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La date de commencement du ramadan recule chaque année d’environ onze jours, car le calendrier musulman se base sur le cycle de la Lune et non sur celui du Soleil. Crédit : Pixabay

L’équilibre au ramadan

Quartier Libre (Q. L).: À partir de quel âge as-tu commencé à faire le ramadan, tout en faisant du sport de compétition?

Aymen Cissé (A. C.): J’ai commencé à faire le ramadan quand j’avais 9 ans, mais pour ce qui est du sport, j’ai commencé à m’entraîner sérieusement vers l’âge de 13 ans en tant qu’athlète. En revanche, j’ai toujours été actif depuis que je suis tout petit.

Q.L.: Quels ajustements apportes-tu à ton programme d’entraînement pendant le jeûne?

A. C.: Chaque année, c’est un peu différent sur le plan de la préparation, mais l’objectif reste le même: garder la forme et être prêt pour la saison. [Ces dernières années], le ramadan est tombé pendant la période de préparation physique, soit en hiver, ou pendant la saison en tant que telle. Une année, c’était même au début de la saison, vers la mi-août.

J’ai toujours dû ajuster mon programme pour être prêt pendant le mois de jeûne, pour trouver des façons de gérer mon temps différemment pendant la journée. Chacun trouve sa méthode, ce n’est pas parce que je fais les choses d’une certaine manière que c’est celle à suivre. Parmi mes autres coéquipiers qui jeûnent, chacun a sa propre routine.

Q.L.: Remarques-tu une différence dans tes performances pendant le ramadan par rapport aux périodes sans jeûne?

A. C.: Personnellement, oui! C’est la vérité, mais ça varie d’une personne à l’autre. Par exemple, cette année, dès le début du mois, j’ai remarqué que j’avais surtout une baisse d’énergie en fin de journée. Par contre, pour ce qui est de la musculation, je ne vois pas beaucoup de différence.

Quand les périodes d’entraînement coïncident avec les heures de jeûne, ce n’est pas tant la performance qui est affectée. C’est juste que ça demande plus d’énergie. Ça va tester jusqu’à quel point tu as réussi à rester hydraté pour la journée, et à quel point tu as eu assez de sommeil.

Q.L.: Y a-t-il eu un moment où tu as hésité à jeûner alors qu’il y avait un événement sportif majeur qui approchait?

A. C.: Personnellement, ça ne m’est jamais arrivé, même si ça a toujours été compliqué de prendre des décisions. Mes parents m’ont appris que si c’est un sacrifice à faire, il sera ultimement payant.

Mon éducation m’a poussé à croire en ma capacité à jeûner, et c’est un mois qui teste énormément ma force mentale et ma capacité à repousser mes limites et mon endurance.

Après, je ne prétends pas être un modèle, car on vit les mêmes défis différemment. Chacun a sa propre approche. Si certains décident de ne pas jeûner, je respecte leur décision. C’est là aussi la beauté du jeûne, c’est personnel, c’est de toi à toi.

Q.L.: Est-ce qu’il y a des moments de solitude, des moments où tu te sens à part au sein de ton équipe?

A. C.: Quand j’étais plus jeune, j’étais souvent le seul de mon équipe à le faire, mais ça ne m’a jamais dérangé. Je fais le ramadan depuis que je suis enfant, donc je m’y suis habitué.

Aujourd’hui, j’ai la chance d’être avec quatre ou cinq de mes coéquipiers qui pratiquent aussi le jeûne pendant les entraînements. Ça m’aide. On se serre les coudes pendant cette période.

Et puis les Carabins, c’est un espace de travail qui permet à chacun de vivre des défis, tout en ayant de l’appui. Par exemple, l’année dernière, il y avait des coéquipiers qui ne le faisaient pas et qui nous ont rejoints cette année.

On est chanceux aussi à l’UdeM, parce que nos coachs savent ce qu’est le ramadan. Il est fréquent que d’autres équipes gèrent pour la première fois un effectif avec des athlètes qui jeûnent.

Q.L.: Quels conseils donnerais-tu à une personne qui est étudiante et athlète, et qui pratique le jeûne?

A. C.: L’enjeu n’est pas tant le jeûne. C’est plutôt le temps, le moment de la journée où tu dois accomplir tes tâches et tes entraînements, pour être certain de maximiser ton rendement.

Si j’ai un conseil, c’est de s’écouter et d’écouter son corps. Avec l’expérience, j’ai appris ce qui fonctionne le mieux pour moi, et c’est de m’entraîner près des moments où je mange et m’hydrate, pour ne pas trop puiser dans mes réserves d’énergie.

Mais l’hydratation, c’est très important! Sérieusement, j’insiste là-dessus! Ça peut être compliqué parfois de pouvoir bien manger et s’hydrater, car il faut couper dans son sommeil. C’est là où j’en suis souvent.

Je vais expliquer à mes entraîneurs que les séances le matin, personnellement, ce n’est pas idéal. Mes coachs sont tout à fait d’accord.

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