Volume 23

M. Murray conseille aux jeunes diplômés de rester exigeants envers la classe politique. Courtoisie Amélie Philibert

Les défis de l’emploi

Quartier Libre s’est entretenu avec le directeur du CRIMT et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la mondialisation et le travail à l’École de relations industrielles, Gregor Murray.

Quartier Libre : Comment évolue le marché du travail ?

Gregor Murray : Les jeunes détiennent des contrats à durée déterminée, occupent des postes temporaires, sont retenus à titre de travailleur autonome ou stagiaire, sans couverture sociale, voire sans salaire. De tels arrangements coûtent moins cher aux employeurs. À titre d’exemple, une personne récemment diplômée m’a dit que personne dans sa cohorte n’a un emploi qui répond aux canons classiques, soit un travail salarié régulier à durée indéterminée, mais personne n’est sans activité non plus !

Malgré la précarisation de l’emploi, les mécanismes de protection sociale laissent à désirer. Nous entreprenons la quatrième révolution industrielle, mais nos politiques du travail sont encore à l’ère de la première. Il faut trouver le moyen de les renforcer ou de les réinventer, ce qui fait appel à de l’audace et de l’imagination.

Une des solutions possibles serait de partir de l’activité et non pas l’emploi. Chaque activité — contrat, stage, emploi salarié — devrait mener au cumul du capital collectif pour l’avenir, comme la retraite, la santé, les congés parentaux, les congés de formation, etc.

Q. L : Quels sont les emplois de demain ?

G. M. : Des millions d’emplois sont voués à disparaître et ces catégories gagnent les métiers scolarisés jadis à l’abri, tels les journalistes, les comptables, les métiers de la santé. Toutefois, le changement technologique crée beaucoup de nouveaux emplois. On estime que la moitié des emplois qu’occuperont les enfants à l’école primaire aujourd’hui n’existent pas encore ; ils sont à créer. 

Par exemple, l’économie de partage, dont font partie les plateformes de covoiturage, Airbnb et Couchsurfing, pourrait être une alternative intéressante à l’emploi. Ces technologies sont puissantes et libératrices à bien des égards.

Q. L : Quels sont les enjeux pour les universités et les étudiants ?

G. M. : Les étudiants seront amenés à devenir les entrepreneurs de leur propre carrière. Il faut avoir des habiletés en conséquence afin de négocier les multiples virages susceptibles d’être rencontrés au cours de la vie active. L’université est le lieu privilégié pour développer des outils pour faire face à ces nouveaux défis.

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