Campus

Depuis le début des années 2000, les étudiants musulmans de l'UdeM se battent pour obtenir un local de prière. (Crédit: Adel Z/Flickr.com)

Les étudiants musulmans de l’UdeM n’ont toujours pas de local

Tous les vendredis, les étudiants musulmans de l’UdeM se retrouvent pour prier dans un local de sport, au rez-de-chaussée du CEPSUM. Des conditions de prière déplorables et dénoncées par les membres depuis les années 2000. Les membres se sentent lésés et se tournent vers l’UQAM pour organiser des activités religieuses.

C’est maintenant un rituel bien rodé. Peu avant 13 heures, en attendant l’arrivée de la soixantaine de fidèles qui la composent, un ou deux membres de l’Association des étudiants musulmans de l’UdeM (AEMUDM) se retrouvent pour préparer la salle et installer les tapis vers La Mecque. La situation précaire des étudiants musulmans sur le campus a poussé le comité administratif de l’AEMUDM à discuter avec l’université pour obtenir une salle. « Nous pourrions avoir un local de prière dans un pavillon qui va bientôt ouvrir, mais rien n’est sûr », déplore Omar Belkassi, membre et ancien étudiant en marketing au HEC. «Même une salle de méditation, ouverte à toutes les confessions, et pas seulement aux musulmans, nous conviendrait.» 

Le porte-parole de l’UdeM Mathieu Filion explique cependant qu’«une salle de réflexion est disponible au pavillon Marguerite-d’Youville. Les personnes de toutes les confessions peuvent s’y rendre et utiliser l’endroit »

« Le Vice-rectorat aux affaires étudiantes et au développement durable, responsable de l’allocation des salles, étudie la question, ajoute M. Filion. Aucune décision n’a été prise pour le moment. Il faut également mentionner que l’UdeM vit une situation où les locaux libres sont rares, pour ne pas dire inexistants. » 

« Pourquoi ont-ils [les étudiants musulmans de l ’UQAM et de Concordia] droit à un local et pas nous ? Nous ne demandons pas de subventions, on veut seulement une salle, plaide Omar. Dans les autres universités de Montréal, les groupes religieux sont considérés comme des associations, et non comme des groupes d’intérêt. Ils peuvent bénéficier d’un local. »

Un statut non reconnu 

En raison de son caractère confessionnel, l’UdeM considère l’Association comme un groupe d’intérêt. Les étudiants ne peuvent donc prétendre à accéder à une salle fixe, permanente et gratuite pour prier. Cet obstacle incite les étudiants musulmans du campus à organiser les événements conjointement avec l’Association des étudiants musulmans de l’UQAM. En effet, étant reconnu comme association, le groupement de cette université ne subit pas de contraintes financières. «À l’UdeM, nous avons entre 10 et 15 locations gratuites par session. À l’UQAM, c’est gratuit toute l’année. D’ailleurs, c’est pour ça que nous faisons les événements là-bas », explique Omar.

Chaque année, deux jours par session, l’Université Concordia organise l’événement Islamic awareness days (« Journées de sensibilisation à l’Islam»). Un étage entier est consacré à tous les aspects de l’Islam. Cette rencontre permet à l’Association des étudiants musulmans de présenter leur religion et leur culture aux autres étudiants de l’université. « Cette rencontre permet d’informer les gens, car l’ignorance entraîne la peur et les préjugés. Dans l’islam, il faut toujours donner le bon exemple, précise Omar. Beaucoup agissent par ignorance comme le montrent les événements récents en Libye, alors que dans le Coran, il est écrit qu’il faut faire preuve de sagesse, de tolérance et, surtout de respect. »

Prier entre un arc et une épée

Faute d’un local adapté, c’est dans un gymnase, dos à des cibles de tir à l’arc et aux équipements d’escrime, que les étudiants musulmans se retrouvent pour prier tous les vendredis. « Cela fait trois ou quatre ans qu’il y a une certaine revitalisation de l’islam sur le campus, » déclare Éric Séguin, étudiant à HEC Montréal et converti à l’islam depuis deux ans. « La prière fait partie de ce nouvel élan. Elle permet aussi de m’apaiser, de me calmer. Pouvoir prier sur le campus est aussi un gain de temps. Ça m’évite de me rendre à la mosquée. Étant étudiant à Polytechnique, j’ai beaucoup de travail. »

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