Faire avancer le bien-être animal
Le professeur à la Faculté de médecine vétérinaire Daniel Pang fait des recherches sur la douleur animale, notamment celle ressentie par les animaux utilisés en laboratoire. « On s’intéresse à l’expression faciale des animaux, explique-t-il. On regarde s’il y a un changement d’expression en fonction du type d’expérience. »
L’objectif du professeur et de son équipe est de développer encore plus l’échelle des expressions faciales pour savoir comment améliorer le bien-être de ces animaux. « On étudie surtout les rats, mais on commence aussi à faire cela avec les lapins », précise-t-il. Le professeur indique faire ses travaux en réponse au manque d’intérêt pour la condition animale dans la recherche actuellement.
M. Pang travaille sur ce projet depuis plus de quatre ans maintenant. « Pour le moment, les résultats sont concluants, affirme-t-il. On a réussi à trouver la limite à partir de laquelle l’animal est en souffrance et donc, le moment où il faut agir pour stopper la douleur. » Désormais, le chercheur et son équipe se penchent sur la douleur chronique et celles liées au cancer.
Pour ses recherches, M. Pang a pu compter sur une bourse qui a permis de financer la majorité du projet. Le montant de la bourse s’élève à environ 100 000 $ sur 5 ans et s’ajoute à celui d’une bourse privée d’une fondation qui a fait un don à l’Université.
Mieux comprendre les douleurs chroniques
« Au départ, on travaillait sur un projet pour comprendre comment le cerveau programme des actes moteurs et notamment les mouvements rythmiques, détaille la professeure à la Faculté de médecine dentaire Arlette Kolta. Ces mouvements, comme la respiration ou la mastication, sont organisés par des réseaux de neurones qui fonctionnent de façon semi-automatique. » Les résultats de cette étude ont mené à une seconde recherche sur les douleurs chroniques, afin de comprendre comment apparaît ce problème de santé.
« Pour les recherches, on utilise un modèle animal, explique la professeure. On injecte un très petit volume de solution saline acide, qui imite la douleur lors d’un petit dommage tissulaire ou un exercice excessif. » L’équipe étudie ensuite les réactions des circuits neuronaux et ce qui pourrait expliquer ces douleurs chroniques qui surgissent dans le corps humain.
Le but de la recherche est donc d’identifier le mécanisme qui entraîne les douleurs chroniques pour mieux les traiter par la suite, poursuit Mme Kolta. « Les applications cliniques n’arriveront pas demain matin, tempère-t-elle. On veut identifier le mécanisme pour pouvoir le bloquer ou trouver un traitement, mais ça prend énormément de temps. »
Les recherches sur la douleur chronique en sont à leurs débuts et une issue rapide dépendra du financement dont pourront bénéficier les chercheurs, indique-t-elle. « Même si le projet n’est pas encore financé, le rapprochement entre les deux travaux était trop intéressant à faire pour abandonner l’idée, assure-t-elle. Donc, je grappille des sous à droite et à gauche pour faire avancer le projet. » Elle insiste néanmoins sur le fait qu’elle ne néglige pas sa première étude qui est, elle, financée.
Améliorer la détection des cellules cancéreuses
Les recherches du professeur au Département de génie physique de Polytechnique Montréal Frédéric Leblond portent sur le développement de nouvelles méthodes pour le diagnostic et le pronostic de différentes maladies, en utilisant l’optique. « On a conçu un outil particulier de la taille d’un crayon, qui permet de détecter des cellules cancéreuses dans des endroits où elles sont totalement invisibles aux formes de technologies existantes comme la résonance magnétique », explique-t-il. Cette invention permet de retirer un plus gros volume de tissus cancéreux lors d’opérations, réduisant ainsi les chances de récidive pour le patient, affirme le professeur.
Il a entrepris ses recherches conjointement avec le professeur agrégé au Département de neurologie et neurochirurgie de l’Université McGill Kevin Petrecca. « Dans ce type de recherche biomédicale, on doit toujours impliquer des praticiens de la médecine et des scientifiques, précise M. Leblond. On a beaucoup échangé et on a engagé des chercheurs. »
Plusieurs subventions ont permis aux deux professeurs et à leur équipe de mener leurs recherches à bien. « Ça nous a permis de faire les achats nécessaires pour acheter de l’équipement et fabriquer les sondes optiques », dévoile-t-il. Après deux premières subventions d’un montant total de près de 210 000 $, une somme de 1 million de dollars pour un projet connexe leur a permis de poursuivre leurs travaux.
Le projet, débuté en 2013, a pris une autre tournure depuis que M. Leblond, son associé M. Petrecca et deux autres cofondateurs ont décidé de commercialiser leur invention. Ils ont créé une entreprise privée indépendante de l’Université en 2015, qui compte sept employés.