Les journaux étudiants Le Délit français et The McGill Daily lancent un appel à l’aide

icone Campus
Par Alexia Boyer
mercredi 16 novembre 2022
Les journaux étudiants Le Délit français et The McGill Daily lancent un appel à l’aide
Crédit : Andrys sur Pixabay
Crédit : Andrys sur Pixabay
Jusqu’au 18 novembre prochain, les étudiant·e·s de l’Université McGill sont invité·e·s à voter pour ou contre le maintien des cotisations qui financent les journaux étudiants indépendants Le Délit français et The McGill Daily. Une issue défavorable entraînerait irrémédiablement la disparition des deux publications.
«Si Le Délit et The Daily venaient à fermer leurs portes, il ne resterait qu’un seul journal à McGill, ce qui serait néfaste à la pluralité de l’information», Gabrielle Genest, rédactrice en chef du Délit français.

Le Délit français et The McGill Daily sont deux journaux étudiants édités par La Société des publications du Daily (SPD). Le premier constitue l’unique journal francophone de l’Université McGill et, tout comme son confrère anglophone, ne peut exister sans un financement de la communauté étudiante.

Référendum jusqu’au 18 novembre

Depuis le 14 novembre, et ce, jusqu’au 18, les étudiant·e·s de l’Université McGill sont appelé·e·s à se prononcer sur le maintien des cotisations étudiantes qui permettent de financer la SPD. Les publications à but non lucratif qu’elle produit sur papier et en ligne existent grâce à des frais obligatoires de 6 $ par session pour les étudiant·e·s de premier cycle.

Si le « non » l’emportait, Le Délit français et The McGill Daily seraient contraints de cesser leurs publications. « Nous avons un petit coussin financier qui nous permettra de continuer à publier pendant quelque temps, mais certainement pas jusqu’au prochain référendum qui aura lieu dans cinq ans, explique la rédactrice en chef du Délit français et étudiante en 4e année au baccalauréat en droit, Gabrielle Genest. Le Délit devra forcément fermer à un moment. »

Appel à la communauté

L’équipe du Délit en appelle donc à la communauté mcgilloise pour assurer sa survie. Pour celles et ceux qui seraient sensibles à la cause sans être rattaché·e·s à l’Université, Gabrielle précise que « partager le lien du référendum avec leurs connaissances qui étudient à McGill peut déjà être une aide ».

Selon la rédactrice en chef, plusieurs étudiant·e·s ne seraient pas au courant de la tenue de ce vote, ni de ce qu’il implique réellement. « Les gens ne sont pas conscients du fait que la victoire du “non” entraînerait la fin de deux journaux de McGill, certains pensent que ça ne concerne que Le Délit », poursuit-elle. L’équipe du journal doit ainsi parvenir à mobiliser la communauté étudiante, mais également à lutter contre la désinformation : des arguments en faveur de l’arrêt du financement de la SPD seraient en effet diffusés sur les médias sociaux, sans préciser l’impact réel de cette décision.

Importance du financement

Les cotisations étudiantes sont vitales pour le financement des journaux indépendants publiés dans les universités. Pour Le Délit français, elles permettent la location des bureaux auprès de l’association étudiante, l’achat et la maintenance du matériel de production, l’impression hebdomadaire de 3500 exemplaires du journal, la rémunération de quelques personnes pour la direction, la comptabilité et le soutien technique, ainsi que le versement de petites allocations pour les étudiant·e·s responsables du conseil éditorial. Gabrielle, qui consacre une trentaine d’heures par semaine à son poste de rédactrice en chef, ne pourrait pas s’impliquer au Délit français sans cette compensation financière. Plusieurs autres contributeur·rice·s se trouvent dans la même situation, ne pouvant concilier leurs tâches au sein de la rédaction avec un emploi.

Pourquoi voter «oui»

Gabrielle tient à rappeler la pertinence de l’existence du Délit français au sein de l’université anglophone. Ainsi, il constitue une plateforme d’expression pour les francophones[1], les francophiles et toute personne qui souhaite apprendre le français. Elle précise également que le journal, tout comme son confrère The McGill Daily, propose à son lectorat une information critique et vérifiée, du journalisme d’enquête sur le campus, en plus de la diffusion de commentaires sociaux et de travaux créatifs. De plus, ses publications constituent une école de journalisme alternative au sein de l’Université McGill, qui n’offre pas de programme d’études en journalisme. Des générations d’étudiant·e·s formés au Délit français et au McGill Daily ont ainsi fait carrière dans des médias nationaux et internationaux par la suite.

« Si Le Délit et The Daily venaient à fermer leurs portes, il ne resterait qu’un seul journal à McGill, ce qui serait néfaste à la pluralité de l’information », alerte Gabrielle.

Du soutien de la part de regroupements étudiants et de médias

Plusieurs publications telles que la revue L’Esprit Libre ou The Concordian, ainsi que des groupes étudiants comme l’Association des étudiants et étudiantes en droit (AÉD) de McGill affichent leur soutien à la SPD. Quartier Libre s’est joint à eux, en cette période d’incertitude qui frappe bon nombre de médias, en particulier au sein des universités.

[1] Depuis la création du Délit français en 1977, la proportion d’étudiant·e·s francophones à McGill est restée stable et représente environ 20 % des effectifs.