Depuis 2008, l’équipe du Bureau des communications et des relations publiques(BCRP) de l’UdeM, qui est chargée des relations avec les médias, dévoile régulièrement de telles listes d’experts afin de répondre aux questions des journalistes sur un sujet d’actualité.« Les listes sont notamment créées lorsqu’il y a des demandes récurrentes de la part des médias sur un sujet donné», affirme l’attaché de presse francophone de l’UdeM, Benjamin Augereau. Par exemple, le BCRP apréparé des listes d’experts en vue de la Journée mondiale contre l’hépatite, des élections québécoises de 2014 et de 2012, de la catastrophe aérienne en Ukraine et même dela Coupe du Monde de soccer au Brésil.
Même si ces listes sont concoctées par le BCRP, les professeurs parlent en leur nom personnelet ne représentent pas le point de vue de l’UdeM. « Ce n’est pas le rôle de notre bureau de décider quelle position doit être véhiculée par les experts, établit M. Augereau. L’UdeM ajoute le nom des professeurs experts sur les listes, avec leur consentement, mais sans connaître leur position sur le sujet.»
Daniel Turp, professeur de droit constitutionnel et international, fait partie de la liste d’experts de l’UdeM sur le référendum en Écosse. « Les professeurs disposent de la liberté académique; le principal enjeu qu’ils rencontrent lorsqu’ils interviennent publiquement est de faire preuve de la plus grande objectivité possible», assure-t-il. Si l’objectivité est de mise, les experts médias sont conscients de la réalité des tribunes publiques. «C’est toujours un défi, car on ne peut jamais être parfaitement objectif et c’est
pourquoi il est important de faire preuve de rigueur et de présenter les points de vue des uns et des autres», croit M. Turp. Aux dires de M. Turp, l’initiative de publier cette liste donne de la visibilité à l’UdeM. «Il ne fait aucun doute que l’image de l’UdeM est valorisée par l’introduction dans l’arène médiatique de ses experts qui veillent au rayonnement externe de l’institution tout en servant la collectivité», explique le professeur.
Ces tribunes profitent également aux professeurs. «La promotion des théories et thématiques des chercheurs confère à ces derniers une vi sibilité accrue de sorte qu’ils puissent trouver de nouveaux débouchés, pour la publication de leurs ouvrages par exemple», renchérit M. Turp.
Le type de liste d’experts média est donc construit pour favoriser la visibilité des professeurs. «Les professeurs peuvent d’ailleurs demander eux-mêmes à être ajoutés au bottin des experts», confirme M. Augereau.
Du côté des journalistes
Les journalistes font appel aux experts médiatiques parce qu’ils ne disposent pas des connaissances suffisantes sur un sujet donné pour en comprendre les enjeux. « Le rôle des experts médiatiques est d’atteindre un sain équilibre entre l’impartialité et leur ligne de pensée, puis d’élaborer un discours appuyé, concis et compréhensible par tous», juge M. Turp.
Utiliser ce genre de listes peut s’avérer décevant pour couvrir des histoires de fond. Par conséquent, certains journalistes préfèrent les éviter. «Si je cherche un expert, je vais aller voir directement quelqu’un qui est très connu dans cette matière, relate la journaliste pigiste à The Gazette Olivia Collette. Je vais aussi demander à certaines personnes dans un domaine adjacent s’ils connaissent quelqu’un qui serait idéal pour mon reportage.»
En plus des listes spécifiques, l’UdeM possède un répertoire de professeurs dans son site internet où il est possible de chercher par champ d’expertise. Ce répertoire est un outil offert par l’Université pour assurer la disponibilité des intervenants. «Parfois, un expert est connu parce qu’il parle beaucoup aux médias ; il faut donc se méfier de celui-là, affirme la journaliste. Ça devrait nous rappeler qu’il n’est pas le seul et nous amener à nous demander pourquoi c’est toujours à lui qu’on fait appel.»
On peut communiquer avec près de 1000 spécialistes inscrits au répertoire médiatique de l’UdeM.