À qui de droit,
Le système de santé québécois moderne est un beau modèle où la solidarité sociale sert de valeur première. Cependant, il y existe quelques failles ; la discrimination dans notre système de santé et dans l’accès aux soins est un problème qui ne date pas d’hier, mais qui est ressorti dans l’actualité à plusieurs reprises récemment. Ces injustices se transposent dans différentes sphères de la santé, notamment dans le système de don de sang canadien. Quelques articles ont fait surface dans les dernières semaines indiquant le désir de la Société Canadienne du Sang de discuter avec Santé Canada afin de changer le critère d’exclusion de la communauté 2S/LGBTQIA+. Étant la prochaine génération de professionnel·le·s de la santé, il est primordial pour nous d’exprimer notre désaccord avec ce critère imposé par Santé Canada quant au don de sang puisque ces mesures ont un impact négatif sur les patient·e·s qui en vivent les conséquences, mais surtout pour protéger les communautés qui sont stigmatisées par ces exclusions. Cette lettre ouverte discutera de certaines mesures discriminatoires liées aux conditions d’admissibilité au don de sang, et servira, avec un peu de chance, d’incitatif quant au questionnement que doivent mener Héma-Québec et Santé Canada au sujet de ces mesures stigmatisantes.
Données sur le don de sang
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de mettre la situation actuelle en perspective. Selon le rapport annuel d’Héma-Québec de 2018-20191, 216 639 dons de toutes sortes ont été faits par les Québécois·e·s. En 2019-2020, on parle de 222 470 dons2. Au Canada, en 2018-2019, ce sont un peu moins de 800 000 dons de sang qui ont été faits et, en 2019-2020, une légère diminution a été observée3. Ces chiffres ont grandement chuté au Québec alors que la pandémie était à son apogée. Pour l’année 2020-2021, 206 690 dons ont été récoltés au Québec, quantité la plus basse depuis des années4. Pourtant, au Québec, nous avons besoin en moyenne de 1 000 dons par jour pour subvenir aux différents besoins des patient·e·s. Ces besoins risquent d’augmenter de manière fulgurante prochainement alors que les chirurgies et différentes procédures nécessitant des transfusions sanguines ont repris depuis plusieurs mois déjà. Nous nous trouvons donc en pénurie de réserve sanguine selon ce qu’on a pu voir dans les médias en octobre dernier5. Ne serait-ce pas un moment opportun pour rediscuter des critères d’inclusivité au don de sang avec comme objectif d’augmenter la quantité de dons que nous pourrions récolter ?
De quelles mesures parle-t-on ?
Comme vous le savez peut-être, Héma-Québec détient une liste de critères rigoureux qui lui permet de contrôler la démographie des donneur·euse·s ainsi que la qualité des dons de sang. Cependant, nous croyons que certaines mesures s’appuient sur des réalités dépassées et qu’elles n’ont donc plus raison d’être. Tout particulièrement celle-ci : « Un homme dont la dernière relation sexuelle avec un autre homme remonte à 3 mois ou plus peut donner du sang. »6 Cette mesure affecte toutes personnes ayant des appareils génitaux masculins (dont certaines personnes de la communauté trans), regroupant ainsi l’ensemble de la communauté 2S/LGBTQIA+ sous la même définition d’homme ayant des relations avec des hommes. Les prochains paragraphes discuteront de ces mesures particulières, de leurs risques et de leurs bénéfices au plan sociétal.
Critères entourant la communauté 2S/LGBTQIA+ : risques et bénéfices
La crise du SIDA/VIH des années 80 est un événement médico-historique7 bien connu qui est d’ailleurs la source des mesures préventives créées aux quatre coins du monde pour mettre un frein au don de sang contaminé. Ces mesures ont permis, à l’époque, de sauver bien des vies. Cependant, la démographie de la population affectée par le VIH, les conditions de dépistage des patient·e·s et du sang ainsi que les preuves scientifiques ont grandement évolué. De telles règles, autrefois préventives, ne sont devenues que stigmatisantes et dangereuses au niveau sociétal.
En 2018, au Canada, il était estimé qu’environ 62 000 personnes étaient porteuses du VIH. De ces 62 000 personnes, 85 % seraient sous traitement et 94 % de ces personnes traitées auraient une charge virale indécelable. Ainsi, près de 53 000 sont déjà sous traitement, diminuant le risque d’une transfusion accidentellement contaminée puisque ces personnes connaissent leur statut VIH positif. De ceux et celles qui restent, seulement 13 %, donc environ 8 000 personnes, seraient porteurs et porteuses du VIH, mais ne connaissent pas leur diagnostic.
Selon le CATIE8, un rapport de 2018 montre que 32 000 hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH ou MSM en anglais) vivraient avec cette condition, soit environ la moitié des cas au Canada (~52 %). Cependant, un rapport de l’Agence de la santé publique du Canada9 démontre qu’en 2018, environ 1 100 infections étaient de nouvelles infections chez les HARSAHs. Ces chiffres peuvent paraître gros, mais quand on met tout cela en perspective, on observe que le risque est moins grand qu’il ne le paraît. Il est estimé qu’entre 3 et 4 %10 de la population canadienne s’identifie comme HARSAH selon des données de 2011, ce qui correspond à 1 502 900 personnes dans un bain de 38 millions d’habitants. Ainsi, on peut voir qu’environ 2 % des HARSAHs sont atteints du VIH, et qu’environ 0,07 % des HARSAHs seront nouvellement atteints du VIH (si on se fie aux données de 2018). Enfin, ce rapport montre qu’il y a une baisse relativement rapide (3 % entre 2016 et 2018) des cas de VIH chez les HARSAHs. Il serait raisonnable de penser que les HARSAHs représentent une minorité des cas non-diagnostiqués vu la sensibilisation importante qui a été faite depuis plusieurs années auprès de cette population. Considérant que la grande majorité des cas de VIH sont diagnostiqués et traités, et considérant les chiffres indiquant les faibles risques d’être nouvellement infecté chez les HARSAHs, nous croyons que les conditions du don de sang empêchant tous les HARSAHs qui ne s’abstiennent pas sexuellement de donner ne sont pas justifiables. La communauté BTQIA2+, quant à elle, n’a pas été prise en compte explicitement dans les rapports, mais il est raisonnable de considérer qu’ils·elles font partie des données des HARSAHs ou qu’ils·elles font partie d’une catégorie grandement minoritaire des cas identifiés et comptabilisés par l’Agence de la Santé Publique du Canada.
Un autre risque est bien évidemment le passage inaperçu du VIH dans le sang testé. La Société Canadienne du Sang11 indique que leur test d’amplification des acides nucléiques réduit à 9 jours la période de latence sérologique. Cela veut donc dire que si une personne est infectée 9 jours ou plus avant de donner du sang, il sera possible pour le laboratoire de détecter de petites quantités de matériel génétique viral. Ceci réduit encore plus le risque de transmission du VIH de personnes ne connaissant pas leur statut d’infection.
Maintenant que vous êtes aux faits des risques de transmission du VIH via le don de sang par les personnes 2S/LGBTQIA+, il est temps de mettre en lumière les bénéfices sociaux qu’apporterait le remplacement de ce critère. Tout d’abord, une évaluation par l’organisme à but non lucratif Avec notre sang12 reflète que plus de 400 000 nouveaux·velles donneur·euse·s de sang pourraient être apporté·e·s par la communauté 2S/LGBTQIA+. Tous.tes ceux·celles qui sont minimalement au courant de l’état des banques de sang canadiennes savent que ce nouvel apport serait plus que souhaitable afin de satisfaire aux besoins des patient·e·s. Selon le site d’Héma-Québec, « 1000 dons de sang sont nécessaires par jour »13. Pourtant, en 2020-2021, le rapport de la même société indique qu’environ 206 690 dons14 ont été faits durant l’année, ce qui n’est pas à la hauteur des besoins. C’est sans parler de certains types sanguins (p.ex. O+) qui sont souvent en plus grande demande vue le plus petit bassin de donneur·euse·s disponibles. De permettre à ce si grand groupe de donneur·euse·s potentiel·le·s 2S/LGBTQIA+ de donner du sang pourrait non seulement renflouer les banques canadiennes, mais pourrait offrir un coussin supplémentaire aux sociétés de sang canadiennes, particulièrement pour les types sanguins plus rares. L’allègement de ces critères serait une grande victoire dans le combat contre la stigmatisation que vivent les personnes 2S/LGBTQIA+, vu le lien intime qui les lie à l’histoire du VIH. De plus, cet allègement permettrait d’ouvrir une discussion sociétale sur le VIH, et augmenterait par le fait même la sensibilisation de la population à cette maladie. Par ailleurs, des critères de gestion du risque appliqués à tous.tes permettrait de promouvoir la santé sexuelle de tous.tes, en ne pointant pas d’un doigt dégradant les personnes 2S/LGBTQIA+.
Ce que nous proposons…
Nous proposons à Santé Canada et à Héma-Québec de s’inspirer des pays européens qui ont déjà instauré les changements nécessaires à leur système de don de sang. Ainsi, nous proposons à Santé Canada et à Héma-Québec de s’inspirer, par exemple, du nouveau questionnaire d’admissibilité du Royaume-Uni afin de créer son propre questionnaire modernisé. Celui-ci permet d’offrir une approche plus personnalisée, en visant les comportements à risque par exemple, au lieu de généraliser tout un groupe, évitant ainsi la stigmatisation de certaines personnes. Plusieurs pays européens dont l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Pologne et la République Tchèque ont observé que malgré l’allègement des critères d’accessibilité au don de sang, aucun événement indésirable n’est survenu. Le Royaume-Uni jugeait que les critères étaient scientifiquement non justifiés, s’appuyant sur le fait que les statistiques suggèrent la prudence plutôt que l’interdiction.
Nous invitons également Héma-Québec à faire pression sur Santé Canada afin de mettre un terme aux mesures discriminatoires que sont ces critères sans fond scientifique réel. Bref, nous les invitons à prendre les mesures nécessaires afin d’accélérer le processus de modernisation des critères d’admissibilité au don de sang, et de faire toute démarche nécessaire afin de réparer des années de discrimination. Ce changement ne doit pas seulement être fait à cause du besoin criant de sang dans les banques de dons, mais bien parce que Héma-Québec reconnaît ses erreurs envers la communauté 2S/LGBTQIA+ et vise à devenir un safe space pour tous·tes.
Pour terminer, nous souhaitons ajouter que cette lettre n’a pas discuté de plusieurs autres critères visant certaines populations noires et/ou des travailleur·euse·s du sexe. Cependant, nous espérons que l’ouverture d’une discussion sur les critères d’admissibilité au don de sang servira de tremplin afin d’assouplir d’autres critères tout aussi discriminatoires et stigmatisants.
En tant que futur·e·s professionnel·e·s de la santé, c’est en s’attaquant aux aspects discriminatoires de toutes les sphères de la santé que nous pourrons rendre le système de santé québécois plus sécuritaire, inclusif et diversifié, mais surtout exempt de discriminations.
Signataires |
Olivier Landry, président de l’Association des étudiant·e·s en pharmacie de l’Université Kevin Demers, président de l’Association générale des étudiant·e·s en pharmacie de Valérie Chauvin, Présidente de l’Association étudiante de kinésiologie et d’éducation Juliette Meyer, Présidente de l’Association générale des étudiants et étudiantes en Adam Benabdesselam, Représentant aux affaires externes de l’Association des Marc-Alain Raymond, Président de l’Association des étudiantes et étudiants en Maxence Brouillette, Président du Regroupement des étudiants en médecine de Anthony Gagnon, Président de l’Association Générale Étudiante de Médecine de Alexandra Roy, Présidente de l’Association des étudiant·e·s en orthophonie et Dominick Scott, Président de la Société des étudiant·e·s en réadaptation de l’Université Émilie Fortin, Présidente de l’Association des étudiant·e·s en physiothérapie de Jani Boyer, Présidente de l’Association des étudiant·e·s en biologie de l’Université de Alexis Pozzo di Borgo, Représentant aux affaires externes de l’Association des Matheus Naegele Aranguren, Secrétaire Général de l’Association Générale des Julianne Daoust, Présidente de l’Association étudiante des Sciences infirmières de Éliot Bergeron, Président de l’Association Générale des Étudiants et Étudiantes en Clara Orsini, Présidente de l’Association des étudiants en Neurosciences de Sarah Bérubé-Bouchard, Présidente de l’Association des étudiants et étudiantes en Maxime Banville, Coordonnateur général de l’Association étudiante de travail social de Marilou Paquet, Représentante aux affaires externes de l’Association des étudiants et Alex Fiola, Président de l’Association des étudiants en médecine podiatrique de Alisa Sandolache, Présidente de l’Association des étudiants et étudiantes de biochimie Ariane St-Jean, Présidente de l’Association Générale des étudiants(es) en Sabrina Lalancette, Présidente de l’Association des étudiants et étudiantes en nutrition Catherine Lajoie, Présidente de la Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ) Gabrielle Guillemette, Présidente du Regroupement des associations étudiantes en Audrey Bricault, Présidente de l’Association des étudiants au doctorat en chiropratique Li’An Bordeleau, Présidente de l’Association des étudiantes et étudiants en Anne-Sophie Coulombe, Responsable des communications de l’Association des Jeremy Sananes, President, Dental Students’ Society of McGill University (DSS) George Gerardis, Vice-President External (Quebec) of the Montreal Campus of the Alexander Valerio, Executive President, Medical Students’ Society of McGill University Sara Masi, President, Health, Kinesiology and Applied Physiology Student Association Ilyas Dakak, Président de l’Association des étudiants(es) en médecine dentaire de Alexandra Pilote, Présidente de l’Association des doctorants en psychologie de Sandrine Thibault, Présidente de l’Association des étudiant(es) en psychologie de Francis Martineau, Président de l’Association modulaire des étudiants en travail social Camille Morais-Savoie, Présidente de l’Association Générale Étudiante de Médecine de Sandrine Bouchard, Présidente de l’Association Générale des étudiants en réadaptation Katherine Lortie, Coordonnatrice pour le Mouvement des étudiant.e.s en travail social de Éléonore Lemieux, Présidente de l’Association des étudiant(e)s en biochimie, |
Sources |
1. Paul Ménard L. (Héma-Québec). The start of a New Era [En ligne]. Montréal (CA): 2019 [Cité le 17 novembre 2021). Rapport no : 20, Disponible : https://www.hema-quebec.qc.ca/userfiles/file/RA-2018-2019/Hema-Quebec_2018-2019_Annual_Report.pdf 2. Paul Ménard L. (Héma-Québec). Every Gesture Counts [En ligne]. Montréal (CA): 2020 [Cité le 17 novembre 2021). Rapport no : 21, Disponible : https://www.hema-quebec.qc.ca/userfiles/file/RA-2019-2020/02/Hema-Quebec_2019-2020_Annual_Report.pdf 3. Société canadienne du sang. Adaptabilité. [En ligne]. Ottawa (CA). 2020. [Cité le 17 novembre 2021] Rapport no 3. Disponible : https://www.blood.ca/sites/default/files/CBS_AR20_EN_PDF_FINAL.pdf 4. Paul Ménard L. (Héma-Québec). All together for health [En ligne]. Montréal (CA): 2020 [Cité le 17 novembre 2021). Rapport no : 22, Disponible : https://www.hema-quebec.qc.ca/userfiles/file/RA-2020-2021/HQ-RA2020-2021-EN.pdf 5. Florence Morin-Martel. (La presse). Héma-Québec a besoin de 400 dons de plus par jour [En ligne]. Montréal (CA): 2021 [Cité le 17 novembre 2021). Disponible : https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2021-10-14/hema-quebec-a-besoin-de-400-dons-de-sang-de-plus-par-jour.php 6. Héma-Québec [En ligne]. Montréal (CA);2021. Critères de qualifications [cité le 17 novembre 2021]; [environ 2 écrans]. Disponible : https://www.hema-quebec.qc.ca/sang/donneur-sang/puis-je-donner/homme-ayant-eu-une-relation-sexuelle-avec-un-homme.fr.html 7. Canadian AIDS Treatment Information Exchange (CATIE) [En ligne]. Toronto (CA); N/A. Un historique du VIH et du sida. [cité le 17 novembre 2021]; [environ 8 écrans]. Disponible : https://www.catie.ca/fr/journee-mondiale-du-sida/historique 8. Canadian AIDS Treatment Information Exchange (CATIE) [En ligne]. Toronto (CA); N/A. The epidemiology of HIV in Canada. [cité le 17 novembre 2021]; [environ 9 écrans]. Disponible : https://www.catie.ca/the-epidemiology-of-hiv-in-canada 9. Agence de la santé publique du Canada. Estimations de l’incidence, et de la prévalence du VIH, et des progrès réalisés par le Canada en ce qui concerne les cibles 90-90-90 pour le VIH, 2018 [En ligne]. Ottawa (CA); 2020. Disponible : https://www.canada.ca/en/public-health/services/publications/diseases-conditions/summary-estimates-hiv-incidence-prevalence-canadas-progress-90-90-90.html#s7 10. Agence de la santé publique du Canada. Estimations de l’incidence, et de la prévalence du VIH, et des progrès réalisés par le Canada en ce qui concerne les cibles 90-90-90 pour le VIH, 2018 [En ligne]. Ottawa (CA); 2020. Disponible : https://www.canada.ca/en/public-health/services/publications/diseases-conditions/summary-estimates-hiv-incidence-prevalence-canadas-progress-90-90-90.html#s7 11. Société canadienne du sang [En ligne] FAQ. Ottawa (CA). 2020. [cité le 17 novembre 2021]; [environ 2 écrans] Disponible : https://www.blood.ca/fr/notre-sujet/ressources-pour-les-medias/hiv/faq-test-de-depistage-du-vih 12. With Our Blood / Avec notre sang [En ligne]. Montréal (CA). 2020. Aux boules à mythes. [cité le 17 novembre 2021]; [environ 2 écran]. Disponible : https://avecnotresang.ca/boules-a-mythes 13. Héma-Québec [En ligne]. Montréal (CA); N/A. Dons de sang total [cité le 17 novembre 2021]; [environ 1 écran]. Disponible : https://www.hema-quebec.qc.ca/sang/donneur-sang/types-de-don/don-de-sang-total/index.fr.html 14. Paul Ménard L. (Héma-Québec). All together for health [En ligne]. Montréal (CA): 2020 [Cité le 17 novembre 2021). Rapport no : 22, Disponible : https://www.hema-quebec.qc.ca/userfiles/file/RA-2020-2021/HQ-RA2020-2021-EN.pdf |