucoup misaient sur les stages actuels [de l’externat] pour se démarquer dans leur candidature à la résidence, précise-t-il. Les étudiants voudraient retourner en stage pour pouvoir graduer. »

L’admission dans un programme de formation postdoctoral, également appelé résidence, prend en considération les différents aspects du dossier universitaire, notamment les stages effectués pendant le cursus. De plus, chaque programme dispose d’un nombre de places limité, un facteur qui peut rendre très concurrentiel l’accès à certaines spécialités médicales.

Pour les externes de quatrième année, la grève tombe, en effet, à un moment critique, celui de la préparation aux demandes de résidence. « Ils manquent un stage potentiellement clé dans le choix de leur spécialitéun stage qui pourrait définir leur carrière entière, en leur permettant de travailler avec un spécialiste qu’ils admirent et avec qui ils rêvaient de collaborer », affirme Ryan.


[1]. Fédération des médecins spécialistes du Québec (2025) : « La FMSQ annonce le déclenchement de nouveaux moyens de pression | Fédération des médecins spécialistes du Québec », FMSQ. En ligne, consulté le 29 septembre 2025 : ‹https://fmsq.org/fr/salle-de-presse/actualites/la-fmsq-annonce-le-declenchement-de-nouveaux-moyens-de-pression›.

[2]. Assemblée nationale du Québec (2025) : « Loi visant principalement à instaurer la responsabilité collective et l’imputabilité des médecins quant à l’amélioration de l’accès aux services médicaux », Assemblée nationale du Québec. En ligne, consulté le 29 septembre 2025 : ‹https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-106-43-1.html›.

[3]. Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (2025) : « La FMOQ soumet une contre-proposition de médiation au gouvernement », FMOQ, 29 septembre 2025. En ligne, consulté le 29 septembre 2025 : ‹https://www.fmoq.org/infolettres/fmoq/2025/le-point-fmoq-29-septembre-2025/›.

[4]. Faculté de médecine de l’Université de Montréal (s. o.) : « Absences, vacances et congés », Politiques à l’externat. En ligne, consulté le 29 septembre 2025 : ‹https://md.umontreal.ca/externat/politiques-a-lexternat/absences-vacances-conges/›.

Partager cet article