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Les universités sont-elles assez riches ?

Le gouvernement Charest a répondu aux attentes des recteurs des universités québécoises qui réclamaient une hausse du financement universitairede 620 M$. Raymond Bachand leur accorde 850 M$ étalés sur les six prochaines années. Sans surprise, les étudiants sont furieux. Les universités du Québec sont-elles vraiment sous-financées ?

Si vous croyez que vos représentants étudiants réclament un réinvestissement massif en éducation postsecondaire, détrompez-vous.

«Il y a beaucoup d’argent qui a été investi dans les universités dans les cinq dernière sannées, dont des sommes considérables dela part des étudiants», estime Louis-Philippe Savoie, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). M. Savoie considère que certaines dépenses administratives douteuses devraient être revues avantde parler de sous-financement. Il donne en exemple la hausse salariale de 100 000 $ accordée au recteur de l’Université Laval,M. Denis Brière.

Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole del’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), partage l’avis de son homologue.«De l’argent, il y a en beaucoup dansles universités », affirme-t-il d’emblée.«Proportionnellement à son PIB, le Québecfinance beaucoup plus ses universités quele reste du Canada et beaucoup plus que lamoyenne de l’OCDE (Organisation decoopération et de développement économique).»

À la recherche des 620 M$ perdus

Le discours concernant le sous-financementdes universités existe bel et bien, et ce, malgréce qu’en disent les associations étudiantes.Ce sont les dirigeants des universités, par le biais de la Conférence des recteurs etprincipaux des universités du Québec (CRÉPUQ), qui le défendent. Dans un rapport-choc publié en décembre dernier, comparant ses ressources à celles des autres provinces canadiennes, elle évaluait à 620 M$ lesous-financement annuel du réseau universitairequébécois.

Le 2 décembre dernier, le recteur M. Denis Brière, aussi président du Conseil d’administrationde la CRÉPUQ, se disait alors inquietpar voie de communiqué. «Ce sous-financement,qui perdure depuis de très nombreuses années, met en péril la qualité de la formation et des conditions d’apprentissage, l’intensité et l’efficacité de la recherche en milieu universitaire», écrivait-il.

Problème arithmétique

Les associations étudiantes torpillent ce rapport. Leur principal argument se rapporte au calcul utilisé par les recteurs pour fixer l’ampleur du sous-financement. Lorsque les universités québécoises soutiennent être sous financées de 620 M$, elles affirment en faitqu’il leur manque ce montant pour recevoirles mêmes revenus que leurs confrères dureste du Canada. «Pour nous, c’est un exercice que nous trouvons parfaitement inintéressant», déclare Louis-Philippe Savoie. «La situation est beaucoup moins catastrophique que ce que prétendent les recteurs.»

La FEUQ accuse aussi les recteurs de s’être servi de chiffres datant de 2007 et 2008 quine prennent pas en compte les investissements des dernières années. C’est sans compterle plus récent budget qui prévoit hausserle financement des universités de de 850 M$d’ici 2017. Si les groupes étudiants se refusent à parler d’un sous-financement, ils n’hésitent pas à parler de «mal-financement » et de problèmes de gestion.

Pour l’ASSÉ, il s’agit de problèmes reliés à la structure du financement. Par exemple, les facultés de sciences naturelles sont avantagées, car elles développent des produits destinés à être brevetés et éventuellement commercialisés.

Les mauvaises pratiques de gestion et le gaspillagesont pointés du doigt par la FEUQ.

Le fond du problème

L’enjeu qui se cache derrière ce débat un brintechnocratique, ce sont les droits de scolarité. La FEUQ et l’ASSÉ croient que le discours de la CRÉPUQ sert à justifier la présente hausse des droits de scolarité, car sans manque à combler, quelle est la nécessité d’augmenter les revenus ?

«Qui sont les gens qui crient sur tous lestoits au sous-financement ? demande Gabriel Nadeau-Dubois. C’est le Conseil du patronat du Québec, ce sont les chambresde commerce, les directions universitaires, le gouvernement, l’Institut économique de Montréal. Or, qui sont ceux qui demandent une augmentation des droits de scolarité ? Les mêmes, exactement les mêmes. »

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