Culture

Les dunes givrées de l’avenue McGill

«Le campus McGill est très verdoyant, mais une fois qu’on arrive à l’extérieur, c’est très minéralisé », explique l’étudiante à la maîtrise en aménagement à l’UdeM Kyria Pierre-Jérôme. Selon elle, la première étape de son projet, désigné gagnant le 30 mars dernier, a été de parcourir l’avenue en se mettant dans la peau de ceux qui y circulent tous les jours. « Je pense qu’inconsciemment, notre objectif était : « si moi je devais fréquenter cet espace quotidiennement, comment est-ce que j’aimerais l’expérimenter ? » »

Vivre la nature en ville

D’après son partenaire d’équipe Antoine Ravet-Claret, lui aussi étudiant à la maîtrise en aménagement, ils ont imaginé un parcours piétonnier entouré de dunes afin de reverdir l’avenue. Ces buttes de verdure offriraient, selon lui, un paysage sylvestre2 en été tandis qu’en hiver, les dunes enneigées s’adapteraient à la saison typiquement montréalaise. En revanche, l’avenue ne pouvait pas devenir totalement piétonne car elle devait conserver des voies permettant l’accès au stationnement du Centre Eaton et aux camions de livraison.

Antoine souligne que la mise en valeur de la vue sur le Mont-Royal a été un point essentiel dans l’élaboration du projet. « On trouvait que ça complétait la vue de mettre des petites montagnes devant la grande montagne », ajoute-t-il.

Un projet de proximité

Comme le rappelle l’étudiant, c’est dans le tronçon nord de l’avenue McGill College que son groupe a imaginé un espace plus dégagé, rappelant une clairière. « On voulait un dégagement, un genre de prairie, dit-il. On a fait des chemins en bois à travers des herbes hautes. » Ces chemins relient quatre « presqu’îles » répondant chacune à des besoins spécifiques : se rafraîchir, socialiser, se détendre ou s’émerveiller.

Bien qu’elle considère que le concept soit attrayant pour les touristes, Kyria affirme qu’il a été important pour l’équipe de penser les presqu’îles en fonction des besoins des personnes qui habitent le quartier et y travaillent. « Par exemple, la presqu’île « Le comptoir » est vraiment un espace de socialisation pour les gens qui travaillent dans les bureaux, indique- t-elle. Des fois, tu n’as pas nécessairement envie de te promener, mais tu veux rester dans un endroit assez confortable et convivial. »

Quel avenir pour l’avenue McGill College ?

La Charrette, organisée par la Comité interuniversitaire urbain, faisait suite à des consultations publiques et à des rencontres d’experts organisées pour imaginer le futur de l’avenue McGill. Selon le directeur du Bureau du développement et de la planification des campus de l’Université McGill et membre du jury, Cameron Charlebois, l’équipe gagnante a su respecter les conditions émises, tout en présentant des concepts très puissants et une grande variété de propositions. Il juge d’ailleurs que le projet Dunes givrées serait viable : il suffirait que la Ville ait la volonté de le mettre en place.

Mais la conception finale de l’avenue McGill College est encore incertaine, car Montréal va lancer un concours de design en juin 2019. « La Ville va mettre à la disposition des concurrents tout le travail de positionnement et les résultats de la Charrette, note M. Charlebois. Les designers vont faire des propositions en se basant sur ça, mais aussi sur leurs propres idées. » Rien n’indique si les gagnants de la Charrette vont participer à ce concours. Pour M. Charlebois, les chances de voir ce projet l’emporter s’il y était présenté sont minces, car il s’agit d’un évènement de niveau international.

1. Avec l’équipe de McGill pour leur projet Adaptive Breathe-scape. 2. Relatif aux forêts.

dunes givrees

Les membres de l’équipe gagnante du concours : Georgia Secula, Kyria Pierre-Jérôme, Antoine Ravet-Claret, Joëlle Naud, Lisa Meloni (Courtoisies Comité interuniversitaire urbain)

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