Les femmes indiennes prêtes à revendiquer

icone Culture
Par Romeo Mocafico
mercredi 6 février 2019
Les femmes indiennes prêtes à revendiquer
La conférence de mercredi porte principalement sur l’Inde du nord et le Pakistan. (Crédit photo : Marianne-Sarah Saulnier)
La conférence de mercredi porte principalement sur l’Inde du nord et le Pakistan. (Crédit photo : Marianne-Sarah Saulnier)
Grâce aux traditions artistiques des Kalbeliya, une communauté gitane du Rajasthan, la doctorante en anthropologie Marianne-Sarah Saulnier s’intéresse à la condition des femmes en Inde. Elle organise le 6 février une conférence pour souligner les enjeux de la revendication féministe dans le pays.

Dans le cadre de la semaine interculturelle, Marianne-Sarah Saulnier dresse le portrait des gitans Kalbeliya, une communauté de charmeurs de cobras du nord de l’Inde. L’étudiante explique qu’en 1972, leur pratique est devenue illégale, car considérée comme de la maltraitance animale. « Les Kalbeliya ont donc remplacé les cobras par des femmes qui dansent, raconte-t-elle. C’est ainsi devenu une danse où les femmes sont pourvoyeuses et dansent pour amasser de l’argent. »

L’objectif de sa conférence est de présenter cette tradition, mais également d’analyser le contexte dans lequel elle s’est forgée et les répercussions sur la société indienne. « Ces femmes, danseuses, transgressent beaucoup de règles sociales, indique-t-elle. Dans le nord de l’Inde et dans une grande partie de l’Asie du Sud, les femmes n’ont pas le droit de travailler et doivent porter le voile. Elles n’ont simplement pas accès à la sphère publique. »

Vers un mouvement transgressif

Marianne-Sarah rappelle qu’il existe différentes réalités sociales entre les « hautes castes », centralisées dans les zones urbaines, et les « basses castes », plus rurales. « Globalement, les libertés de la femme sont encore très restreintes, surtout dans le nord du pays, regrette-t-elle. Mais elles le sont de moins en moins dans les hautes castes, où le niveau d’éducation est plus élevé, et où on commence à voir des bribes de revendications et de transgressions féministes. »

L’étudiante ajoute qu’il est en revanche beaucoup plus compliqué d’observer de tels mouvements dans les régions rurales, où le niveau de pauvreté est beaucoup plus important. « 70 % de l’Inde est rurale, et ce sont des régions où les gens sont en état de survie, précise-t-elle. Revendiquer, en soi, c’est un privilège, et beaucoup de femmes ne l’ont pas dans le pays. » Pour celle qui est également auxiliaire de recherche au Pôle de recherche sur l’Inde et l’Asie du Sud (PRIAS), l’Inde est un des pays où les femmes souffrent le plus de misère dans le monde.