Les réunions Zoom vous épuisent ? C’est normal, d’après ce chercheur de Stanford, et voici pourquoi

icone Societe
Par Romeo Mocafico
mercredi 10 mars 2021
Les réunions Zoom vous épuisent ? C’est normal, d’après ce chercheur de Stanford, et voici pourquoi
L’étude recommande notamment de désactiver son retour caméra sur son écran, mais aussi de s’octroyer régulièrement des pauses visuelles en détournant le regard de l’écran. Crédit : Gabriel Benois via Unsplash.
L’étude recommande notamment de désactiver son retour caméra sur son écran, mais aussi de s’octroyer régulièrement des pauses visuelles en détournant le regard de l’écran. Crédit : Gabriel Benois via Unsplash.

D’après le professeur en sciences de la communication à l’Université de Stanford, en Californie, Jeremy Bailenson, quatre éléments peuvent expliquer la fatigue ressentie lors des réunions en télétravail.

« Il y a quelque chose de particulièrement épuisant à passer sa journée en visioconférence », déclare M. Bailenson dans son étude publiée dans la revue scientifique américaine Technology, Mind, and BehaviorLa Zoom fatigue, qui tire son nom du logiciel largement utilisé pour accueillir des conférences à distance, aurait, d’après lui, quatre origines.

1. L’intensité de l’eye contact

La taille des visages sur l’écran et la quantité de regards échangés avec ses interlocuteurs seraient les premières causes de cette fatigue.

Le chercheur explique que sur Zoom, notre regard est sur-sollicité car nous observons tout le monde, tout le temps. Cette augmentation du nombre d’eye contact n’est, d’après lui, pas naturelle et pèserait sur notre charge mentale. Monopoliser l’attention lorsque nous décidons de prendre la parole augmenterait également le stress : « La crainte de parler en public est l’une des plus grandes phobies de notre société, explique M. Bailenson. Quand vous prenez la parole et que tout le monde vous fixe, c’est une expérience stressante. »

La taille des visages lors de certaines réunions peut également être un facteur de stress supplémentaire. Un visage trop grand sera assimilé par le cerveau à un visage proche du sien, et donc à une situation pouvant mener à un rapprochement intime ou à un conflit.

2. L’effet miroir

La plupart des plateformes permettent d’avoir un retour de sa propre caméra sur son écran. Les recherches de M. Bailenson démontrent que cette fonctionnalité crée un environnement plus propice à son autocritique. « C’est pénible, développe-t-il. C’est stressant. De nombreuses études démontrent que se voir dans un miroir peut avoir des conséquences émotionnelles négatives. »

3. Le manque de mobilité

M. Bailenson soutient que les individus sont plus performants sur le plan cognitif lorsqu’ils sont en action. Or, devoir rester dans le cadre de sa caméra limite fortement les mouvements et encourage les gestes « non naturels » lors d’une réunion en ligne.

4. La charge cognitive plus importante

La visioconférence ne permet pas, à l’instar d’une conversation en présentiel, de bénéficier de tous les signaux « naturels » de communication non verbale. Au cours d’une visioconférence, les interlocuteurs doivent s’employer de façon plus conséquente pour recevoir et envoyer ces signaux. « Si vous voulez montrer à quelqu’un que vous approuvez ce qu’il dit, vous devrez hocher la tête de façon exagérée ou lever le pouce, poursuit M. Bailenson. Cela ajoute une charge cognitive pour communiquer. »

Des pistes de solutions

Le chercheur fournit également quelques astuces pour réduire les conséquences de cette fatigue lors de réunions en ligne.

Tout d’abord, l’article préconise de réduire la taille des vignettes de ses interlocuteurs et d’utiliser un clavier externe afin de s’éloigner de l’écran et d’augmenter la taille de son espace personnel. L’étude recommande également de désactiver son retour caméra sur son écran en faisant un clic droit sur sa photo, mais aussi de s’octroyer régulièrement des pauses visuelles en coupant sa propre caméra et en détournant le regard de l’écran.