L’équipe mixte de cheerleading conserve son statut de sport d’excellence et fait toujours partie des Carabins. Crédit illustration : Mathilde Segar

Les Carabins disent au revoir à deux de leurs équipes

Au printemps dernier, le cheerleading féminin et le ski alpin ont perdu leur statut de sport d’excellence à l’Université de Montréal (UdeM). Si la direction évoque une réorganisation nécessaire, la nouvelle a laissé plusieurs étudiant·e·s sans repères et sans équipe.

Jusqu’à l’année universitaire 2024-2025, le programme de sport d’excellence des Carabins comptait près d’une vingtaine d’équipes qui représentaient l’UdeM dans les compétitions du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ). Au printemps 2025, la direction a annoncé plusieurs changements, dont la fermeture de l’équipe féminine de cheerleading (All Girls) et le changement de statut de l’équipe de ski alpin pour celui de club sportif universitaire.

Le choc de l’annonce

L’étudiante française de deuxième année au baccalauréat en sciences infirmières Alice Maldera, arrivée au Canada en 2019, a découvert le cheerleading à l’UdeM. « Je voyais les athlètes s’entraîner dans la palestre et je trouvais ça incroyable », révèle-t-elle. Après plusieurs mois d’efforts, elle a fièrement intégré l’équipe All Girls des Carabins pour la saison 2024-2025. Elle n’aura finalement goûté au sport d’excellence que pendant moins d’un an.

En avril 2025, en pleine période d’examens, l’étudiante a en effet appris que l’équipe féminine de cheerleading dont elle était membre allait perdre son statut de sport d’excellence. Celle-ci n’allait donc plus faire partie des Carabins, mais n’allait pas non plus devenir un club sportif affilié : l’équipe allait complètement cesser d’exister à la fin de l’année universitaire. En quelques minutes, Alice a perdu bien plus qu’un sport : une famille et un équilibre de vie.

« Je ne m’y attendais pas du tout, j’étais très triste, frustrée et déçue, confie Alice. Certaines filles étaient là depuis trois ans. Moi, j’avais travaillé fort pour espérer être sur le mat l’an prochain. » L’annonce de la fermeture a été d’autant plus brutale qu’elle est survenue avant même la fin de la saison.

« On nous a expliqué clairement la décision, mais ça reste difficile à accepter, ajoute-t-elle. On nous a coupé nos accès à la salle de sport et aux casiers avant la date prévue, alors qu’on avait déjà payé nos frais d’athlète[1]. » Bien que les compétitions aient déjà été terminées pour l’année universitaire, l’équipe devait continuer à s’entraîner au CEPSUM. Elle a finalement pu profiter de ses privilèges jusqu’à l’été, grâce à l’intervention des entraîneur·euse·s et des capitaines d’équipe.

Présente lors des matchs de football pour divertir le public et encourager les joueurs, l’équipe féminine de cheerleading faisait pleinement partie de la vie sportive de l’UdeM. Crédit : James Hajjar – Courtoisie des Carabins

Une réflexion plus large

« Le réseau a évolué, explique la directrice générale du Centre d’éducation physique et des sports de l’Université de Montréal (CEPSUM), Manon Simard. Certaines équipes n’avaient plus de ligue dans laquelle concourir. »

Le RSEQ exige en effet qu’au moins quatre universités participent à une même ligue pour maintenir un championnat universitaire. Cette condition n’était plus remplie pour le ski alpin et l’équipe féminine de cheerleading, ce qui a entraîné la suppression de leurs ligues.

« Dans ces cas-là, il faut réfléchir à d’autres formats pour continuer à faire vivre le sport », poursuit Mme Simard. Elle précise que ces choix dépendent d’un dialogue avec les autres universités membres du RSEQ, car une université peut remettre tout l’équilibre du championnat universitaire en question lorsqu’elle décide de quitter une ligue.  

Le ski alpin universitaire, qui exigeait des déplacements et du matériel coûteux, a changé de statut faute d’un nombre suffisant d’universités participantes pour rester dans le RSEQ. La discipline se poursuit toutefois sous la forme d’un club sportif, un modèle jugé plus durable par la direction, bien que les coûts restent élevés.

Entre attachement et incertitude

Du côté du cheerleading, l’équipe féminine All Girls aurait pu devenir un club sportif autonome, mais les coûts et la logistique que ce statut aurait engendrés ont découragé les athlètes et les entraîneur·euse·s.

De son côté, la directrice générale du CEPSUM affirme que la volonté de l’Université était de maintenir une continuité sportive pour les anciennes équipes, en leur offrant un cadre d’entraînement ou un accompagnement dans la transition vers d’autres structures.

Pour Alice, la réalité s’est révélée plus complexe. Elle s’entraîne désormais dans une équipe civile, à un coût bien plus élevé, afin de continuer à progresser dans sa discipline. L’étudiante, qui n’est pas rémunérée pendant ses stages en sciences infirmières, a dû prendre un second emploi pour en assumer les frais. Cette charge financière et mentale illustre les conséquences concrètes et les limites de la réorganisation prévue par l’UdeM.

Un sport encore sous-estimé 

Pour l’étudiante, cette décision reflète aussi un déséquilibre dans la reconnaissance des disciplines au sein du programme d’excellence. « Je ne pense pas que le cheerleading ait la même visibilité que d’autres sports », estime-t-elle. Par exemple, l’équipe devait parfois s’entraîner sur des sols inadaptés, faute de place dans la palestre.

La directrice générale du CEPSUM reconnaît que le programme doit composer avec des priorités variables. « Chaque sport a ses besoins, ses coûts et son rayonnement, assure-t-elle. On essaie de maintenir un équilibre entre performance, sécurité et représentativité universitaire. ».

Malgré tout, Alice garde l’espoir d’un retour des All Girls. Elle ne ressent pas de rupture avec les Carabins, mais plutôt une forme de lassitude quant aux règles administratives qui régissent l’organisation du RSEQ, pour lesquelles les étudiant·e·s-athlètes n’ont aucun pouvoir de décision. L’étudiante espère qu’un jour, le RSEQ reconnaîtra de nouveau le cheerleading féminin, au même titre que le cheerleading mixte. 


[1]. Les étudiant·e·s-athlètes doivent s’acquitter de frais qui servent à couvrir une partie de ceux engagés par la pratique de leur sport.

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