Volume 28

Les coups de pouce abondent sur le réseau social. Crédit photo : Pete Linforth sur pixabay.com. Libre d'utilisation.

Les groupes d’entraide Facebook ont la cote

Impatience ou souci d’efficacité ? Entre envoyer une demande par courriel à un professeur ou une professeure et publier une question sur un groupe Facebook, le choix semble vite fait pour bon nombre de membres de la communauté universitaire, qui débordent de questions à l’occasion de cette session d’automne très particulière. Des problèmes les plus simples aux plus techniques, plusieurs groupes Facebook comme « UdeM+1 2021-2022 » sont devenus de véritables refuges d’entraide, au regard des très nombreuses réactions visibles sous la plupart des publications.

Les étudiants et étudiantes rencontrent en effet des embûches depuis le retour des cours en classe. Entre les consignes sanitaires à respecter, les nouvelles mesures d’immigration pour la communauté étudiante internationale et l’accès difficile à certains bâtiments en raison des chantiers, les groupes en ligne deviennent un eldorado en cas de problème, selon les dires de plusieurs personnes. Parmi celles-ci, l’étudiant en année préparatoire au baccalauréat en communication Hugo Blind explique que Facebook est un outil facile d’utilisation. « Généralement, tout le monde est sur Facebook, témoigne-t-il. C’est assez facile de retrouver des gens pour créer un groupe Messenger et pour pouvoir discuter. »

UdeM+1, LA référence

Hugo Blind, étudiant en année préparatoire au baccalauréat en communication. Photos : Ludivine Lesi.

Le groupe « UdeM+1 », spécialement créé par l’Université de Montréal pour venir en aide aux nouveaux étudiants et nouvelles étudiantes, est géré par des « ambassadeurs » et « ambassadrices », une brigade destinée à accueillir les nouveaux membres. « UdeM+1, c’est le groupe de référence de tous les étudiants », estime Hugo Blind.

« C’est une grande communauté où tout le monde a un peu les mêmes problèmes », ajoute l’étudiante en troisième année au baccalauréat en psychologie et sociologie Mathilde Zanetti. Dans ces groupes, où les membres de la communauté se répondent, une solidarité s’est formée naturellement. « Les gens sont très actifs, mais cela dépend de la complexité de la question, précise l’étudiante. Ce sont souvent des étudiants qui me répondent. J’ai déjà eu des réponses des ambassadeurs, mais c’est plutôt pour confirmer les réponses des autres que pour me répondre directement. »

Des questions sur l’immigration, la COVID-19…

Mathilde Zanetti, étudiante en troisième année au baccalauréat en psychologie et sociologie.

En raison du retour sur le campus, de nouvelles questions font par ailleurs leur apparition, notamment à propos des mesures sanitaires. Cette année, la communauté étudiante semble quelque peu égarée. « Tout le monde est tellement perdu que les questions se répètent beaucoup plus, je trouve », estime Mathilde Zanetti. Pour elle, la solidarité étudiante en ligne n’est en tout cas pas née pendant la pandémie, même si elle se fait ressentir plus que jamais. « Je trouvais les étudiants déjà solidaires avant, et je les trouve toujours très solidaires aujourd’hui », remarque-t-elle.

Les questions que les étudiants et étudiantes se posent portent sur différents sujets, mais se ressemblent à l’occasion. « Ce sont souvent des questions d’immigration comme “j’ai donné mes données biométriques, combien de temps ça va me prendre pour recevoir mon permis d’études ?” ou “je n’ai pas mon permis d’études et mes cours commencent bientôt, que faire ?” », illustre l’étudiante.

… ou le logement

Cindy Cyr, modératrice du groupe « Résidences étudiantes UdeM » et étudiante en dernière année de la majeure en science politique.

La popularité des groupes Facebook comme « UdeM+1 » ne tient toutefois pas qu’aux questions portant sur les cours ou l’immigration. Elle est également due à l’aide qu’offre la plateforme pour la recherche de logements. Le groupe « Résidences étudiantes UdeM », créé il y a plus de quatre ans par les résidents et résidentes du campus, rassemble pour sa part plus de 800 membres. « C’est un groupe pour les étudiants des résidences, pour pouvoir communiquer quand il y a des problèmes dans les résidences universitaires », détaille Cindy Cyr, modératrice depuis plus de deux ans sur le groupe. L’équipe de modération, qui offre de son temps pour aider les nouveaux étudiants et nouvelles étudiantes à s’installer, y voit un geste gratifiant. « C’est bien de redonner ce que moi j’ai reçu à ma première année », confie la modératrice.

Cette étudiante de dernière année de science politique observe également que les membres de la communauté étudiante ont plus de facilité à parler avec leurs semblables plutôt qu’au personnel administratif, souvent perçu comme une figure d’autorité. « Dans les groupes, les gens n’ont plus peur de poser des questions, car ils savent qu’ils ne vont pas forcément se faire juger, explique-t-elle. C’est plus facile d’aller voir ses pairs que l’autorité. »

Des avantages… et des inconvénients

Après plusieurs conversations avec des étudiants et étudiantes, la professeure au Département de psychopédagogie et d’andragogie de l’Université de Montréal Mélanie Paré a remarqué que les groupes Facebook prenaient une place très importante dans leur vie. Dès leur admission, elle constate leur inscription presque automatique sur le groupe Facebook de leur cohorte.

« Les étudiants peuvent se voir à l’université, mais ils n’ont souvent pas accès à leurs collègues en dehors des heures de cours, précise-t-elle. Même en classe, ce n’est pas nécessairement l’endroit où l’on va parler des études, du programme ou des exigences dans les cours. » Selon elle, la pandémie a aussi rendu les espaces virtuels essentiels aux étudiants. « Les groupes Facebook sont une source rapide d’information, mais offrent aussi un soutien social très important, un sentiment d’appartenance, de lien avec des personnes qui sont dans le même programme », poursuit la professeure.

Néanmoins, Mme Paré rappelle que ces plateformes comportent aussi des inconvénients. « J’ai observé des avantages et des limites à ce que ces groupes peuvent apporter », souligne-t-elle. D’après elle, le personnel compétent n’est pas nécessairement présent pour répondre correctement aux demandes de la communauté étudiante, ce qui peut engendrer de la désinformation. « Cela peut vite devenir négatif si personne n’a la réponse, indique-telle. On tourne en rond et cela amplifie l’insatisfaction des étudiants envers leur programme. »

Quoi qu’il en soit, à l’évidence, les groupes d’entraide Facebook sont des acteurs indispensables de cette session hors de l’ordinaire. Alors que la communauté étudiante retrouve tranquillement ses habitudes d’antan, le monde virtuel est appelé à rebâtir le réel, pour le meilleur et pour le pire.

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