Culture

Xavier Dolan au Festival de Cannes 2015. Photo : courtoisie Benedetto Pavano Creative Commons.

Les deux Québec de Cannes

Et de cinq ! Quand le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a annoncé — ou confirmé — en conférence de presse la présence du dernier film de Xavier Dolan en compétition, certains ont été soulagés, d’autres exaspérés, mais personne n’a été surpris. Le jeune réalisateur est un habitué de la croisette, où il a présenté tous ses films — sauf Tom à la ferme. Pourtant, le surdoué montréalais n’est pas le seul québécois en compétition à Cannes cette année. C’est du côté de la Quinzaine des Réalisateurs qu’il faut se tourner pour voir le dernier film de Kim Nguyen, autre représentant non moins talentueux du cinéma de la Belle Province.

Ancien étudiant en cinéma de l’Université Concordia, Kim Nguyen s’est surtout fait connaître pour Rebelle, un conte de guerre en pleine Afrique subsaharienne, à des années-lumière du cinéma coloré et jusqu’à présent très local de Xavier Dolan. Couronné par huit Jutra en 2013, et une nomination à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, Rebelle a fait connaître son réalisateur dans les festivals du monde entier. Néanmoins, hormis quelques cinéphiles, le cinéma de Nguyen reste très confidentiel en dehors du Québec, et notamment en France. À l’inverse, les films de Dolan attirent une foule toujours plus importante dans l’hexagone, hissant son dernier film, Mommy, au sommet du box-office au moment de sa sortie.

Un ours et la fin du monde

Juste la fin du monde, le dernier film de Xavier Dolan, rencontrera-t-il le même succès ? Adapté d’une pièce de théâtre française, mettant en vedette des acteurs français, il semble davantage conçu pour un public français. Pourtant, le succès de son cinéma en France est peut-être aussi dû au doux exotisme du joual ou de « l’accent québécois ». Le sort que Cannes réservera à son enfant chéri déterminera assez bien ce qu’il adviendra du Dolan version française sur le vieux continent.

À côté de lui, Kim Nguyen fait son entrée sur le ring cannois par la même porte que son cadet sept ans plus tôt : la Quinzaine des Réalisateurs. Ce nouveau film, Two Lovers and a Bear, tourné entièrement en langue anglaise suivra l’histoire d’un couple cherchant à se faire une place dans le Grand Nord canadien. Se déroulant intégralement dans le Nunavut, le film met en vedette Dane DeHaan, que l’on verra bientôt dans le Valérian de Luc Besson, et Tatiana Maslany, connue pour le rôle de Sarah Manning dans la série Orphan Black. On est à nouveau très loin du plus récent film de Dolan qui promet une histoire de tension familiale sur fond de retour du fils prodigue (avec Vincent Cassel et Marion Cotillard, notamment).

Une chose est certaine, une partie de la diversité du cinéma québécois est représentée cette année à Cannes. Bien sûr, on est tous fiers du talent de Dolan et de son succès à l’étranger, mais il a tendance à être l’arbre qui cache la forêt. Le Québec a une histoire du cinéma incroyablement riche, et Dolan n’y ajoute qu’une nouvelle pierre. Cette pierre est grande et belle, mais elle doit pouvoir continuer de faire exister sur la scène internationale les Maxime Giroux, les Robert Morin, les Kim Nguyen et les autres.

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