Les tensions se multiplient entre des regroupements d’étudiant·e·s propalestinien·ne·s et l’administration de certaines universités. L’Université Columbia est devenue l’épicentre du mouvement qui a vu des tentes apparaître sur de nombreux campus depuis le 17 avril dernier. Les manifestant·e·s réclament aux universités de se désinvestir d’Israël.
Le bras de fer se poursuit entre les étudiant·e·s et les administrations de plusieurs universités, tandis que la police commence à s’immiscer. À New York, l’ultimatum de 14 heures du lundi 29 avril dernier donné aux manifestant·e·s par l’Université Columbia pour évacuer les lieux n’a pas été respecté. Des centaines de policier·ère·s ont ainsi expulsé des étudiant·e·s de leur campement.
« Ce que je trouve profondément choquant aux États-Unis, c’est qu’on soit parti tout de suite dans une logique de répression et qu’il n’y ait pas eu véritablement de médiation, témoigne la directrice de l’Observatoire de géopolitique et membre de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand, Élisabeth Vallet. Mais ça vient aussi avec un mouvement. Tous ces discours sur la loi et l’ordre qu’on voit réapparaître aux États-Unis véhiculent aussi beaucoup cela. »
Une vague de contestations embrase le pays
Des campements propalestiniens sont apparus sur plus de 25 campus américains. Les étudiant·e·s pointent du doigt le soutien des États-Unis envers Israël, qu’il soit militaire, financier ou politique.
En date du 1er mai, plus de 1 000 arrestations en lien avec le mouvement ont eu lieu dans tout le pays, selon le New York Times. Les images de policiers antiémeutes intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde, rappelant des évènements similaires aux États-Unis lors de la guerre du Vietnam.
« Le principe d’un campus universitaire, c’est qu’il y ait une forme de liberté d’expression et, qu’au fond, cela fait partie du laboratoire du campus universitaire de manifester, d’exprimer des pensées qui sont peut-être différentes du reste de la société, explique Mme Vallet. Chaque fois qu’on réprime une manifestation pacifique, on contribue à éroder la démocratie. »
Le mouvement dépasse les frontières américaines
Ces derniers jours, le mouvement a franchi les frontières. Son influence commence à se faire sentir en France, notamment sur le campus de Sciences Po Paris ou à la Sorbonne, et des tentes ont également été installées aux abords de l’Université McGill.
« Ce qu’il s’est passé à l’Université Columbia a eu des impacts ici et même à l’international, donc on a vu des répercussions dans la communauté étudiante à Montréal, surtout dans les universités anglophones », affirme Leïla, membre du Collectif interassociatif de l’UdeM pour la Palestine.
Selon elle, les campements « ne sont pas venus de nulle part » et les demandes faites au personnel et à l’administration des universités laissées sans réponse seraient en cause.
Bien que les revendications des étudiant·e·s varient d’une université à l’autre en fonction des accords et des investissements spécifiques, elles s’inscrivent toutes dans une initiative commune de se désolidariser financièrement d’Israël. « Dans toutes les universités, que ce soit Concordia, McGill, l’UQAM ou l’UdeM, on a les mêmes demandes, souligne Nada, également membre du collectif. Ce sont des demandes globales, ce sont des demandes à l’international. »
Les manifestations montréalaises pacifiques
Des agents de sécurité restent en faction, mais aucun policier n’est encore intervenu à Montréal, même après la demande d’assistance de McGill auprès du SPVM. Tout en se montrant favorable à une approche pacifique, le service policier affirme vouloir explorer toutes les possibilités avant d’intervenir.
Une demande d’injonction provisoire déposée par deux étudiant·e·s de McGill et visant à empêcher les militant·e·s propalestinien·ne·s de manifester à moins de 100 mètres des bâtiments universitaires de l’Université a été rejetée par le tribunal ce mercredi.
« L’Université McGill doit prendre des décisions respectueuses du droit de manifester en ce qui concerne le campement érigé sur le campus, et être à l’écoute des importantes revendications », a affirmé dans un communiqué la Ligue des droits et libertés, en réaction aux actions de l’administration.