D’après les chiffres recensés par le Journal de Montréal*, les quartiers les plus affectés sont ceux de Rosemont – La Petite-Patrie (5,6% d’augmentation), de Villeray – Saint-Miche – Parc-Extension (5,4% d’augmentation), d’Outremont (4,5% d’augmentation) et de Côte-des-Neiges – Notre-Dame-de-Grâce (4,2% d’augmentation). Curieusement, trois de ces quartiers sont limitrophes au nouveau campus MIL, dont l’entrée en fonction est prévue pour septembre 2019. Le quatrième contourne adroitement le site de la montagne.
Dans La Presse**, on parle d’une hausse allant de 6,4% à 8,2% des taxes pour les immeubles de six logements et plus dans les mêmes quartiers.
Modèle d’excellence
Il y a eu plusieurs coups de départ pour la campagne de séduction de l’UdeM. Pour certains, c’était l’inauguration de l’Institut de valorisation des données et le financement de 93 millions de dollars du gouvernement fédéral pour la recherche en intelligence artificielle. Depuis, les chercheurs sont sur toutes les plateformes et les avancées technologiques sont sur toutes les lèvres.
Pour d’autres, c’est quand la firme britannique Quacquarelli Symonds a parlé de Montréal comme étant la « meilleure ville étudiante ». Le recteur Guy Breton en a profité pour proclamer à qui voulait l’entendre, et surtout à qui voulait bien faire la sourde oreille, que l’UdeM est l’une des plus grandes universités de recherche au Canada. Dans sa bouche, « Université de Montréal » devient synonyme de réussite. On y entend un appel à rejoindre ses bancs d’école pour faire partie des meneurs de demain.
D’ailleurs, on lui donne raison concernant la qualité de la recherche. Pour la revue Québec Science, cinq des dix découvertes de l’année 2017 ont été faites à l’UdeM ou dans l’une des écoles associées.
Si les avancées scientifiques ne sont pas votre tasse de thé, des athlètes comme Régis Cibasu ou Kaleigh Quennec démontrent le potentiel d’excellence des Carabins. L’avenir, c’est déjà aujourd’hui, et c’est au CEPSUM qu’on le retrouve.
Au moment même où l’Université est sous les feux de la rampe, les augmentations qui se traduiront directement sur la facture mensuelle de plusieurs locataires apparaissent comme un potentiel facteur dissuasif.
Démonter le complot
C’est là que j’enlève mon chapeau en papier d’aluminium. Est-ce vraiment dans l’intérêt du recteur de rendre son université plus attrayante pour que, finalement, la Ville lui mette des bâtons dans les roues en augmentant les loyers des étudiants présents et futurs?
S’il y avait eu une réunion secrète entre Guy Breton et la mairesse Valérie Plante, probablement qu’ils auraient créé un plan d’action concerté pour augmenter la visibilité et le sex appeal de l’UdeM et de la Ville. Pour l’université, c’est réussi, qu’on soit en accord ou non avec les méthodes utilisées depuis l’entrée en fonction du recteur. Du côté de la municipalité, c’est un départ sur les chapeaux de roue.
L’image du joyau inatteignable est certainement rigolote. C’est un plan énorme, machiavélique, digne d’une comédie, tellement c’est loin des désirs des deux partis. Par conséquent, la hausse des impôts fonciers dans les quartiers avoisinant le campus de la montagne relève plutôt de la mauvaise plaisanterie.
Etienne Galarneau