«Je ne fais pas ma décalration d’impôt par moi-même, tout simplement parce que je n’ai jamais appris comment, lance l’étudiante au baccalauréat en neuroscience cognitive Corinne Archambault. Je ne sais même pas ce que je dois fournir comme papiers ! » Elle n’est pas seule : des 221 répondants au sondage de Quartier Libre sur le groupe Facebook UdeM + 1 2018-2019, qui regroupe actuellement 9 636 étudiants de l’Université, 83 % s’en remettent à une source externe pour compléter leurs impôts. Et plus du tiers (37%) profitent de l’aide d’un membre de la famille.
Corinne estime qu’un cours de finances personnelles obligatoire au secondaire, et possiblement au cégep, aurait pu l’aider. « Et si c’est irréaliste d’allouer du temps à l’école, un guide « spécial jeune » devrait être accessible, ou du moins, les ressources devraient être mieux publicisées », ajoute-t-elle.
A contrario, l’étudiant au baccalauréat en science politique Antoine Poulin fait partie des 3 % de répondants au sondage qui n’utilisent qu’une calculatrice pour effectuer leur déclaration de revenus. « J’ai commencé à travailler tôt, donc dès 16 ans, j’avais ma première déclaration à remplir, raconte-t-il. Mon père m’a montré comment faire, et j’ai continué par la suite. » Faire ses comptes lui-même lui permet d’économiser, son budget étudiant étant assez restreint.
Pour s’aider, il utilise principalement les guides de Revenu Québec et de l’Agence du revenu du Canada (ARC). « Et pour le logiciel, je n’ai jamais trouvé ça plus utile qu’autre chose, détaille-t-il. Je suis plus papier. »
Scénario étudié
Les résultats du sondage ne surprennent pas le secrétaire général de la FAÉCUM, Matis Allali. « Nous avons déjà analysé la pertinence d’un service de type clinique d’impôt par le passé, relate-t-il. Nous savons qu’il y aurait une certaine demande. » Ces initiatives fonctionnent généralement grâce à la contribution bénévole d’étudiants en comptabilité, selon Matis. Or, il précise que la FAÉCUM ne regroupe pas de membres de tels programmes, ce qui rend la mise en place d’un service comme celui-ci complexe à l’UdeM.
> UNE CLINIQUE D’IMPÔT À HEC
La Société de relations d’affaires (SRA), un comité étudiant indépendant, propose depuis 33 ans une clinique d’impôt gratuite à HEC. Chaque année, elle recrute environ 250 étudiants de l’école de gestion et leur offre une formation de base sur les impôts des particuliers gagnant moins de 35 000 dollars par an. Les bénévoles proposent par la suite une aide gratuite aux personnes à faible revenu du Grand Montréal, parmi lesquelles les étudiants, pour produire leur déclaration de revenus.
L’expérience en fiscalité et en impôt acquise par les étudiants de la Clinique leur est utile sur le marché du travail, selon le codirecteur de la clinique d’impôt Maxime Bélair. «Par exemple, quelqu’un en finance qui connaît bien les impôts est en mesure de mieux conseiller ses clients», soulève-t-il.
Pour lui, le but de l’initiative est d’abord de promouvoir l’éducation financière pour les bénévoles, mais également pour les bénéficiaires. «Il y a beaucoup de gens qui viennent et qui posent des questions à nos bénévoles, relate-t-il. Et nous, ça nous fait plaisir de les conseiller, mais également de leur expliquer le fonctionnement [des impôts].»
« Contrairement à d’autres cliniques communautaires ou locales, on a la force du nombre et de l’expérience», ajoute le président de la SRA, Ludovic Painchaud-Tremblay. Il explique que la Clinique regroupe des étudiants de différents profils dans l’optique d’offrir un service clé en main efficace. Par exemple, certains sont spécifiquement responsables de la logistique. Des fiscalistes sont également présents, ainsi que des professeurs et des professionnels du milieu.
L’an passé, environ 1 100 déclarations de revenus ont été remplies, selon le site Web de HEC. Cette année, du 29 au 31 mars, les organisateurs souhaitent porter ce nombre à 1 500. Il sera possible de réserver sa place en ligne et de déclarer ses impôts par voie électronique.