En raison des coupes budgétaires et du contexte politique hostile qui sévit dans les universités américaines, de plus en plus de chercheur·euse·s songent à poursuivre leur carrière dans des universités canadiennes ou européennes.
Selon un sondage publié dans le magazine Nature, 75 % des chercheur·euse·s des États-Unis envisagent de quitter le pays en raison des mesures politiques de Donald Trump. Cet exode représente une occasion inespérée pour les universités canadiennes et européennes, qui peinent normalement à recruter d’éminent·e·s spécialistes américain·e·s, selon La Presse.
Aix-Marseille Université (AMU), en France, vient notamment de lancer « une campagne de recrutement pour embaucher une quinzaine de scientifiques américains dont les domaines de recherche vont à l’encontre de la vision conservatrice de l’administration Trump », a révélé le journal 24 heures.
Près de 200 universitaires auraient déjà envoyé leur candidature. Le média indique également que d’autres universités européennes, comme l’Université de Barcelone, en Espagne, constatent aussi une hausse des candidatures de chercheur·euse·s américain·e·s.
Les provinces canadiennes aux aguets
Selon CBC, le Manitoba, la Colombie-Britannique et l’Ontario tentent également d’attirer des spécialistes de la santé dans leurs universités. La ministre de la Santé du Manitoba, Uzoma Asagwara, affirme en effet que la province est actuellement en pourparlers avec une douzaine de médecins des États-Unis.
En Ontario, le réseau universitaire de la santé de Toronto vient de lancer le Canada Leads 100 Challenge, une stratégie qui vise à recruter cent scientifiques américain·e·s en début de carrière, toujours selon CBC. Le programme garantira deux ans de financement aux chercheur·euse·s, ainsi que du mentorat pour les aider à s’acclimater à leur nouveau lieu de résidence.
Le Québec n’est pas en reste
Des scientifiques américain·e·s sollicitent également les universités québécoises. Le doyen de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, Frédéric Bouchard, a affirmé à La Presse que « ses collègues sont régulièrement interpellés par des chercheurs qui souhaitent savoir “s’il y a des ouvertures de postes” ».
Le vice-recteur à la recherche et aux études supérieures de l’Université de Sherbrooke, Jean-Pierre Perreault, a quant à lui révélé au Droit que son établissement « tent[ait] d’attirer [une sommité américaine de la recherche en santé] depuis 15 ou 20 ans, et [que] là, tout d’un coup, cette personne-là a un grand intérêt pour le Québec ».
L’Université Laval constate elle aussi un intérêt des chercheur·euse·s en provenance des États-Unis, a révélé au journal la vice-rectrice à la recherche, à la création et à l’innovation, Eugénie Brouillet. « L’institution a […] amorcé des discussions avec des bailleurs de fonds publics, afin d’explorer les possibilités de soutien financier pouvant servir à attirer des chercheurs », a-t-elle précisé.
Soutien financier du fédéral
Les universités québécoises pourraient utiliser le Programme de chaires d’excellence en recherche au Canada qu’Ottawa a lancé en janvier dernier pour attirer des talents qui travaillent à l’étranger. Ces chaires offrent de généreuses subventions sur plusieurs années pour « permettre à des chercheurs de calibre mondial et leur équipe de mettre sur pied d’ambitieux programmes de recherche », a indiqué M. Bouchard au Droit.
(Photo de couverture – crédit – Pexels – mediocrememories)