Un mois jour pour jour après la manifestation monstre du 22 mars contre la hausse des frais de scolarité, la communauté universitaire montera une nouvelle fois au front social. Cette fois, c’est la défense de l’environnement qui fera descendre étudiants et professeurs dans les rues aux côtés des artistes pour un premier «printemps tranquille» lors du jour de la Terre, le 22 avril prochain.
« Les étudiants nous parlent ces temps-ci dans les rues, ils nous posent des questions. Il y a des débats de société à avoir et, si les étudiants n’étaient pas dans la rue présentement, nous n’aurions pas ces débats-là », explique Dominic Champagne, l’artiste instigateur du ras semblement du 22 avril.
Oliver Vinette, bientôt diplômé en gestion à HEC Montréal et animateur à CISM, fait partie des étudiants engagés dans la promotion du rassemblement.
« Le 22 avril, c’est le jour de la Terre, mais c’est surtout un symbole pour tout ce qui concerne l’environnement. Notre manifestation pacifique pour la défense de nos richesses naturelles s’y inscrit donc naturellement » , explique-t-il.
Tout a commencé quand une amie étudiante à l’UQAM, Léa Clermont- Dion, lui a demandé de s’exprimer sur l’environnement devant sa caméra. Depuis, Oliver contribue autant que possible à la diffusion de l’évènement, en ondes dans son émission À la bonne heure comme autour de lui. Il soutient que, contrairement à d’autres causes, la question environnementale ne laisse personne indifférent.
Pour lui, les étudiants n’ont pas d’autre rôle dans le projet que de diversifier le visage du mouvement.
« Ce n’est pas une affaire d’étudiants ou d’artistes, mais celle d’une génération sensible à la cause de l’environnement », précise- t-il. Cependant, il admet que la popularité de l’évènement est particulièrement grande chez les étudiants, sans doute parce qu’ils constituent une population déjà fortement conscientisée. « Chacun va venir pour ses propres raisons, mais collectivement, la foule formera un ensemble cohérent », poursuit M. Vinette.
22 avril et 22 mars, même combat ?
Outre la coïncidence entre les dates des deux évènements, la visibilité et la popularité du rassemblement du 22 avril pourraient reposer en grande partie sur celles de la grève étudiante.
« Une manifestation, c’est un évènement plutôt effrayant aux yeux de la population. Le fait que le 22 mars se soit déroulé dans une ambiance festive rassure et donne espoir pour le rassemblement du 22 avril », analyse M. Vinette.
Il croit que la lutte pour le droit à l’accessibilité scolaire est similaire à la défense des ressources naturelles et à la promotion du développement durable, en ce qu’elles invitent toutes à envisager collectivement un meilleur avenir. « La question est autant l’articulation des valeurs de l’environnement que celle de l’éducation dans l’avenir des québécois », soutient-il.
Le sociologue Guy Rocher partage cette analyse, comme le révèle une lettre qu’il a coécrite et envoyée au journal Le Devoir le 11 avril dernier.
Selon lui, la lutte pour l’accessibilité scolaire et la protection des ressources naturelles sont toutes deux des choix politiques. Elles devraient constituer des principes de base autour desquels toutes les politiques devraient s’accorder. « Comment peut-on en même temps faire de tels dons à des entreprises qui s’en prennent à nos ressources naturelles [dans le cadre du Plan Nord] et refuser aux étudiants l’investissement pour assurer leur avenir à l’université ?» explique-t-il dans sa lettre.
Aussi des professeurs
Le 9 avril dernier, Pierre Batellier, coordonnateur du développement durable de HEC, et Normand Mousseau, professeur de physique de l’UdeM, ont donné devant une centaine de personnes une conférence en relation avec la manifestation du 22 avril. Ils ont parlé de développement durable, de responsabilité des entreprises, de pétrole et de gaz de schiste en sol québécois.
« Nous avons des questions à nous poser en tant que citoyen, en ce qui a trait à nos responsabilités dans la gestion de nos ressources naturelles, plaide M. Mousseau. Il est important que les citoyens qui viennent à la manifestation soient bien informés des faits pour légitimer leurs revendications. »
Comme quoi la question de l’éducation est au centre de la manifestation du 22 avril comme de celle du 22 mars.
*Article modifié le 18 avril 2012 11:20*