Les bibliothèques de l’UdeM en tête de file d’un mouvement international contre les éditeurs

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Par Esther Thommeret
vendredi 6 septembre 2019
Les bibliothèques de l’UdeM en tête de file d’un mouvement international contre les éditeurs
Deux éditeurs sont concernés par cette mesure (Crédit Photo : Archive Quartier Libre).
Deux éditeurs sont concernés par cette mesure (Crédit Photo : Archive Quartier Libre).
Les bibliothèques de l’UdeM ont annulé certains de leurs abonnements à des périodiques pour protester contre la hausse des prix imposée par leurs éditeurs. Le mouvement a été suivi par d’autres universités dans le monde.

L’éditeur Taylor and Francis (T&F) impose aux bibliothèques de l’UdeM une hausse de 7 % chaque année sur le prix de ses périodiques. « Ces groupes sont en situation d’oligopole, ils sont clairement dans une position de force », affirme la directrice des bibliothèques de l’UdeM, Stéphanie Gagnon. Elle estime que ces augmentations sont inacceptables et surtout incomparables avec la hausse normale des prix à la consommation.

Cette année, l’Université a décidé d’annuler huit de ses abonnements auprès de T&F. Selon Mme Gagnon, une grande partie du budget était jusqu’alors allouée aux périodiques, empêchant les bibliothèques d’acheter des livres. « C’est grave dans le contexte d’une université de notre taille, qui doit servir des communautés scientifiques, il fallait absolument prendre des mesures », réagit-elle.  

Un nouveau modèle économique : « le juste prix ».

En réaction, l’UdeM avait déjà lancé il y a plusieurs années le plan d’action « Nouvelle ère pour les collections », qui consiste à reprendre le contrôle des prix et à trouver des solutions avec les fournisseurs afin de mettre en place un modèle économique « raisonnable », décrit la directrice. L’équipe des bibliothèques a donc mené une enquête pour identifier, parmi les 50 000 titres disponibles, les périodiques indispensables à la recherche et à l’enseignement au sein de l’Université. « Avec ces informations, nous avons pu déterminer que seulement 6 % de la grosse collection était essentielle à notre communauté, ce qui est peu pour les sommes qui y sont dédiées », poursuit Mme Gagnon.

L’équipe des éditions de l’UdeM a donc décidé de mettre en place un nouveau modèle économique, celui du « juste prix ». « Cette approche permet de redéfinir la valeur du périodique par rapport à l’utilisation qu’en font les membres de l’UdeM », raconte Mme Gagnon. La plupart des éditeurs ont accepté de négocier et de diminuer leur prix, sauf T&F et Springer. C’est la raison pour laquelle les bibliothèques de l’UdeM ont décidé de mettre fin à leurs abonnements avec ces deux éditeurs.

L’UdeM, cheffe de file dans le monde

« L’UdeM a vraiment été cheffe de file auprès des bibliothèques québécoises, canadiennes et nord-américaines avec cette approche du “juste prix”, confirme la directrice. Nous avons démarré un mouvement très important pour faire pression sur les grands éditeurs, pour qu’ils arrêtent d’imposer des hausses de prix. » Des universités du monde entier ont effectué le même type d’action pour réagir face au modèle économique imposé par les éditeurs.

Comme l’explique la directrice des bibliothèques, les profits de ces éditeurs sont énormes. D’après elle, ceux de T&F s’élevaient à 250 millions de dollars en 2017, ce qui explique probablement la réticence du groupe à négocier.

Malgré ces changements, les bibliothèques de l’UdeM veillent à s’assurer que tous les titres supprimés restent accessibles d’une autre manière, notamment grâce aux prêts gratuits entre bibliothèques.