Penser l’art autrement

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Par Alexandra Girard
mercredi 7 septembre 2016
Penser l’art autrement
Le fondateur de la médiathèque, Gaëtan-Dostie, au coeur de laquelle se trouve la Passe. Crédits photo : Mathieu Gauvin
Le fondateur de la médiathèque, Gaëtan-Dostie, au coeur de laquelle se trouve la Passe. Crédits photo : Mathieu Gauvin
Le collectif d’éditeurs et de libraires La Passe devra quitter, le 30 mars 2017, l’édifice patrimonial du 1214, rue de la Montagne où il exerce ses activités depuis 2012. Un coup dur pour la communauté culturelle et les étudiants-artistes qui apprécient ce lieu de culture autonome où toutes les formes d’art sont les bienvenues.
« La Passe est un endroit pour tenter sa première chance, pour tester du nouveau matériel. Il est essentiel, car ça permet aux artistes de se former et de se faire connaître. » Alexis Langevin-Tétrault Étudiant au DESS en musiques numériques

En juin dernier, la Passe, ainsi que la Médiathèque Gaëtan-Dostie, qui se partagent les lieux, ont appris que la Commission scolaire de Montréal (CSDM) exigeait leur départ d’ici le 30 septembre. Propriétaire de l’immeuble, la CSDM a évoqué des problèmes de moisissure et de structure les poussant à mettre un terme au bail de 10 ans des présents locataires.

« Aux dernières nouvelles, la présidente de la CSDM a dit que nous ne devons plus tenir d’évènements publics après le 30 septembre, mais que nous pouvons demeurer jusqu’au 30 mars pour trouver un autre lieu et déménager », soutient l’agente de recherche au Département de psychoéducation à l’UdeM et membre du collectif La Passe, Marjolaine Lord. Le collectif reste sceptique face aux différentes raisons données par la CSDM, qui a décidé de barricader l’immeuble patrimonial lorsque les locataires auront quitté.

Un atout pour les étudiants

Pour Mme Lord, La Passe donne l’impression d’être hors du temps, car elle se trouve dans une vieille bâtisse entourée d’archives, de projets créatifs libres et de personnes qui ont des choses à raconter. Ce lieu de culture autonome, qui s’autogère financièrement, encourage les rencontres entre artistes émergents et expérimentés. Pour l’étudiante au baccalauréat en arts visuels et médiatiques à l’UQAM Cristel Silva Silva, cette autogérance est primordiale. « Cela permet de trouver d’autres possibilités à ce qu’on connaît déjà et les étudiants viennent rechercher dans ces lieux d’autres informations qu’ils ne retrouvent pas nécessairement en milieu universitaire », avance-t-elle.

Espace de liberté créative

Ce type de lieu apporte une diversité évidente à la culture montréalaise en favorisant la création en dehors des institutions officielles, croit l’étudiant au DESS en musiques numériques à l’UdeM Alexis Langevin-Tétrault. « La Passe est un endroit pour tenter sa première chance, pour tester du nouveau matériel, pense-t-il. Il est essentiel, car ça permet aux artistes de se former et de se faire connaître. » Selon lui, les lieux de culture autonome ressemblent à des terrains de jeux très libres, où l’on expérimente ce qu’on ne pourrait pas faire ailleurs.

« C’est important d’avoir des lieux où les artistes n’attendent pas après personne pour faire des choses, si on n’a plus ça, tout devient un peu automatique », affirme le professeur adjoint à la Faculté de musique Nicolas Bernier. Pour l’enseignant, ce sont des endroits comme ceux-là qui rendent une ville intéressante et qui met de la magie dans la culture. D’après Alexis Langevin-Tétrault, perdre des lieux comme La Passe serait un handicap pour la scène culturelle.

Privilégiant l’ouverture, les lieux d’essai et d’expérimentation permettent de faire exister la culture à travers des talents nouveaux. « On peut y présenter à peu près n’importe quelle idée folle et se construire ainsi soi-même », pense M. Bernier. Un avis que partage Cristel Silva Silva pour qui La Passe a été un espace très formateur.