Les professeurs de l’UQAM manifestent pour de meilleures conditions d’enseignement

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Par Romeo Mocafico
jeudi 17 septembre 2020
Les professeurs de l’UQAM manifestent pour de meilleures conditions d’enseignement
Olivier Aubry lors de son discours sur la Place Pasteur de Montréal. Crédit photo: Romeo Mocafico
Olivier Aubry lors de son discours sur la Place Pasteur de Montréal. Crédit photo: Romeo Mocafico
Des membres de l’UQAM et de plusieurs syndicats de professeurs ont manifesté ce mercredi 16 septembre pour dénoncer les conditions d’enseignement de la session à distance. Ils ont notamment mis en avant la surcharge de travail des enseignants, le manque d’encadrement de l’Université et le financement insuffisant du gouvernement.

« On ne peut pas continuer à être en situation d’état d’urgence, comme c’était le cas au printemps, de façon permanente », résume le président du Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l’UQAM (SPPEUQAM), Olivier Aubry. Autour du lui, une cinquantaine de manifestants s’étaient réunis devant le pavillon Athanase-David de l’UQAM pour dénoncer les conditions de l’enseignement à distance à l’Université.

Trop d’étudiants par classe

La principale revendication concerne le nombre d’étudiants par cours, considéré comme trop important par les acteurs universitaires présents. « On demande de limiter la taille des groupes-cours, et donc d’avoir des classes avec un moins grand nombre d’étudiants, explique M. Aubry. C’est important, car l’encadrement est beaucoup plus demandant en ce moment. » Le président explique que l’UQAM, qui a refusé la précédente demande adressée par le SPPEUQAM, augmente au contraire la taille des groupes-cours par rapport aux sessions précédentes.

Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ), qui représente 85% des professeurs de Cégep et 85% des chargés de cours de 10 universités, approuve ce constat.

« Les universités ont profité de la situation pour déplafonner le nombre d’étudiants par groupe, précise-t-elle. Quand d’habitude, on a des classes de 30 ou 40 étudiants à l’UQAM, et qu’on peut en mettre autant qu’on veut sur Zoom, il y a des enjeux de pédagogie, d’emplois, et en lien à l’apprentissage des étudiants, qui sont bouleversés. »

Caroline Quesnel lors de sa prise de parole. Crédit photo: Romeo Mocafico.

Surcharge de travail

D’après la FNEEQ, qui calcule actuellement le nombre d’heures supplémentaires que cette augmentation d’étudiants par classe génère, les risques d’épuisement professionnel deviennent importants pour les professeurs. En effet, les intervenants insistent sur le fait qu’un étudiant de plus par classe augmente la charge de travail, notamment lors des examens et de l’accompagnement particulier tout au long de la session.

« C’est une évidence qu’il y a une surcharge, poursuit Mme Quesnel. On entend partout des cris de détresse des enseignants, alors que les cours ont repris il y a deux semaines. »

M. Aubry, qui est également chargé de cours à l’UQAM, constate également cette augmentation des heures de travail. « On demande la réduction de la taille des groupes-cours, ou alors une compensation financière », revendique-t-il.

De l’enseignement « non-présentiel »

Mme Quesnel espère pouvoir interpeller la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, pour alléger le travail des enseignants dans la province et fournir les fonds nécessaires aux établissements universitaires. « Il faut que madame la ministre rende la session plus viable pour tout le monde, exhorte-t-elle. À la fin juillet, des annonces ont été faites, mais l’argent versé est resté bloqué entre l’administration et d’autres corps dans les universités. C’est inacceptable, car le cœur d’une université, c’est l’enseignement. »

Pour M. Aubry, le statut d’emploi des enseignants de l’UQAM rend lasituation d’autant plus compliquée. « À l’UQAM, on est contractuels. Donccet été, quand on a adapté nos cours pour l’automne, on a fait ça bénévolement, en dehors de nos heures de contrats », précise le président du SPPEUQAM, qui doit également fournir son propre matériel éducatif pour les cours en ligne. « On nous dit « Soyez créatifs, payez de votre poche, et puis débrouillez-vous pour accommoder les étudiants ! ».C’est là que ça ne peut pas fonctionner. »

D’après le chargé de cours, la décision de l’Université d’augmenter les heures des auxiliaires d’enseignement dans le but d’assister les professeurs reste insuffisante. « En ce moment, on ne fait pas de l’enseignement en ligne, on fait de l’enseignement en non-présentiel. Ça ne demande pas les mêmes ressources. »