Les médecins de famille et les étudiants

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Par Pascale Langlois
vendredi 2 mars 2018
Les médecins de famille et les étudiants
En 2017, il y avait 20 909 médecins actifs inscrits au tableau de l’ordre, d’après les chiffres du Collège des médecins du Québec. (Crédit photo : Courtoisie Lawrence Arcouette)
En 2017, il y avait 20 909 médecins actifs inscrits au tableau de l’ordre, d’après les chiffres du Collège des médecins du Québec. (Crédit photo : Courtoisie Lawrence Arcouette)
Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a annoncé le 31 janvier dernier que seulement 79,1 % des Québécois étaient inscrits auprès d’un médecin de famille à la fin 2017, soit cinq points en dessous de l’objectif qu’il s’est fixé.

Le taux d’inscription auprès d’un médecin de famille varie selon les régions, passant de 65,8 %, dans la région de Montréal, à 88,5 % dans celle de Chaudière-Appalaches. Ces variations se font également remarquer selon les groupes d’âge, allant de 67,9 % chez les 18-49 ans à 92,2 % chez les personnes âgées de plus de 70 ans.

Étudiante au baccalauréat en deuxième année préclinique à l’UdeM, Sabrina Madagh n’a pas de médecin de famille. Lors de son entrée en médecine, elle a dû confirmer que ses vaccins étaient à jour et effectuer un bilan de santé complet. « Comme je n’ai pas de médecin de famille, j’ai dû me présenter dans une clinique sans rendez-vous, raconte-t-elle. Le défi, c’était de pouvoir rencontrer le même médecin deux fois de suite. »

Depuis le début de ses études, Sabrina prend conscience de l’importance d’avoir un médecin de famille. « Le médecin de famille, c’est celui qui pourra déceler certains problèmes que seul un suivi régulier peut mettre en lumière, explique-t-elle. C’est la première ligne, le point de départ dans le système de santé. » Depuis l’entrée en vigueur de la loi favorisant l’accès aux médecins de famille, il est nécessaire d’en avoir un même pour consulter dans un centre local de services communautaires (CLSC).

L’étudiante insiste sur l’importance de la prévention. « À l’école, on nous apprend que c’est la meilleure façon de traiter plusieurs maladies, avance-t-elle. Mais si l’on ne voit pas les patients et si l’on ne peut pas faire de suivi, alors on ne peut pas faire de prévention. »

De son côté, l’étudiante au baccalauréat en psychologie Florence Potvin a eu son nom sur une liste d’attente pendant quatre ans. « Ça ne fait pas longtemps que j’ai mon médecin, alors je ne l’ai vu qu’une seule fois, précise-t-elle. Mais, c’est important d’avoir quelqu’un qui a ton dossier en mains. »

Des services à l’Université

La professeure au Département de médecine de famille et médecine d’urgence de l’UdeM Marie-Dominique Beaulieu rappelle que la cible du ministère ne doit pas être dogmatique. « Chez les jeunes dans la vingtaine, qui sont en bonne santé, le besoin peut moins se faire sentir, contrairement aux personnes âgées qui sont aux prises avec des problèmes chroniques », explique-t-elle.

Selon cette ancienne médecin de famille, les services universitaires, comme la clinique de l’UdeM, sont appropriés pour les jeunes étudiants. « L’important, c’est d’avoir un lieu où l’on est connu, précise Mme Beaulieu. Généralement, c’est après leurs études que les jeunes s’installent et cherchent un médecin de famille. »

Alexie Byrns, étudiante au baccalauréat en neuroscience à l’UdeM, n’a pas de médecin de famille et n’est pas encore sur une liste d’attente. « À la clinique de l’Université, on peut avoir facilement et rapidement accès à un médecin, élabore l’étudiante. Je peux même avoir accès au même médecin à plusieurs reprises. » Pour elle, l’urgence de s’inscrire sur une liste d’attente ne se fait pas sentir.

Un manque à combler

Parmi les collègues de classe de Sabrina, plusieurs deviendront médecins de famille, affirme-t-elle. Elle est préoccupée par la situation dont certains lui font part. « Il y a une pénurie de médecins de famille, mais il y a aussi une pénurie de lieux physiques à Montréal, déplore l’étudiante. Certains de mes amis doivent travailler dans deux cliniques différentes. Quand ils ne sont pas présents, personne ne peut prendre les patients à leur place. »

Même si elle considère que les besoins peuvent être moins pressants chez les jeunes étudiants en santé, Mme Beaulieu souligne que trouver un médecin de famille reste une tâche ardue. Ces derniers se retrouvent souvent obligés de consulter un médecin dans les petites urgences de quartier.

-30- Exergue : « À l’école, on nous apprend que la prévention, c’est la meilleure façon de traiter plusieurs maladies, explique l’étudiante en médecine Sabrina Madagh. Mais si l’on ne voit pas les patients et si l’on ne peut pas faire de suivi, alors on ne peut pas faire de prévention. » « L’important, c’est d’avoir un lieu où l’on est connu, précise la professeure Marie-Dominique Beaulieu. Généralement, c’est après leurs études que les jeunes s’installent et cherchent un médecin de famille. »


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