L’influence d’un cinéaste

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Par Félix Lacerte-Gauthier
lundi 16 janvier 2017
L’influence d’un cinéaste
Les étudiants au baccalauréat en cinéma Jeanne Michel et Laurent Nauleau. Crédit photo : Mathieu Gauvin
Les étudiants au baccalauréat en cinéma Jeanne Michel et Laurent Nauleau. Crédit photo : Mathieu Gauvin
La série « Un étudiant, une inspiration » permet aux étudiants de l’UdeM de faire découvrir une figure emblématique de leur discipline et son apport à leur parcours. Dans ce numéro, regard sur le cinéaste américain Wes Anderson qui a été retenu par deux étudiants en cinéma.

Wes Anderson est, selon les étudiants au baccalauréat en cinéma à l’UdeM Laurent Nauleau et Jeanne Michel, une figure importante dans le monde du cinéma. Jeanne avoue s’être inspirée du cinéaste pour réaliser son propre film au cours de l’été 2016. « Il montre que tu peux faire passer une idée importante et complexe sans avoir à passer par des procédés trop compliqués », retient-elle. Pour Laurent, c’est le travail minutieux et l’attention au moindre détail de chaque image qui le marque plus particulièrement.

Ce qui distingue les films du cinéaste est l’esthétisme, selon Jeanne et Laurent. « Il travaille beaucoup sur l’image et sur sa profondeur, illustre Laurent. Il prend les scènes comme si elles étaient des tableaux. Chaque image est très réfléchie pour montrer ce qui est important afin qu’elle puisse parler d’elle-même. » Il donne comme exemple l’introduction du film Moonrise Kingdom où la caméra, se déplaçant sur un rail, montre chaque pièce d’une maison comme une succession de peintures dans une galerie d’art. Jeanne compare ce procédé à un livre illustré.

L’étudiante remarque aussi que les cadrages utilisés par Wes Anderson sont minutieusement réfléchis afin d’en montrer la symbolique. De cette façon, la position des personnages, par exemple, pourra donner un aperçu de leur rapport sans qu’un mot ne soit échangé. « Il est arrivé avec un genre cinématographique très différent de la norme hollywoodienne, confirme le professeur au programme cinéma de l’École des médias de l’UQAM Denis Chouinard. Ses films sont extrêmement construits, ils sont cadrés avec des plans très symétriques où tout est placé méticuleusement. Il ne laisse aucune place à l’improvisation. »

Portant une attention particulière aux décors et à la direction artistique, le cinéaste accorde aussi une grande importance au choix des couleurs. M. Chouinard observe que chacun des films de Wes Anderson possède son propre code de couleur. « Pour Fantastic Mr. Fox, c’est l’orange, le jaune et le brun qui ressortent, alors que pour The Life Aquatic with Steve Zissou, ce sont plutôt le jaune et le bleu, analyse également Jeanne. Le jaune, en particulier, revient dans tous ses films. »

Cinéaste, mais également cinéphile, Anderson offre, à travers son art, des références à certains de ses plus illustres prédécesseurs desquels ils tirent ses influences, selon M. Chouinard. « C’est quelqu’un qui a beaucoup aimé le cinéma français et le cinéma italien des années 1960 et ça transparaît dans ses films, que ce soit à travers l’esthétisme, les costumes, les coiffures », explique-t-il. Selon Laurent, Moonrise Kingdom offre par exemple un clin d’œil à Jean-Luc Godard à travers un tourne-disque installé sur une plage.

La capacité d’Anderson à vivre de son art sans faire de films commerciaux peut être également une source d’inspiration selon M. Chouinard. « Il est une référence constante chez mes étudiants, dévoile-t-il. C’est quelqu’un de très aimé. On peut dire que Wes Anderson a gagné le cœur des jeunes aspirants cinéastes au même titre que Tarkovski ou Godard à une autre époque. » Son approche minutieuse, tant pour l’esthétisme que pour la narration, marque ses admirateurs. Son prochain film, dans lequel il utilise le procédé du stop-motion est actuellement en développement.

Film Wes Anderson

Le cinéaste américain Wes Anderson. Photo: Flickr Craig Duffy