Lettre : Sociologues contre la hausse

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Par Administrateur
mardi 17 avril 2012
Lettre : Sociologues contre la hausse
(Crédit : Pascal Dumont)
(Crédit : Pascal Dumont)

Les signataires de cette lettre tiennent à manifester leur appui aux étudiants* qui s’opposent à la hausse des frais de scolarité au Québec. En tant qu’étudiants, assistants à l’enseignement et chercheurs, nous sommes troublés par les décisions du gouvernement actuel, lesquelles mèneront à l’augmentation des inégalités sociales tout en minant l’effort de gestion efficace et responsable des fonds publics. À ce sujet, nous désirons exposer trois points importants :

• Augmenter les frais de scolarité accroîtra les risques de pauvreté chez les jeunes, s’attaquant du même coup aux principes mêmes de la social-démocratie sur lesquels est basé le modèle québécois. Nous sommes fiers de vivre dans une province qui se distingue par sa volonté de soutenir les étudiants qui travaillent pour subvenir à leurs besoins. La hausse des frais de scolarité proposée va à l’encontre de cette tradition. En tant que citoyens et contribuables, nous croyons que les membres de la société ne devraient pas être pénalisés en raison de leur sexe, âge, milieu familial ou handicap. Considérant que les jeunes occupent une part importante des emplois à faible salaire et à temps partiel et que le marché de l’emploi est particulièrement compétitif et difficile d’accès pour les jeunes, la précarité est une réalité qui menace une grande partie du corps étudiant. Ainsi, l’augmentation des frais de scolarité risque de faire grimper le taux de pauvreté chez les étudiants comparativement au reste de la population.

• Augmenter les frais de scolarité amplifiera les disparités en termes d’accès à l’éducation supérieure. L’éducation postsecondaire est devenue une condition à la réussite professionnelle. Toutefois, entreprendre de telles études entraine des risques indéniables. Avant de se lancer dans l’aventure, un jeune doit s’assurer d’une part, qu’il peut financièrement se permettre d’entreprendre un tel projet et d’autre part, que son diplôme lui rapportera un emploi au final. La perception d’un risque élevé est plus grande chez les jeunes provenant d’une famille à faible revenu ou dont les parents n’ont qu’un faible niveau de scolarité. Les jeunes provenant de tels milieux font donc face à un risque plus élevé de s’endetter afin de compléter leur formation universitaire puisqu’ils ne bénéficient généralement pas du même soutien familial que les enfants de parents plus scolarisés. Par conséquent, la hausse des frais de scolarité affectera plus particulièrement les jeunes de familles à faible revenu en ce qui a trait à la possibilité d’obtenir un diplôme d’études collégiales ou universitaires, de même qu’à leurs chances de réussite future. Cette situation affectera également les jeunes de la classe moyenne qui reçoivent généralement une part moins importante de bourses dans le programme de prêts et bourses du gouvernement et dont le revenu familial limite la contribution financière possible des parents.

• Augmenter les frais de scolarité nuira à la formation universitaire et professionnelle des étudiants. La hausse forcera de nombreux jeunes à passer plus de temps au travail et ainsi, à consacrer moins de temps à leurs études. Cette mesure risque d’entrainer une augmentation du taux d’abandon scolaire puisque les jeunes pourront plus difficilement conjuguer études et travail. Les étudiants qui entre- prendront leurs études sous ce nouveau régime recevront le même diplôme que leurs confrères des années précédentes sans avoir pu y investir autant de temps et d’efforts. Cela s’avèrera néfaste à la fois pour les employeurs, qui se fient en grande partie aux diplômes et attestations d’études lors de l’embauche de jeunes candidats, mais aussi pour la population étudiante en général qui verra la valeur d’un diplôme universitaire chuter.

À long terme, les impacts négatifs de la hausse des frais de scolarité sur l’accessibilité des jeunes à l’éducation nous affecteront tous et toutes.

 

* Dans le présent document, le masculin est utilisé sans aucune discrimination et uniquement dans le but d’alléger le texte.

  • McGill Graduate Sociology Students’Association (MGSSA)
  • Association des cycles supérieurs de sociologie de l’UdeM (ACSSUM)
  • Sociology and Anthropology Graduate Student’s Association at Concordia University (SAGSA)
  • Association des étudiants et étudiantes des études avancées en sociologie de l’UQAM (AEEAS)