La littérature se mobilise

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mercredi 15 février 2017
La littérature se mobilise
Manifestation contre le racisme d'état (4 septembre 2010)/Photo : flickr.com|carac3
Manifestation contre le racisme d'état (4 septembre 2010)/Photo : flickr.com|carac3
Après les attentats qui ont ébranlé le Québec le mois dernier, l’engagement littéraire peut représenter une passerelle entre les cultures, un lieu de rassemblement contre les disparités et la haine raciale. Parce que la littérature, c’est aussi guérir les maux par les mots.

La littérature n’est pas que célébration fictive et divertissement. Sous la couverture d’un livre se cache très souvent un écho, un témoignage de vie qui ouvre un chemin vers l’autre et œuvre à une meilleure compréhension du monde.

C’est ce qu’a tenté de faire Blaise Ndala, auteur d’origine congolaise récemment publié aux Éditions Mémoires d’encrier. Son nouveau roman, Sans capote ni Kalachnikov, traite de la guerre, du racisme, mais aussi du profit des riches sur le dos de la pauvreté. Dans son récit, l’écrivain militant entraine ses lecteurs dans les bas-fonds de l’humanité et tente de les rapprocher au plus près des réalités. Il n’est pas seulement question de transposer une réalité connue de tous, mais d’y apporter une coloration personnelle. Le narrateur se livre en toute intimité, émotions et sentiments à découvert, et c’est justement cela qui touche les gens en plein cœur.

« Où que tu choisisses de vivre, tu auras toujours à affronter de suprêmes ignorances. » – Maya Angelou

Blaise Ndala n’est pas le premier à avoir fait acte de résistance. De nombreux auteurs issus des quatre coins du globe se sont ralliés au mouvement de soutien littéraire, œuvrant contre la ségrégation et la suprématie de l’ignorance. Gaël Faye, Maya Angelou, Déni Béchard ou encore Natasha Kanapé Fontaine, toute une horde d’intellectuels qui engagent leur plume au service du savoir et de la diffusion multiculturelle. Le public visé ? Tous, sans exception. Les élèves et les étudiants sont bien entendu les premiers concernés, car c’est dans le berceau du secondaire et de l’université que les gens affutent leurs premières idées et consolident les bases de leur éducation.

De plus, cette nécessité du partage et de la découverte de l’autre est d’autant plus pressante à la lumière des événements actuels. Le Québec se tient au carrefour de grands débats, et la ferveur politique entourant les questions de l’immigration et du nationalisme québécois fait de plus en plus pression sur les minorités ethniques, attisant du même coup la haine raciale. Or, la sensibilisation du peuple ne peut aboutir que s’il y a liberté d’expression, et celle-ci passe avant tout par le discours, qu’il soit médiatique ou littéraire.

Le réceptacle de l’éducation

Les livres sont de fabuleux témoins et se posent en véritables porte-paroles. Faire circuler la littérature, c’est un peu comme passer le mot d’un bout à l’autre du monde, c’est répandre le savoir, lancer une bouteille à la mer et tenter de bâtir, avec les mots, un empire de solidarité et d’amour, sans distinction de genres, de couleurs ou de confessions religieuses. Les mots s’aventurent bien au-delà de la fiction ; ils sont là pour faire tomber les murs de l’incompréhension, de l’ignorance qui engendre la haine et le refus de l’autre.

Les écrits littéraires servent donc de rempart à l’ignorance et de médiateur, mettant les lecteurs en contact avec d’autres réalités que les leurs. Pas besoin de parcourir les mers, la littérature dissout les frontières et permet à chacun de voyager à travers l’autre, de s’identifier à lui et de l’intégrer à la communauté. Que vous soyez écrivain ou lecteur, la relève du savoir est affaire collective.

Le rayonnement de la diversité se passe avant tout sur les bancs de l’école et de l’université. Il est du ressort de l’éducation d’initier les populations étudiantes à une littérature plus engagée, de former les plumes de demain. Agir sur le terrain intellectuel des mots, c’est combattre les maux à la racine, et mobiliser, une bonne fois pour toutes, les cultures sous le symbole de l’union et de l’égalité.