Campus

À défaut d’avoir de l’aide de la Ville de Montréal, les étudiants proposent des bacs à compost dans les cafés du campus de l’UdeM. (Crédit photo: Pascal Dumont)

Les cafétérias prennent les devants

L’absence de service de compostage municipal à Montréal oblige les cafétérias du campus de l’UdeM à utiliser leurs propres moyens pour atteindre leurs objectifs de développement durable. Les mois qui viennent pourraient déboucher sur des projets de compostage interne à l’UdeM et à HEC Montréal.

À la cafétéria Chez Valère, les contenants donnés aux clients pour emporter la nourriture sont en carton compostable. À la différence des emballages recyclables, qui peuvent être réutilisés pour d’autres usages, ces contenants sont conçus pour être transformés en compost, une sorte de terreau très fertile dont les plantes raffolent. Cependant, dans les faits, les déchets compostables des cafétérias ne sont pas séparés des autres résidus, et finissent par se retrouver au dépotoir de Lachute, à 75 km du pavillon 3200 Jean-Brillant, où ils sont enfouis.

Pour remédier à cette situation, le coordonnateur du développement durable à l’UdeM, Stéphane Béranger, prépare un projet de compostage pour l’automne 2013 pour la cafétéria Chez Valère. « Le choix du fournisseur de service se fera en fonction de l’utilisation finale du compost et de la distance du site de compostage, afin de minimiser les gaz à effet de serre, affirme-t-il. Nous priorisons une utilisation du compost comme fertilisant pour des usages agricoles, et non comme enduit pour site d’enfouissement. »

À terme, tous les autres contenants utilisés dans les cafétérias de l’UdeM pourraient être remplacés par des matières biodégradables puisqu’ils ne respectent pas actuellement les critères de durabilité, selon le coordonnateur. « Les verres de café en carton et polyéthylène sont seulement biodégradables à 85 %, explique M. Béranger. En plus, ils ne sont pas acceptés par les centres de recyclage à partir du moment où ils sont souillés par le café ou qu’ils ont une odeur. » Ces verres constituent un potentiel supplémentaire de création de compost dont une partie pourrait être utilisée pour des projets d’agriculture urbaine à l’intérieur du campus, souligne M. Béranger. La question du financement, quant à elle, reste en suspens.

La Coop HEC a opté depuis longtemps pour les matières compostables: tasses, assiettes et récipients en carton pour emporter répondent à cette exigence. Cependant, les 300000 tasses de café utilisées chaque année par les clients de la coopérative, au lieu de servir d’engrais pour des plantes, sont jetées avec les autres déchets.

Un toit vert pour HEC

Le directeur des services de restauration de la Coop HEC, Nicolas Gauthier, pense changer la façon de faire. « Je commence à réfléchir à un projet de compostage interne, affirme-t-il. Un toit vert va être aménagé sur la bâtisse d’ici l’été 2014, nous pourrions créer nous-mêmes le compost pour cette installation. » En attendant la concrétisation de cette idée, il se félicite des progrès déjà réalisés. Depuis l’introduction de la tasse en acrylique dans l’école de commerce, vendue au prix de 7 $, la consommation de tasses jetables a baissé de 25 %.

D’autres initiatives vers un campus plus durable voient le jour. La plus récente est la décision commune de l’UdeM, de HEC et de Poly technique de bannir les bouteilles d’eau en plastique dès l’automne 2013 pour encourager les étudiants à consommer l’eau du robinet. Cela permettra d’alléger les centres de tri municipaux de 80000 contenants en polymère chaque année.

De leur côté, les cafés étudiants ont déjà franchi le pas en ayant recours une fois par semaine aux services de Compost Montréal, une entreprise privée qui s’occupe de collecter et de redistribuer le compost entre ses différents clients, selon leurs besoins.

Peu de collaboration municipale

La Ville de Montréal n’offre aucun service de collecte des déchets alimentaires à des fins de compostage pour les établissements et les commerces.

« Des projets-pilotes, qui sont pour l’instant réservés aux immeubles résidentiels, sont en cours dans certains arrondissements », explique la relationniste aux affaires publiques de la Ville, Valérie De Gagné. Il lui est par contre impossible de dire quand l’Université pourra bénéficier de ce programme. Tout ce qu’elle peut dire, c’est que ce sera d’ici 2020, date à partir de laquelle le gouvernement du Québec interdira de disposer de la matière organique dans les déchets à l’échelle de la province.

 

 

  Crédit photo: Pascal Dumont

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