Les doctorants en psychologie soutiennent le boycottage des internats

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Par Camille Feireisen
lundi 11 janvier 2016
Les doctorants en psychologie soutiennent le boycottage des internats
Campagne de la FIDEP menée sur les réseaux sociaux - Julie Macherez avec son message pour la rémunération des internats des psychologues. (photo : courtoisie FIDEP).
Campagne de la FIDEP menée sur les réseaux sociaux - Julie Macherez avec son message pour la rémunération des internats des psychologues. (photo : courtoisie FIDEP).
Depuis une dizaine d’années, la Fédération interuniversitaire des doctorants en psychologie (FIDEP) demande une rémunération pendant la période d’internat. Les doctorants de plusieurs universités québécoises ont voté le boycottage des internats dès septembre prochain. Les étudiants de l’UdeM se prononceront une nouvelle fois lundi 11 janvier.
« Qui, aujourd'hui, a envie et peut se permettre de travailler gratuitement pendant un an ? »
Julie Macherez - Représentante et administratrice pour l'UQÀM de la FIDEP

En novembre dernier, la FIDEP a organisé des référendums dans toutes les universités membres du Québec. La question est posée : « Êtes-vous prêts à boycotter vos internats aussi longtemps que vous ne serez pas rémunérés?» Le soutien est quasiment unanime. Ils sont 250 nouveaux doctorants à entreprendre chaque année leur internat.

Du côté de l’UdeM, les étudiants refusent toutefois le boycottage. « Cela s’est joué à six voix près et le taux de participation était relativement faible », estime la représentante et administratrice pour l’UQÀM de la FIDEP, Julie Macherez. Les étudiants ont lancé une pétition et demandé à pouvoir s’exprimer à nouveau sur la question. Il s’agira du débat discuté en assemblée générale ce lundi.

Un long parcours

« À la fin du doctorat, nous devons réaliser un internat de 1600 heures, c’est-à-dire un travail à temps plein, rapporte Mme Macherez. Nous faisons 80 % des tâches d’un psychologue : évaluation, thérapie, etc.» La partie formation ne représente plus que deux à quatre heures de temps dans la semaine.

Malgré leur autonomie, les internes ne touchent aucune rémunération. « Qui, aujourd’hui, a envie et peut se permettre de travailler gratuitement pendant un an? », questionne Mme Macherez, rappelant que les doctorants en psychologie sont rémunérés à hauteur de 31000 $ en moyenne par année dans le reste du Canada. « La situation est doublement injuste et je trouve qu’il y a un peu de mépris de la part du gouvernement québécois auprès des internes », ajoute-t-elle.

Pour expliquer le parcours du doctorant en psychologie, Mme Macherez souligne la différence entre un stage et l’internat. « L’étudiant réalise d’abord un stage de 700 heures non rémunérées, indique-t-elle. Pour cela nous sommes d’accord, puisque l’étudiant est en période d’apprentissage. Nous sommes en formation, nous avons peu d’autonomie et c’est comme un cours pratique. » Arrivés à l’internat, les étudiants n’ont toutefois plus accès aux bourses d’études. « On s’endette, pas le choix », résume Mme Macherez.

Quel ministère pour répondre ?

Le dossier est complexe selon la représentante de la FIDEP, qui s’est tournée vers les ministères de la Santé et de l’Éducation. « Nous pourrions faire quelque chose comme les externats en médecine, car nos internats y correspondent, souligne-t-elle. À ce moment-là, le ministère de la Santé s’en occuperait. Mais cela pourrait être le ministère de l’Éducation si les universités payaient ou celui du Travail si l’on était considérés comme des travailleurs et que les milieux nous payaient. »

La FIDEP peut compter sur des appuis, comme celui de l’Ordre des psychologues du Québec, de l’Association des psychologues du Québec et l’Association québécoise des neuropsychologues. « Ils n’ont pas les cordons de la bourse, cependant », note Mme Macherez. La FIDEP tente d’être reçue auprès des ministères, même si cela n’aboutit pas, selon la représentante. « On ne nous entend pas, on ne nous répond pas », regrette-t-elle.

La FIDEP a lancé une campagne sur les réseaux sociaux, avec le mot-clic #internepsy. « Des doctorants, leurs familles et amis, ont posté des photos avec le message « Tu me niaises-tu? » pour démontrer de façon humoristique et sarcastique l’aberration de la situation », explique Mme Macherez. Une pétition a également été lancée, recueillant 11000 signatures. La FIDEP espère à présent que l’UdeM se joigne au mouvement, afin que les doctorants soient unis face au gouvernement, selon Mme Macherez.